Chapitre 14

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Ma gorge était serrée, aucun mots ne voulaient sortir, ni même la moindre exclamation. Ma mère et cette chasseuse, encore bien amochée, ne cessaient de se crier dessus au rez-de-chaussée. J'aurais voulu bouger, descendre et protéger ma mère, après tout, cette femme est dangereuse. Elle pourrait lui faire du mal.

Ma tête semblait de plus en plus lourde, et c'est une légère pression sur mon bras qui me fit revenir à moi. Ryder se tenait à mes côtés, me regardant avec une panique encrée au fond de yeux. Je ne pus même pas lui offrir un sourire, je ne trouvais pas la force de le rassurer. Moi-même j'étais inquiet, trop inquiet. Sans bruit, nos yeux se redirigèrent vers la scène se déroulant en contre-bas. Les hurlements avaient pris fin mais les deux femmes se regardaient en chien de faïence.

-          Ecoute moi Vera, je ne tiens pas à poursuivre cette dispute alors s'il te plait accepte ma proposition. Commença la chasseuse.

Vera eut un rictus peu amusé et encra son regard dans celui dans son interlocutrice.

-          Va te faire foutre Emérence, ça te va comme réponse ?

Ladite Emérence rougit de colère avant de soupirer bruyamment, tentant de calmer ses nerfs déjà bien titiller.

-          J'ai besoin de ton aide bordel ! Kris est mort non de Dieu, ça ne te fait rien ?!

-          Absolument rien, maintenant sors de chez moi.

Je ne comprenais pas réellement la discussion, tout ce que j'avais réussi à saisir c'est que ma mère et cette femme se connaissait, aussi, elle devait connaitre les autres... Je fixais la scène incrédule. Comment ma propre mère peut-elle connaitre une chasseuse ? Pourquoi ?

Emérence grogna une flopée d'injure avant de faire demi-tour, se dirigeant d'un pas rageur vers la porte. Son regard pivota vers le buffet près de l'entrée, où une photo de famille assez récente était posée. Elle se stoppa net, ses yeux grossissant d'étonnement. Un juron m'échappa sans que je puisse le retenir, et je priais de toute mes forces pour qu'elle ne m'ait pas reconnu sur cette maudite photographie.

-          C'est donc lui ton fils ? Demanda-t-elle d'une voix claire, un sourire malsain au coin des lèvres.

-          Laisse mon garçon en dehors de tout ça. Clama ma mère d'une voix menaçante.

-          Eh bien, il semblerait que ton garçon est suivi les traces de son papa. Ricana-t-elle d'un rire fou.

-          De quoi est-ce que tu parles ?

-          Tel père, tel fils après tout. Continua Emérence sans prêter attention à la question de son vis-à-vis.

Mon ventre se tordit douloureusement. Pourquoi cette femme parlait-elle de mon père ? Ce dernier est décédé bien avant ma naissance. Comment pourrais-je être comme lui ? Je ne le connais pas. Je ne faisais même plus attention aux œillades inquiètes que me lançaient mes amis. J'étais bien trop focalisé sur cette conversation.

-          Bordel est-ce que tu comptes parler, ou tu vas juste tourner autour du pot pendant cent ans ?! Hurla ma mère, la nervosité lui rongeant les entrailles.

-          Il se pourrait que j'ai essayé de tuer son fils. Annonça calmement la chasseuse.

Il y eut un long moment de silence, pendant lequel personne n'osa bouger, ni même respirer. Ma mère se trouvait dos à moi, je n'arrivais pas à voir l'expression qu'elle affichait, mais au vu de la force avec laquelle elle serrait les poings, elle devait être ravagé par la colère.

JarodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant