La poursuite

22 7 0
                                    

Nina était seule dans sa chambre. Elle détestait se tourner les pouces, surtout dans cet environnement aseptisé qui odorait les médicaments. L'infirmière ne lui avait rendu visite qu'une seule fois depuis le départ d'Ian, qui l'avait toute chamboulée.

Comment était-ce possible ? Elle ne POUVAIT PAS se laisser embrasser par un loup-garou. Surtout le pire loup de ceux qu'elle connaissait. De toute manière, ce baiser ne voulait rien dire, sûrement, il sortait avec des dizaines de filles toutes aussi belles – voir plus – qu'elle. Il ne fallait pas se faire d'illusions.

Nina observa avec angoisse le soleil se coucher petit à petit en solitaire. Personne avec qui partager ses angoisses. Qu'était-elle était censée faire ? Ian lui avait ordonné de ne pas quitter l'infirmerie, mais elle savait qu'elle ne pourrait pas fermer l'œil de la nuit, comme c'était le cas depuis son en face lors des nuits de pleine lune.

De plus, cette nuit-là, elle s'inquiéterait pour lui et Mathys, seuls dehors alors que le loup-mordu recouvrait ses pouvoirs. Il était hors de question qu'elle reste allongée dans son lit les yeux grands ouverts alors que les deux jeunes hommes seraient en danger de mort juste en bas, dans le parc du Manoir enseveli sous les trombes d'eau qui étaient tombées tout l'après midi.

Nina s'ennuyait, se torturait mentalement. Pendant plus de quatre heures, elle se retournait dans son lit en se demandant si sortir d'ici en ayant l'interdiction formelle de l'infirmière lui vaudrait une grosse punition auprès de McCullough et du directeur. Sûrement. Autant ne pas tenter.

Curieusement, elle n'avait eu aucune autre visite que celle de Kate : où étaient passées Chloé, June et Ai ? Sans doute à la bibliothèque, vu la tonne de devoirs que leurs infligeaient leurs profs avant les vacances d'Halloween. Nina aurait parié qu'elles n'avaient même pas eu le temps de penser à elle, ce qui lui fit néanmoins un petit pincement au cœur. Mais elle comprenait parfaitement bien.

Parfaitement. Parfaitement...

Le jour tombait. Nina aperçut, avec une terrible boule dans la gorge, et l'estomac empêtré dans un sac de nœud, que la lune commençait à apparaître loin au dessus de l'horizon, brillante et transparente dans la lumière rouge. Un formidable dégradé de rose, de rouge et d'orange s'étalait dans le ciel, bravant le gris des nuages de pluie pendant une courte accalmie. Elle détourna le regard et le replongea dans les draps, respirant plus vite, le nez enfoui sous les couettes douces qui sentaient bon la fleur d'oranger et la lessive. Des larmes d'inquiétudes commençaient à perler le long de ses yeux, et à rouler dans les fins étendards blancs. Elle tourna la tête, et l'appuya sur l'oreiller humide de pleurs. Les sanglots restaient coincés dans a trachée. Pourquoi ? Pourquoi ça lui arrivait, à ELLE ?

Que de questions sans réponses. Quand elle releva les yeux, elle s'aperçut en frémissant que la nuit avait envahi le ciel gris. Plus rien de visible. La lune était encore basse, les derniers rayons de soleil disparaissaient au loin derrière le rideau de pluie continue qui tambourinait contre les vitres.

Un grincement. Nina redressa violemment la tête, luttant contre le torticolis qui s'installait à force d'être si tendue, les nerfs prêts à craquer, et vit entrer dans la pièce une femme blonde au chignon serré, au visage souriant mais fatigué, se diriger vers son lit. Elle portait un minuscule badge sur lequel s'étalait en lettres noires par-dessus la minuscule croix rouge :

Infirmière Duboz

- Bonjour Nina ! s'exclama gentiment celle-ci, en venant gentiment tapoter les oreillers, comment vas-tu ?

- Mieux, beaucoup mieux ! assura Nina, espérant qu'on la laisserait sortir.

Mais Mme Duboz ne semblait pas de cet avis : elle examina pensivement sa tête, défit les bandages maculés de taches de sang sec enturbanné autour de son front en fronçant les sourcils.

NINA KELLER (1) : L'Héritière et le mordu (Réecriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant