Nina était nerveuse, et pour cause : imaginer une demi-douzaine de loups-garous en train de danser le corps à corps avec ces innocentes jeunes filles lui donnait des haut-le-cœur. Elle repéra Shirley et sa cour en train de minauder auprès des jeunes hommes qui lui faisaient la cour. Aucun ne paraissait suspect à ses yeux mais mieux valait se méfier, bien que Mathys et Ian ne soient pas attirés par la diva.
D'ailleurs, elle ne voyait aucun d'entre eux à la fête : une pointe de déception malsaine lui serra la poitrine et elle chassa cet horrible sentiment de son esprit. C'était largement mieux ainsi.
Elle ne savait comment réagir face à cette nouvelle. Des loups-garous ? Elle n'avait jamais cru au surnaturel et pourtant... depuis toute petite, elle faisait des cauchemars ou brillaient d'intenses yeux jaunes insondables, qui semblaient contenir toute la rage du monde dans leurs iris ambrés.
Subitement, un courant d'air lui fit tourner la tête plus rapidement que ce qu'elle l'aurait voulu. Rien.
Nouvelle bourrasque, à sa gauche cette fois. Le cœur palpitant, Nina se tourna de nouveau. Elle se retrouva nez à nez avec les si familiers yeux turquoise provocateurs. Les mains moites et le ventre noué, elle soutint son regard froid, inhumain. Elle sentait des pulsations au creux de ses poignets.
- Toute seule ? commença Ian avec un sourire de façade, qu'elle aurait pu qualifier d'avide.
- Apparemment plus maintenant, répliqua-t-elle.
Elle s'interdit de le fixer. Non, même, de le regarder. Qui savait ce dont-il était capable ? Elle préféra se concentrer sur un fil bordeaux qui dépassait de la couture de sa robe en priant pour qu'il parte vite. Mais il n'en fit rien, se délectant de cette manifestation d'angoisse.
- Une si jolie fille..., continua le jeune homme.
- Qu'est-ce que tu veux ? demanda Nina.
Elle sentit son regard peser lourdement sur son dos dénudé, son cou, ses cheveux. Elle redressa la tête et le fixa dans les yeux. Au coin de son œil luisait une lueur ardente, enflammée, qui lui fit peur. Elle sentit sa gorge se nouer. Il sourit de nouveau, semblant s'amuser. Ian leva un petit doigt, les dents étincelantes même dans la pénombre. Nina en oublia instantanément les autres lycéens.
- Une danse, une seule.
- Tu rêves ! cracha Nina.
- Tu ne sais pas ce que tu rate..., insinua encore Ian.
- Peut-être.
Son visage se figea : il ne devait pas avoir l'habitude qu'on lui résiste. Ses pupilles se dilatèrent et se rétractèrent anormalement vite, comme à la proie d'une affreuse envie. Son sourire se transforma en grimace froide. Nina recula nerveusement, en proie à la panique : il n'allait pas oser attaquer ainsi, en pleine fête ?
Mais le jeune homme resta ainsi quelques minutes, figé et immobile, au point que Nina commença à s'inquiéter. Son regard était fixe, comme au loin, ses traits fins inexpressifs.
- Ian? tenta Nina.
Aucune réponse. Elle lui toucha furtivement la main : elle était raide et glacée, comme si le sang n'avait plus traversé une de ses veines depuis longtemps. D'ailleurs, ses lèvres étaient plus bordeaux que roses. Il semblait paralysé, au bord de l'asphyxie.
C'est une ruse ?
Elle hésitait à alerter quelqu'un : ils allaient appeler le médecin, et y avait-il une différence entre le corps d'un loup et celui d'un humain ? Elle aurait pu appeler Mathys mais avait laissé son téléphone dans sa chambre. Et les étudiants éméchés ne lui seraient d'aucune aide.
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NINA KELLER (1) : L'Héritière et le mordu (Réecriture)
WerewolfDu jour au lendemain, sans explications, Nina se voit contrainte de quitter sa vie luxueuse de Bostonienne contre un pensionnat du fond des états-unis. Mais bientôt, une menace prophétique pèse sur sa vie, et un monde nouveau s'offre à elle. Entre a...