37/ "J'aime le feu"

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Avant ce chapitre, je tiens d'abord à m'excuser de la pause que j'ai pris sans vous prévenir avec cette histoire. J'aurais vraiment du faire un post en vous disant qu'avec les grandes vacances je n'aurais pas eu le temps d'écrire... Alors vraiment désolé et je vais m'efforcer de reprendre correctement le fil de l'histoire !

Le regard perdu sur le tapis de verdure qui s'étend devant moi, j'essaye par tous les moyens de repérer quelque chose qui corroborerait les dires de Leho : rien. Au Sud, au delà des frontières de la capitale se dessine les contours de la pyramide Omicron de laquelle j'ai été jetée lors de mon arrivée, et autour, son désert de désolation. Mais au Nord, je ne vois rien, ne distingue rien, pas le moindre changement de paysage, ou le moindre signe de vie animal. Ni même une présence de gardes d'Eden.

Avec un coup d'œil sous mes pieds je remarque que toutes les Fouines sont pendus à mes mouvements. J'aperçois la flamme dansante du briquet de Nyco, l'éclat de la lune se reflétant sur le couteau de Kali, les yeux brillants d'Avery. Ils attendent que je redescende pour m'assaillir de questions. Après tout, c'est moi qui les ai entraînés là dedans, moi qui les ai convaincus de défier l'autorité de Gabryel. Quelle idiote ! Je m'époumone en frappant du poing la branche qui me soutient. Celle-ci tremble, fait tomber quelques feuilles tandis que je continue à fulminer contre ma stupidité.

_ Tu lui fais confiance ? Me demande soudain Noam.

Je fais volte-face pour le voir appuyé contre le tronc, le visage détendu comme s'il avait été sur le sol.

_ A Leho ? Je reprend une fois la surprise passée. Autrefois oui. En réalité, il ne m'a trahi qu'une seule fois...

_ C'est suffisant pour t'en méfier, affirme le tueur en série avant d'approcher prudemment de mon perchoir. Admettons que sortir de la capitale est bel et bien dangereux, qu'on risque vraiment de se faire tuer - après tout, ceux qui s'y sont engagés ne sont jamais revenus - si ton artiste peintre s'en est tiré, je ne vois pas pourquoi on n'y arriverai pas. Sans oublier que ses intérêts sont ici, à la Tour Eiffel auprès de Myrah et des autres Fantômes. Si on oublie cette évidence, faut pas négliger non plus que Gabryel a sûrement mit nos têtes à prix, que les Fantômes ont la rancune tenace. A l'heure qu'il est on doit probablement être recherchés par tous les criminels de la Terre.

Ok, je vois très bien où tu veux en venir, je réponds dans ma tête, mais les mots ne parviennent pas à franchir la barrière de mes lèvres. Instinctivement, je lève la tête en direction du ciel, où, hormis l'éclat de la lune, je vois celui de la planète parfaite : Eden.

Je refuse de mourir, du moins pas tant que le véritable coupable pour ce meurtre odieux dont j'ai été accusée ne paye pas. Je dois retourner là-haut, et traîner Poseidon devant la justice. Et pour ce faire, il faudrait que j'évite de casser ma pipe ici.

_ Très bien, je finis pas répondre avec un air résolu sur le visage, on franchit l'enceinte de la ville.

Avec un hochement de tête, Noam signifie son approbation. Puis, ensembles, nous descendons de l'arbre pour rejoindre les autres. Une fois arrivés près d'eux, je leur explique le plan. Aucune Fouine ne bronche, et tout le monde rassemble aussitôt nos maigres possessions pour reprendre la route.

Kali et Avery prennent la tête de la colonne, suivit par Nyco et moi. Derrière, Noam ferme la marche en gardant un œil sur notre prisonnier visiblement mécontent de la tournure des événements. D'ailleurs, cela me conforte dans mon choix de nous tirer vite fait de Paris.

_ Hmpf, grommelle le pyromane à côté de moi, j'aime pas les politiciens, mais j'avoue que toi ça passe.

J'arque un sourcil surpris. Je ne me souviens pas lui avoir parlé de ma spécialité sur Eden. Il tourne la tête vers moi et je vois ses yeux noirs rouler dans leurs orbites.

_ Bah tu m'diras, la plupart aurait pas les couilles de sauter dans le vide !

Et tandis qu'il s'esclaffe, je suis obligée de me mordre les lèvres pour ne pas avouer qu'en réalité, c'est Noam qui m'a poussé. Je ne sais pas du tout si j'aurai eu le cran de le faire.

Soudain, je me surprend à m'interroger sur le passé de mes compagnons. Si Kali était née sur Terre, Noam et Nyco eux avaient vécu comme moi au paradis.

_ Comment as-tu deviné ce que j'étais ?

Il hausse les épaules avant de pointer le dos de la jolie rousse.

_ J'suis pas devin, c'est elle qui me l'a dit.

En un sens, cette révélation me rassure et je laisse flotter un sourire amusé sur mes lèvres avant d'opiner rapidement du chef.

_ Et toi dis-moi, quel était ton brillant avenir ?

Derechef, il hausse les épaules avant de recommencer à jouer avec la roulette de son briquet. Les flammes se reflètent sur sa peau d'albâtre, lui conférant ainsi un aspect presque cadavérique.

_ J'sais pas. J'aime le feu.

Sans blague, j'ironise pour moi-même sans toutefois lui en faire part.

_ J'avais neuf balais quand ils m'ont surpris en train d'foutre le feu aux poubelles d'mon quartier. Après j'ai été interné, et comme on aime pas trop les fous sur Eden, ils ont attendu mes quinze ans pour m'envoyer ici.

Sa révélation me fait tiquer. Je me redresse de toute ma hauteur et murmure sur un ton incrédule :

_ Mais enfin, c'est impossible. Tu as été envoyé sur Terre dans n'avoir commis aucun crime ? Enfin hormis l'accusation d'immolation sur la personne de trois paquets d'ordure ?

Je le vois froncer les sourcils, poser un doigt sur sa bouche avant de poursuivre :

_ Maintenant qu'tu l'dis... Si, j'crois bien que je me suis fais la malle un jour et que j'ai fait exploser une partie de l'Hôpital. Mais j'ai pas fait d'mort, seulement quelques blessés !

Puisqu'il me dit cela avec la mine réjouie d'un enfant fier de lui, je me sens obligée d'ajouter après avoir déglutis :

_ Génial... Quelle chance tu as eu !

_ Bah ouais, t'imagine, j'aurais pu être un Oméga !

Etonnamment, la moue dégoûtée qu'il affiche en prononçant ce mot me vexe au plus profond de moi, et je cache instinctivement le tatouage sur mon cou du plat de ma main.

_ Heureusement que j'ai discuté avec toi, je finis pas dire après un long silence, ça m'a requinqué...

OmegaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant