Chapitre 23

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Deux jours s'étaient écoulés. Deux longs jours de prises de têtes, et négociations acharnées. Au bout du compte, une trentaine de chasseurs ont rallié notre cause. Pas de bonté d'âme certes, mais ça restait une bonne chose pour nous.

Parmi ces trente tueurs agréés, ma mère était belle et bien présente, leadant d'une main de fer les membres de son -ex- groupe. A ses côtés, en tant que stratège, se tenait cette femme ayant voulu me détruire. Malheureusement -ou bien heureusement ?- son bras n'était pas encore pleinement guéri, l'empêchant de prendre part au moindre combat. Les deux femmes avaient beau se détester, il était dur de ne pas remarquer à quel point leur travail d'équipe était irréprochable, proche de la symbiose ; apportant un grand plus à l'organisation générale.

Quant à Ann, elle avait retrouvé tout son mordant et son moral d'antan, fort et inébranlable. Cela avait quelque peu rassuré tout le monde, renforçant le mental et la détermination de chacun.

Pour ce qui est de Jane, elle batifolait sans vraiment de but, me collant les trois quarts du temps, me cassant les oreilles avec ses propos d'amours et d'âmes sœurs... J'avais réellement du mal à la cerner. Je n'arrivais pas à me décider si je pouvais lui faire confiance ou non, ce malgré ma discussion avec Ann quelques jours auparavant. Alors j'avais simplement décidé de la tenir à l'œil, jugeant ses moindres faits et gestes.

-          Jarod. M'appela Ann, me sortant momentanément de mes pensées. J'ai à te parler, viens avec moi.

Sans attendre, je délaissai mon siège au bar et la suivit à l'intérieur de son office, sous l'œil maternelle de ma génitrice, assise un peu plus loin. La grande blonde prit place à son bureau, allumant une cigarette entre ses lippes. Je me postai devant elle, sur l'un des sièges, attendant qu'elle daigne parler.

-          On a décidé de lancer l'offensive contre la capitale à l'aube. Nous partons vers trois heures du matin. Tu devrais préparer tes affaires et allais te reposer. Le voyage risque d'être éprouvant.

-          D'accord. Répondis-je simplement.

-          Tu te sens prêts ? Questionna-t-elle, le regard curieux.

-          Pas vraiment... Je n'ai aucune compétence Ann... Je vais juste être inutile.

-          Tu connais les lieux, c'est déjà beaucoup.

-          Mais ça ne va pas servir à grand-chose si je me fais tuer... Je ne sais pas me défendre.

-          On s'en chargera, ne t'en fais pas pour ça.

-          Magnifique... Je vais avoir pleins de petits soldats qui vont mourir à ma place, j'adore. Ironisais-je.

-          C'est une guerre Jarod. Cesse de te croire dans un monde remplit d'amour. Il va y avoir des morts.

-          Je le sais, je ne suis pas crédule à ce point-là. Boudais-je. Néanmoins, j'aimerais éviter à certains de mourir à ma place.

-          Dommage pour toi, c'est probable que ce soit le cas.

Elle affirmait ça sans une once d'empathie, laissant un silence gênant s'installer la seconde d'après. Je savais pertinemment qu'elle n'avait pas tort. Peut-être pas raison, mais au moins elle n'était pas dans le faux. Mais malgré tout ce que je pouvais dire, j'étais effrayé. Effrayé de mourir, de voir les autres mourir, de tuer même. Car je ne me faisais pas d'illusion non plus, je comprenais parfaitement que pour survivre il fallait ôter la vie à l'ennemi, parce que lui n'hésiterait pas à le faire.

JarodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant