Le retour

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La vitre explosa en mille morceaux dans un bruit de verre cassé, ne restait que les rebords en PVC. Ian eut un petit sourire satisfait mais fatigué, légèrement différent de son habituel sourire en coin arrogant, et se souleva rien qu'à la force des bras jusqu'au rebord de la fenêtre. Il passa de l'autre côté sans bruit aussi silencieusement qu'un chat, suivi par Mathys. Le dernier jeune homme tendit sa main à Nina pour l'aider à grimper. L'opération ne posa aucun problème.

Le groupe se retrouva sous la pluie, instantanément trempé. Ian examina ses vêtements, sa chemise de nuit blanche, le reste de sa perfusion plantée au creux de son coude et l'arracha en grimaçant, projetant une tache de sang sur l'herbe verte.

- J'espère que vous avez pensé à me prendre un change, dit-il en les regardant en coin.

- Parce que tu crois qu'on avait que ça à faire ? te sauver, c'était pas suffisant ? railla sèchement Nina.

On aurait dit qu'elle n'osait pas le regarder dans les yeux. Elle avait peur et était en colère, devina Mathys. Elle tourna les talons, observant nerveusement la route qui dépassait le parking pour disparaitre au loin. Il n'y avait pas beaucoup de circulation, surtout par un temps pareil.

- Personne n'acceptera de nous prendre en stop s'il porte cette blouse, s'exclama-t-elle encore.

- Hum, jugea Mathys en détaillant du regard la robe blanche constellée de blasons bleus HS'Ps.

Il se retint de rire tant la situation était incongrue : son ami, le rebelle, l'as en magie, le loup-garou sans pitié, vêtu d'une robe blanche à bouton nacrés ! Ian surprit son regard moqueur et se détourna, les yeux pétillants. Même Nina émit un léger sourire fatigué en le voyant rosir.

- Je dois avoir des vêtements, mais ils sont dans la salle de bains de ma chambre, réfléchit Ian.

Nina admira sans le vouloir les pliures de son front qui se creusaient quand il réfléchissait. Elle arrêta immédiatement, se maudissant d'avoir songé à Ian en bien rien qu'une seconde.

- C'est trop risqué, déclara-t-elle, les yeux fixés sur ses bottines boueuses.

- Trop risqué ? tu sais de quoi je suis capable ?

Son regard dévia vers la pluie qui rentrait par l'endroit où le verre avait disparu.

- Je vais y aller, un point c'est tout.

- Comme tu veux, décida Mathys.

Ian leur adressa un sourire ravageur et disparut à travers l'ouverture, les laissant seuls et frissonnant, le cœur battant la chamade sous la pluie qui dégringolait flots.

Ian se dirigea droit vers la chambre vingt-quatre, sans même avoir jeté un regard dans le couloir. Le pas alerte, les yeux fixés sur la porte, il la rejoignit en quelques secondes, poussa la poignée et se retrouva une nouvelle fois dans la chambre abandonnée. Sa perfusion se vidait au sol, mélange de rouge gélatineux et de liquide transparent, sa table de chevet était à moitié basculée sur le lit, toutes les lumières étaient allumées, révélant un lit défait et la tache de sang caillé au sol.

En trois enjambées, il se retrouva dans la salle d'eau, meublée aussi simplement que la chambre : douche, toilettes et lavabo. Il s'arrêta un instant pour observer son visage pâle cerné, ses cheveux noirs bouclés qui pendaient autour de ses oreilles, ébouriffés comme jamais, ses yeux enfoncés dans ses orbites. Il détourna le regard pour fouiller la pièce.

Il repéra ses vêtements dans un sac plastique blanc, roulés en boule. Il les sortit. Ils étaient un peu froissés, légèrement tâchés de boue et de bave – oui, il avait honte, mais il avait bavé... - et agrémenté d'une odeur d'aseptisant. Ian fronça le nez, les sens assaillis par cette odeur immonde, et se changea rapidement sans prendre la peine de refermer la porte de la salle de bains. Il enfila son jean bleu pétrole foncé, remit sa chemise blanche et son costume noir. Il lissa le col, se jeta un dernier regard appréciateur et remplit le sac avec la chemise blanche.

NINA KELLER (1) : L'Héritière et le mordu (Réecriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant