NINA KELLER (1) : L'Héritière et le mordu (Réecriture)

Bon...

Nina se réveilla en sueur, la respiration haletante. Elle se passa la main sur le front. Ce cauchemar semblait si réel... et la sensation de poids sur le thorax était toujours là. Machinalement, elle baissa sa main vers son ventre pour se masser et faire disparaître le malaise mais sa main rencontra quelque chose de poilu. Par réflexe, Nina hurla et se tortilla. Deux yeux jaunes et agressifs apparurent dans l'obscurité de la chambre. Il y avait vraiment quelqu'un ou quelque chose, là, sur elle !

- La prophétie va enfin être accomplie..., marmonna l'animal.

Terrorisée, Nina recula épouvantée alors que de la bave chaude roulait sur sa joue. Les crocs luisants de la bête se rapprochèrent de son visage avec un souffle chaud et putride insoutenable.

La porte de la chambre s'ouvrit en grand et deux formes en émergèrent en rugissant férocement. La bête, prise au piège, grogna, jeta un dernier regard à sa proie et s'enfuit par la fenêtre grande ouverte. La lumière s'alluma dans la chambre, et Ian referma soigneusement la porte alors que Mathys bondissait droit vers la fenêtre pour observer la nuit noire. Nina resta tremblante dans son lit, n'osant plus faire un seul geste. Mathys finit par se tourner vers elle, le visage fermé.

- Il est parti, affirma-t-il en s'approchant du lit d'un pas souple.

- Q... qui c'était ? balbutia Nina.

- Le loup-mordu, affirma Ian en les rejoignant.

Son regard turquoise paraissait tourmenté et inquiet. Des volutes noires semblaient se battre dans ses pupilles et ses iris pour prendre le contrôle sur le bleu.

- Je ne comprends pas... comment a-t-il  fait pour rentrer ? J'avais fermé fenêtre et volets hier soir ! cria Nina, hystérique.

- N'oublie pas que ce loup est très puissant. Il aurait pu traverser le mur s'il l'avait voulu.

- Rien que ça ? railla Nina pour reprendre contenance. Et comment vous avez fait pour savoir que j'étais en danger ?

Les deux loups échangèrent un regard surpris. Ce fut Ian qui répondit :

- Ben... tu nous as envoyé des ultra-sons de détresse, non ? une sorte de S.O.S ?

- Moi ? Non ! je dormais ! chuchota Nina, médusée.

- Q-quoi ? tu veux dire que tu l'a fait par instinct ? s'écria Mathys, surpris et inquiet.

Il regarda de nouveau Ian, l'air de dire : Il faut qu'on parle.

Visiblement, quelque chose n'allait pas, mais Nina ne parvenait pas à savoir quoi. Elle se contenta d'écouter Mathys reprendre la parole d'une voix grave :

- Bon, repose-toi. On est là de toute manière, t'inquiète pas. Et puis normalement, quand Kate sera de nouveau là, il ne pourra plus s'attaquer à toi.

- Mais Kate est coincée à l'infirmerie pour au moins trois jours ! Blake m'a vraiment forcé à l'envoyer valser à l'autre bout du gymnase.

Ian répondit :

- T'inquiète, on gère. Bon, on doit te laisser, si McCullough arrive...

- O.K. à demain, fit Nina d'une voix qu'elle essayait de rendre la moins tremblante possible.

Les deux loups-garous éteignirent la lumière et repartirent dans le couloir avec la même discrétion avec laquelle ils étaient arrivés.

*

Mathys marchait d'un pas rapide dans les couloirs plongés dans la pénombre, Ian sur les talons.

- C'est bizarre. Elle a réussi à nous prévenir inconsciemment, chuchota-t-il en remontant maintenant l'escalier qui menait aux dortoirs des garçons.

- C'est dingue ! moi j'ai mis des mois à maîtriser ça, et elle, elle peut le faire comme ça... c'est impressionnant, répliqua Ian, pensif. Elle a l'air beaucoup plus puissante que ce qu'on peut croire.

Mathys se passa la main dans les cheveux et entra dans sa chambre en silence, suivi de son ami. Ils se glissèrent dans leurs draps, l'oreille aux aguets. Aucun bruit ne résonnait dans l'immense Manoir plongé dans le sommeil. Rasséréné, Mathys ferma les yeux et glissa dans un sommeil léger.