Chapitre 22

25 3 16
                                    




Le silence régnait en maître dans toute la taverne. Seuls les trépignements d'Ann se faisaient entendre. Elle fulminait littéralement de rage, prête à sauter à la gorge de quiconque se dresserait sur son chemin.

- Ann. Commençais-je d'une toute petite voix, effrayé. Je ne suis pas sûr qu'aller dans la gueule du loup maintenant soit une bonne idée...

- Quoi ?! Parce que je te demande ton avis peut-être ?! Hurla-t-elle, m'empoignant par le col, m'étouffant presque. Tu es le seul qui connait les lieux, alors tu la ferme et tu obéis !

Je ne l'avais jamais vu dans un tel état. La pression qui était exercée sur elle devait être d'une puissance immense pour la faire craquer à ce point.

- Tu n'es pas inquiet ?! Tu t'en fous que tes amis, ta famille, se soit faite choper par l'Ordre ?!

- Non ! M'écriais-je. Je suis tout aussi inquiet que toi ! Mais réfléchis deux secondes, tu ne penses pas que si on y va maintenant ce serait un peu trop prévisible ?!

Elle serra un peu plus fort mon tee-shirt jusqu'à marquer mon cou, le brûlant par le frottement de mon vêtement sur ma peau. Alors que j'allais avancer d'autres arguments, un homme la fit lâcher prise d'une pression sur son épaule. C'était l'homme qui se trouvait dans le bureau d'Ann peu avant. Le chef d'un autre clan.

- Le gamin n'a pas tort. Calme-toi. Tu commences à délirer sévèrement pour t'en prendre comme ça à un membre de ta précieuse famille.

- Fou moi la paix Layne ! Ne te mêle pas de ça ! Tu ne comprends rien, vous ne comprenez rien ! Cria la grande blonde, les membres tremblants, les yeux larmoyants.

Dans un geignement colérique, Ann partit s'enfermer dans son office, le pas rageur. Mon cœur se serra à la vue de son état. Ares et Lutty doivent vraiment être très important pour elle. Plus que n'importe qui d'autre.

Dans un soupire agacé Layne ordonna à tout le monde de reprendre leurs occupations, tout en insistant sur le fait de se tenir prêt pour un très prochain départ. A contrecœur tous obéir, néanmoins l'atmosphère était des plus tendues, quoi de plus normal ?

Sans savoir vraiment quoi faire, mon regard se posa sur Ryder. Ce dernier semblait avoir repris contenance. Il restait encore certains points d'ombres que je voulais éclaircir avec lui. Sans un mot, je le trainais avec moi à une table assez isolée. Il me regarda avec un certain malaise, n'osant rien dire.

- Ryder... Je voudrais que tu me racontes tout à nouveau. Avec les détails cette fois. Dis-je sans vraiment d'intonation.

- Ouais... J'me promenais en ville tu vois ? J'avais besoin de souffler un peu après notre entrevue chez toi. C'est en trainant dans le quartier industriel que j'ai vu toute la scène. Y'avait tes deux potes, puis quatre autres gars. Ils les ont mis minables mec... Vraiment. J'crois que j'n'ai jamais vu quelqu'un perdre autant de sang que ta copine...

Sa phrase me fit l'effet d'une douche froide. Mes entrailles se tordirent de douleur et de peur à l'égard de mon amie.

- Désolé, c'n'était peut-être pas la meilleure chose à dire... Ajouta-t-il devant mon air déconfit.

- Continue...

- Je l'ai dit, ils ont été vachement amochés. Puis une fois KO, les gars les ont embarqués dans une bagnole. Je... Mec écoute, j'aurais aimé faire quelque chose, vraiment... Mais si j'y été allé j'aurais fini buté... J'pouvais rien faire...

- T'aurais pu appeler de l'aide. Répondis-je avec un air de reproche malgré moi.

- Appeler qui ? Y'avait personne Jarod... J'suis désolé.

JarodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant