Lycaon est déconnecté

28 6 3
                                    

Mathys adressa à Ian un regard contrit, terriblement coupable et mal à l'aise. Ian se redressa lui aussi en vitesse en sortit du placard en suivant les traces de leur nouvelle camarade.

Atterré, le jeune loup resta assis en équilibre précaire sur son sceau. Il aurait du empêcher ça, maîtriser ses pulsions, stopper la marche des choses...

Comment une chose pareille avait-elle pu se produire ?

Cela faisait plus de cent ans qu'aucun loup-garou n'avait mordu et transformé une personne humaine, Ian était le premier depuis un siècle. C'était devenu normal pour eux de se cacher, de se terrer les soirs de pleine lune, et de devenir comme tous les autres, en vieillissant moins vite. De se séparer de ses amis humains parce qu'ils allaient trouver ça louche qu'une personne vive jusqu'à cinq cent ans, même en excellente santé physique.

Le Manoir, c'était un des rares endroits au monde où les loups-garous pouvaient être en sécurité, mais libérer leur potentiel en se réunissant les soirs de pleine lune en meute soudée. Un endroit où on faisait sa formation de loup, où on apprenait les règles si elles n'étaient pas transmises dès louveteau par vos parents.

Nina devait être terrifiée. Il se sentait mal pour elle. Comment accepter une telle chose ? vivre avec des loups-garous, c'était passable, mais acceptable. Mais devenir, un loup-garou, contre sa volonté ? Impossible à surmonter. Il allait devoir l'aider, et si Ian et les autres ni mettaient pas du leur aussi, alors Nina serait fichue.

Ils seraient tous, fichus.

***

Ian courut après la jeune fille hystérique et en larmes qui venait de traverser le couloir en trombe comme un ouragan, ou une furie. Les élèves la regardèrent passer avec stupeur, certains chuchotant sur son passage. Ian, furieux, fut bien tenté de les corriger mais il ne pouvait pas sans prendre le risque de perdre Nina des yeux.

La jeune femme fila dans les dortoirs des filles. Hésitant une seule seconde, Ian s'élança à sa poursuite. Mais quand il arriva vers sa porte, elle était déjà verrouillée. Même à une certaine distance, il pouvait entendre ses énormes sanglots incrédules. Il cogna contre la porte en hurlant ; peu importe si quelqu'un le voyait en train de défoncer cette maudite ouverture en bois.

- NINA ! OUVRE ! hurla-t-il.

La jeune femme ne répondit pas. Il se laissa glisser le long de la porte.

Tout ça, c'était de sa faute. Pour une fois, il ne faisait pas le fier avec ses prétendus instincts carnassiers.

Il roula des yeux et écouta la cloche imperturbable sonner le début des cours.

***

Addison rangea ses dernières affaires dans son sac en entendant la cloche tonitruante vibrer dans le Manoir. Elle vérifia qu'aucun élément compromettant (viande crue saignante en sachet, livre de sortilèges de Lycanthropes...) ne traînait à portée de main de sa stupide camarade de chambre, une certaine Ai. Elle était chinoise. Ou Japonaise ?

Elle ramassa son sac de cours et ferma la porte de sa chambre soigneusement, avec agilité : mieux valait ne pas se faire surprendre dans son dortoir à l'heure du déjeuner, c'était très mal vu par Chasal et par conséquent, ses sbires. Et elle ne tenait pas à se faire attraper.

Mais des cris la firent se figer. Des cris masculins. Dans les dortoirs des filles ?

Addie se tourna et vit alors – oh ! Surprise ! – Ian en train de tambouriner contre une porte en criant. La jeune femme allongea sa foulée souple pour atterrir à sa hauteur.

- Alors ? une conquête t'a rejeté ? railla-t-elle de sa voix claire en passant devant lui.

Ian se retourna, surpris, puis son regard turquoise rencontra celui, vert émeraude, d'Addie.

NINA KELLER (1) : L'Héritière et le mordu (Réecriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant