NINA KELLER (1) : L'Héritière et le mordu (Réecriture)

Première sortie

Nina était toute chamboulée par ces incroyables révélations : et quand Kate rentra tout sourire de son cours, la trouvant affalée sur le lit, amorphe, elle s'inquiéta.

- Nina ? ça va ?

- Hein ? fit la jeune fille en reprenant ses esprits. Euh, oui, oui. Alors ce cours ?

- On a revu les probabilités et du coup ça va mieux maintenant. Tu sais que demain soir, ils organisent le bal du manoir ?

- Ah bon ?

Alors qu'elle aurait sauté sur l'occasion le jour d'avant, Nina ne se sentait pas trop d'aller à une fête dans cet état là. Pas en sachant ce qu'elle savait. Et Kate qui ne se doutait de rien...

La jeune fille s'approcha et s'assit sur le lit de Nina, les sourcils froncés : elle devinait que ce n'était pas normal que la jeune fille soit insensible à une telle annonce. Nina n'osait pas la regarder de peur que quelqu'un puisse deviner ce qu'elle venait d'apprendre à propos des deux jeunes hommes.

- Ça ne te fait rien ? demanda-t-elle encore.

- Hum, hum.

- Ouh là... marmonna Kate. Il se'st passé un truc pendant mon absence ?

Nina faillit éclater d'un rire sadique : quelle ironie, cette question ! Pourtant, elle se força à prendre un air plus enjoué et se redressa pour fixer son amie.

- Non.

- Alors tu es partante ?

- Hum... O.K, céda Nina.

Après tout, il fallait bien qu'elle se change les idées, et cette soirée était parfaite : elle pourrait toujours s'éclipser si elle en avait assez. Elle acquiesça et Kate eut un sourire ravi.

- Cool ! et demain matin, ils organisent une sortie en ville pour aller acheter des vêtements, justement.

Cette fois-ci, Nina ne sourit même pas : cette sortie signifiait que Ian et Mathys seraient lâchés dans une foule de femmes - et d'enfants. Il allait falloir qu'elle les surveille de près...

Mais elle hocha de nouveau la tête, morose, alors que l'ancienne Nina aurait sauté au plafond de joie. Kate la laissa tranquille et partit se réfugier dans son ordinateur.

La nuit tomba : cette fois-ci, Nina n'angoissait pas, la lune dé-croisserait jusqu'à devenir aussi fine qu'un fil de fer. Jusqu'à redevenir pleine... Elle n'osait pas y penser.

Avec Kate, elles descendirent manger au self, pour une fois, et ce fut pour Nina le moyen de rencontrer de nouvelles personnes et d'être moins morne que tout à l'heure. Elle en fut reconnaissante à son amie.

Elles se préparèrent puis au moment de se mettre au lit, Nina demanda :

- On part à quelle heure, demain ?

*

Le soleil tira les deux jeunes filles du lit en se déversant dans la chambre, teintant la moquette d'une délicate nuance dorée. Kate était toute excitée, et Nina commença à se prendre au jeu : elle se maquilla plus que d'habitude, revêtit une robe et mit un chapeau de paille. Même si elles étaient en Septembre, le temps n'avait pas encore viré au tandem pluie-neige. Aucun nuage à l'horizon.

- Une belle journée qui se profile, déclara Nina dans le brouhaha de leur salle de bain tout en se brossant les dents.

- Tu m'étonnes, renchérit Kate, cha va être trop bien.

Nina retrouva une petite somme que ses parents lui avaient confiée avant de partir : une centaine d'euros, qu'elle ne comptait pas entièrement dépenser aujourd'hui. Kate ne détenait que cinquante euros. Elles rejoignirent le reste des lycéens dans le hall.