Nina n'osa pas demander ce que voulaient dire ces mots fatalistes et Mathys était déjà à côté de la porte vitrée qui ouvrait la façade du bâtiment central. Nina le suivit et ils rentrèrent. La pluie cessa de tambouriner sur leur dos, à présent ils ne pouvaient que la voir ruisseler le long des parois de verre, alors qu'ils étaient dans l'enceinte chauffée de l'hôpital.
Devant eux se dressait un immense bureau. Juste derrière se tenait une jeune blonde au sourire sympathique, qui releva les yeux de ses papiers en les voyants arriver. Elle les dévisagea, et les deux jeunes s'approchèrent du bureau d'accueil. Nina eut honte en voyant les traces brunâtres qu'ils laissaient sur le carrelage blanc.
- How can I help you ? demanda la jeune fille en les gratifiant de son sourire éclatant.
Elle devait avoir seulement quelques années de plus qu'eux – bon, peut-être une bonne demi-dizaine à vrai dire – mais semblait déjà tellement adulte... Nina remarqua le petit insigne épinglé sur sa blouse : Abby.
- Nous avons besoin de savoir dans quelle chambre se trouve mon cousin, Ian Dicker, déclara Mathys de son anglais nasillard typique de New York en la fixant du regard.
Comment Nina avait-elle fait pour passer à côté d'un tel détail ?
La jeune infirmière consulta les derniers fichiers en place sans quitter son sourire avenant. Nina sentait que Mathys mourrait d'envie de la presser, de passer carrément derrière le bureau pour fouiller à sa place, mais il resta calme. Il tapait du pied.
- Ian Dicker..., marmonna Abby les sourcils froncés, ah, oui ! admis hier soir au service d'urgence vers 23 heures, c'est ça ?
- Exactement ! approuva Mathys. Est-ce que vous pourriez nous donner le numéro de sa chambre ?
- Pour ça, il me faudrait une carte d'identité, les prévint Abby, moins souriante à présent. Les mineurs n'ont pas le droit de rendre visite à d'autres mineurs sans carte d'identité, surtout en service d'urgence.
Nina sentit son sang se glacer. Mathys se figea et lui adressa un regard explicite : Nina devina ce qu'il allait devoir faire. Elle détourna le regard, et quand elle le reposa sur Abby, elle était fixe, le regard flou perdu au loin derrière l'épaule du jeune homme dont le visage touchait presque le sien. Mathys chuchotait à son oreille à toute vitesse, tandis que Nina vérifiait anxieusement si aucun médecin n'émergeait des autres services de radiologie, non loin du bureau d'accueil.
- Chambre vingt-quatre, balbutia Abby, encore endormie.
Nina ne pouvait s'empêcher d'observer ses traits relâchés, ses yeux sans vie, sa bouche livide et son visage pâle. Elle semblait vraiment ailleurs.
- Merci ! cria Mathys en saisissant Nina par le bras.
Ils se mirent à courir dans les couloirs à la recherche de la chambre énoncée. Abby recouvra ses esprits, sonnée, observant autour d'elle d'un air perdu et décontenancé. Elle rassembla ses papiers et s'attela à son bureau, les sourcils froncés, sans voir disparaître les deux silhouettes.
Nina était elle aussi comme sous le choc, elle suivait Mathys sans vraiment savoir où elle allait. Lui semblait se diriger rapidement, sûr de lui. Ils croisèrent quelques médecins affairés, des infirmières qui les fixèrent d'un œil étrange mais heureusement, personne ne posa de questions. Le regard aiguisé de Mathys passait de numéro à numéro rapidement, analysant chaque pièce avant de continuer sa course folle. Soudan, il s'arrêta, et Nina se retrouva le nez dans ses omoplates saillantes. Rouge et confuse, elle recula en se frottant l'arrête du nez. Mathys semblait ne rien avoir senti.
« Chambre 24 » indiquait la pancarte accrochée sur la poignée rutilante.
- C'est là ! s'écria le jeune homme, une lueur de soulagement brillant au fond de ses pupilles.
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NINA KELLER (1) : L'Héritière et le mordu (Réecriture)
WerewolfDu jour au lendemain, sans explications, Nina se voit contrainte de quitter sa vie luxueuse de Bostonienne contre un pensionnat du fond des états-unis. Mais bientôt, une menace prophétique pèse sur sa vie, et un monde nouveau s'offre à elle. Entre a...