Nina fut tirée de son sommeil de plomb par l'odeur du petit déjeuner qui vint délicieusement lui chatouiller les narines. Elle cligna des yeux pour chasser le flou qui avait envahi ses pupilles et se redressa péniblement dans son lit. Les murs blancs respiraient l'ordre et la propreté en renvoyant délicatement la lumière des néons.
Curieusement affamée, elle se redressa en vitesse. Elle qui mettait toujours des heures à se réveiller... ce matin, elle se sentait débordante d'énergie, confiante. Bien que ses muscles semblaient étrangement endoloris, et les sons amplifiés, elle se sentait bien. Un sentiment de plénitude qui ne dura qu'un instant, avant qu'elle ne se rappelle de ce qui s'était passé dans le caveau...
Elle revit les loups couchés au sol, en grognant. Elle se rappela son ascension pour échapper à l'inévitable. Et la morsure fatale à la jambe. Après, plus rien. Nina se laissa tomber sur ses oreillers moelleux.
Es-ce que cette maudite morsure l'avait... transformée ? Elle n'osait même pas y penser. Soudainement hystérique, Nina envoya valser les draps autour d'elle et remonta son bas de pyjama. Ce n'était pas celui qu'elle portait hier, elle se rappelait du pyjama blanc informe qu'elle adorait. Non, ce matin, elle était vêtue d'un t-shirt bleu délavé et d'une leggings noire.
Elle releva le bas de ce pantalon de sport qu'elle n'aurait jamais enfilé sciemment pour se coucher. Aucune trace de blessure, même pas une toute petite cicatrice sur le côté. L'estafilade ensanglantée avait disparue.
C'était étrange. Il ne paraissait rien avoir d'anormal ce matin, était-il possible qu'elle ait rêvé tout ce qui s'était passé cette nuit-là ? Nina caressa son mollet intact avec un soulagement presque palpable. Mais elle repensa à son arcade sourcilière blessée elle aussi. Cela, elle était sûre de ne pas l'avoir rêvé. Sûre ? Euh...
Elle leva la main avec appréhension, ferma les yeux et suivi de ses doigts fins la ligne de ses sourcils. R.A.S. elle remonta le long du front sans trouver non plus de pansement caractéristique, ou même de plaie couverte de sang sec. Cela signifiait qu'elle n'avait plus aucune blessure... même la minuscule coupure qu'elle s'était faite avec sa feuille l'autre matin en science sur le doigt avait disparue. Et cela, Mathys pouvait jurer l'avoir vu et avoir été présent étant donné qu'elle avait poussé un cri de douleur tout à fait démesuré.
Son sang se glaça petit à petit. Tout était beaucoup trop calme ici, trop paisible. Le petit déjeuner trop parfait. Les sons tantôt étouffés tantôt perçant. Sa faim démesurée.
Le bruissement de la porte qui s'ouvre paraissait résonner dans ses tympans quand l'infirmière entra, sourire aux lèvres.
- Bonjour Nina ! comment vas-tu de matin ? s'enquit Mme Duboz avec son habituel sourire aimable.
Le cerveau de la jeune fille mit quelques instants à comprendre la question.
- B-Bien, enfin, je crois, dit-elle.
- Mange ton petit déjeuner. Je viendrais faire le contrôle de routine tout à l'heure, repose-toi encore un peu !
- Merci...
La porte se referma en silence, et Nina jeta un coup d'œil au plateau. Il y avait là une coupelle de fruits, deux tartines beurre-confiture, une carafe pleine d'eau et du café soluble. Nina avait en horreur le café, pourtant elle en versa une grande quantité dans le bol en émail et versa l'eau bouillante dessus. Le mélange brunâtre prit forme, elle en profita pour mordre avec inquiétude dans une tartine. Le goût éclata dans sa bouche comme jamais elle n'avait pu le ressentir. Un goût profond, inaltérable, qui tapissait sa gorge de fond en comble et l'enjoignait de recommencer son geste.
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NINA KELLER (1) : L'Héritière et le mordu (Réecriture)
WerewolfDu jour au lendemain, sans explications, Nina se voit contrainte de quitter sa vie luxueuse de Bostonienne contre un pensionnat du fond des états-unis. Mais bientôt, une menace prophétique pèse sur sa vie, et un monde nouveau s'offre à elle. Entre a...