Chapitre 18

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C'est avec les doigts tremblant que ma main actionna la clanche de l'entrée de la taverne. Je pris le temps d'avaler une goulée d'air puis poussai la porte boisée. L'ambiance à l'intérieur de la bâtisse n'avait pas changé depuis la dernière fois, cependant peu de personnes étaient présentes. A peine mes pieds passèrent le seuil de la porte qu'une tornade rose s'abattit sur moi. La jeune fille me serrait dans ses bras à m'en briser les côtes, ne cessant de répéter que j'étais le plus gros idiot que cette Terre est connu. Ses déblatérations attirèrent l'attention des personnes présentes, nous fixant sans réellement comprendre le pourquoi-du-comment. Je finis par gentiment me dégager de son étreinte, la maintenant face à moi en lui enserrant doucement les épaules.

-          Lutty, est-ce que tu vas bien ? Je suis tellement désolé... Soufflais-je.

-          Je vais bien. Souria-t-elle. J'étais inquiète pour toi ! D'ailleurs tout le monde était inquiet... Ta disparition a créé un sacré bazar.

Un sourire gêné étira mes lèvres. J'avais finalement causé beaucoup de soucis...

-          Ann est ici ? J'ai à lui parler d'urgence.

Lutty secoua vivement la tête de gauche à droite, une moue désolée sur les lèvres. Son petit nez se retroussa légèrement, la faisant grimacer alors qu'elle s'éloigna d'un ou deux pas de moi.

-          Tu sens le chien mouillé ! C'est désagréable, va prendre une douche ! S'exclama-t-elle en se bouchant le nez exagérément.

Un éclat de rire m'échappa face à sa réaction enfantine, puis elle ria à son tour doucement m'indiquant l'escalier se trouvant à côté du bar d'un coup de tête.

-          Il y a des chambres à l'étage avec des salles de bain intégrées, tu peux emprunter celle d'Ares. Son nom est inscrit sur la porte, tu ne peux pas te tromper !

Je lui offris un dernier sourire avant de monter à l'étage. La chambre d'Ares se trouvait au bout du couloir, dans un léger renfoncement, si bien que j'ai eu du mal à la trouver. L'intérieur était simple. Un lit double, sûrement purement décoratif vu qu'il n'en a -normalement- pas besoin, un bureau sous une fenêtre aux volets fermés avec dessus une petite lampe. Une immense armoire face au lit et un tapis blanc. Aucunes décorations murales, mise à part un petit cadre trônant fièrement sur la table de chevet. Malgré l'indiscrétion certaine, je n'ai pas pu m'empêcher de le saisir afin de l'examiner. Sur la photo on pouvait voir deux personnes, l'une d'entre-elle étant Ann ; la seconde était un petit garçon au sourire étincelant et aux cheveux de jais. Je compris instantanément qu'il s'agissait d'Ares lorsqu'il était encore un enfant. Ce cliché remplit de joie me fit sourire alors que je reposais doucement le cadre sur la table de nuit.

Je mis un certain temps à prendre ma douche, prenant soin de me relaxer sous celle-ci, réfléchissant à ce qui est censé se passer à présent. Il est clair qu'on ne pouvait pas laisser Lester agir à sa guise, sinon on courait à la fin du monde, purement et simplement... Et imaginer un monde en proie à une apocalypse vampirique ne m'enchantait pas réellement. Seulement c'est bien beau de vouloir faire quelque chose, mais comment ? L'Ordre était un regroupement de quatre-vingt-dix pourcents de la population vampirique... Difficile de le détruire. A moins que l'on éradique seulement les Originels et la chute de l'Ordre se ferait naturellement ?

C'est avec un esprit encore plus embrouillé qu'au départ que je sortis de la douche, m'insultant mentalement car je n'avais aucuns vêtements de rechange. Tout en enroulant une serviette autour de mes hanches, je pesai le pour et le contre d'emprunter des habits à Ares... Je me ferai très probablement arracher la tête, mais c'est déjà mieux que de se balader sans aucune pudeur dans l'établissement... A peine j'eus ouvert la porte de la salle de bain que le propriétaire de la chambre rentra comme une tornade dans celle-ci. Quand on parle du loup...

JarodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant