Chapitre 8: Révélation

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-Anna! Non!


Je m'arrêtai brutalement dans mon élan.

Je sortais à peine de la forêt que Sam déjà me rejoignit.

Essoufflé, il s'adressa à moi en m'agrippant violemment le bras.

-Ma parole, tu es complètement folle! Tu ne rends pas compte de ce qui a failli t'arriver?!


Je ne comprenais pas son inquiétude. Je m'étais juste mise à courir, portée par l'envie de sortir de cette sombre forêt que nous avions traversée pendant des heures. Lorsqu'il m'avait montré la lumière, je n'avais eu qu'une envie: m'élancer vers elle.


Le temps que Sam reprenne son souffle, toujours en me tenant fermement, mes yeux s'habituèrent à la clarté environnante. En effet, je m'étais tellement accoutumée à la pénombre de la forêt, que je ne m'étais pas aperçue de ce qui se trouvait devant moi maintenant. Tout ce que j'avais alors distingué était cette trouée de lumière éclatante vers laquelle je m'étais élancée sans savoir alors ce qui m'attendait derrière.

Maintenant que mes yeux s'adaptaient à cette clarté nouvelle, je me rendis compte à quel point la lumière m'avait aveuglée. Et surtout à quel point je m'étais mise en danger.

Car devant nous ne se tenait rien d'autre que le vide.


Nous nous trouvions aux confins de la forêt, au sommet d'une falaise qui devait délimiter l'île, du moins de ce côté. Les arbres bordaient tout le long de cette falaise, ne laissant qu'un espace formant une sorte de sentier qui longeait également toute la falaise. Et devant nous, à pic, le vide.

-Eh bien, on dirait que je l'ai échappé belle, soupirais-je, plus pour moi-même que pour Sam qui en m'entendant reprendre la parole, se décida à relâcher mon bras.

-C'est ma faute, j'aurais du te prévenir.

-Mais pas du tout, tu n'aurais pas pu prévoir la façon dont j'ai réagi. Je me suis montrée impulsive et imprudente et...

-Je me suis montré bien plus imprudent que toi, me coupa Sam. Après tout je connais les lieux et...

-Ecoutes-moi bien, on ne va tout de même pas se chamailler pour savoir qui d'entre nous est coupable. Coupable de quoi d'ailleurs? Tout va bien et c'est ce qui compte, OK?

-Ok, me répondit Sam, l'ébauche d'un sourire sur les lèvres. Mais dis-moi, depuis quand es-tu si sage, petite soeur?

-Ne te moques pas de moi, sinon je redeviens la petite soeur puérile et capricieuse que j'ai toujours été dans ton esprit, lui répondis-je en tirant la langue.

Ce à quoi il sourit en secouant la tête.


-Maintenant dis-moi, repris-je, que faisons-nous ici?

-Je voulais te montrer une autre facette de l'île. Une de ses limites. Mais pas seulement. Regarde un peu autour de toi, Anna.


-Je m'approchai alors lentement du bord de la falaise. J'avais toujours eu le vertige et ça n'avais pas changé apparemment. Je pris une grande inspiration avant de regarder en contrebas.

L'océan qui nous entourait claquait plus bas, bien plus bas, contre les parois rocailleuses de cette falaise blanche. Nous étions à une hauteur vertigineuse. Je reculai instinctivement, tétanisée par la peur et ne pouvant m'empêcher de ressentir ce malaise que tous ceux souffrant de la phobie du vide connaissent.


-Le vertige, hein? me dit Sam doucement, en entourant mes épaules de son bras. Mmmmh, intéressant.

-Je ne vois vraiment pas ce que tu trouves d'intéressant au fait que j'ai une peur panique du vide, lui répondis-je, vexée à l'idée qu'il puisse se moquer de moi.

-Rien, si ce n'est que j'ai moi aussi une peur panique du vide, me répondit-il en me souriant affectueusement. Je trouve intéressant que nous ayons un point commun.

-On tient ça de Maman, lui répondis-je sans réfléchir.

Un éclair de tristesse passa alors dans son regard, rapidement mais pas assez pour que je ne m'en rende pas compte.

-Je suis désolée, murmurais-je. Je ne voulais pas te faire de peine.

-Non, ce n'est pas ça Anna, j'aime quand tu me parles de Maman, c'est juste que j'aurais tant voulu la connaitre moi aussi. Mais que ça ne t'empêche jamais de m'en parler. Je préfère ressentir la douleur de ne pas la connaître que ne rien ressentir du tout. Ca me donne l'impression d'être... Vivant.

-On en a déjà parlé Sam, tu es toujours vivant pour nous et...

-Je sais Anna, mais il n'en reste pas moins que je n'ai jamais vraiment vécu, et j'aime à penser que les sentiments, qu'ils soient tristes ou joyeux, sont ce qui font de nous des êtres vivants.

-Je suis d'accord Sam, les sentiments sont ce qu'il y a de plus vivant en nous, et je peux t'assurer que bien des personnes qui sont soi disant en vie, en sont totalement dénués, ils passent leur vie à se comporter de façon lasse et passive, et leur existence vidée de tout sens n'a plus aucun but. Toi Sam, tu es toujours à veiller sur moi, me rassurer ou encore me réconforter. Ta douceur, ta tristesse, ta bienveillance... Toutes ces choses qui révèlent la profondeur de tes sentiments sont la preuve que tu es vivant Sam. Et même bien plus que la plupart des habitants de cette planète qui est la notre... Ou qui était je ne sais pas trop...

-Merci Anna, merci infiniment, murmura mon frère en m'enlaçant tendrement.

Me relâchant un instant plus tard, il me sourit tristement, et après une profonde inspiration reprit:

-Et en effet, tu peux dire notre planète, nous sommes peut-être dans un autre monde mais nous sommes toujours sur cette même planète où tu as vécu toute ta vie.


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Et voilà chers lecteurs, deux chapitres en deux jours!!

On avance doucement mais surement ;)

N'hésitez pas à me laisser vos commentaires, avis, impressions, remarques ou critiques... Je prend tout lol ;)


Prenez soin de vous,

Paix et Amour <3

Emya.


Sam & Anna, Rédemption.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant