L'Impénitent

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Adrien. Même Jour. Même endroit.

Je suis retourné me coucher à côté de Leila. Je ne me lasse pas de la regarder dormir. C'est du baume pour mes yeux après toute la laideur du monde que je vois au quotidien. Je ne me lasse pas d'écouter son souffle régulier. Il m'apaise. Je ne me lasse pas de son odeur. Elle m'enrichit. Je ne me lasse pas de la douceur de sa peau que je caresse. Elle m'électrise.

Lei remue dans son sommeil. Son corps cherche instinctivement le mien. Il se rapproche un peu plus à chaque fois qu'elle bouge. Je déglutis. Je suis proche du point de rupture. Je me redresse sur un coude et essaye de m'intimer très fermement à la retenue la plus complète. Mais je ne suis loin d'être un saint et Leila appelle en moi le pécheur impénitent. Le mauvais garçon. Le Bad Boy. Le Dominant. Le Sulfureux. Le Rugueux. Celui qui prend et qui ne rend pas.

Je suis, en cet instant, le bon, la brute et le truand en même temps. Je me redresse un peu plus et sur un coup de tête décide d'enlever mon polo. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je suis torse nu et le souffle chaud de Leila me chatouille. À croire qu'elle sent ce que je fais car elle bouge encore et son visage se retrouve contre mes pectoraux. En se retournant, les draps ont glissé pour me dévoiler ses jambes magnifiques. Son débardeur est remonté pour me révéler son ventre plat et la courbe de sa hanche.

Ma main s'anime alors toute seule. Si c'est vrai. Toute seule, je vous dis. Parce que mon cerveau, lui, a grillé. Il y a des limites à ce qu'un homme peut supporter quand même.

La pulpe de mes doigts court le long de la rondeur de son épaule, pour dévaler le long de son bras en effleurant au passage un sein. Puis, ma main – oui toujours elle toute seule – crochète sa hanche fermement. Je rapproche mon bassin du sien, jusqu'à ce qu'elle soit totalement contre moi. Je respire longuement sa chevelure, avant de descendre ma bouche vers sa nuque dont je dégage les cheveux doucement à l'aide de l'arête de mon nez.

Un gémissement, à la fois de douleur et de désir, monte du tréfonds de sa gorge et résonne au plus profond de moi. J'ai le même un instant plus tard et il fait écho au sien.

Je dépose un baiser tendre et respectueux à la base de sa nuque. Je sais que Leila est réveillée. Je vous jure que j'ai senti ses cils me frôler la peau lorsqu'elle a ouvert les yeux.

- Vous faites quoi Erria, là, exactement ? me demande-t-elle dans un murmure.

Je souris contre sa peau. J'aime quand elle m'appelle par mon nom, façon pour elle d'essayer de me dominer.

- Je me perds, je lui réponds en déposant un baiser à l'arrière de son épaule.

- Vous avez besoin d'une boussole, peut-être ?

- Hmm... Je pense que je vais rapidement retrouver mon chemin, je souffle en faisant glisser la bretelle de son débardeur.

Un long frisson la parcourt.

- Arrête, gémit-elle.

- Non.

J'en suis incapable, quand bien même elle me supplierait de le faire que je ne le ferais pas.

- Arrête, me dit-elle plus fort.

- Vous n'êtes pas tellement convaincante Michel, je rétorque en glissant ma main dans sa minuscule culotte de coton.

Elle gémit un peu plus et se cambre sous l'assaut de mes doigts qui glissent le long des plis soyeux de son intimité.

- Arrête.

- Toujours pas, je lui dis en relevant son visage vers le mien. Quand est-ce que tu comprendras qu'il ne sert à rien de lutter contre ça ? Contre nous ? Tu es et tu seras toujours à moi.

Et pour ponctuer de façon irrévocable mes mots, et lui montrer de façon indubitable qu'elle est ma propriété, je l'embrasse. Doucement au départ et puis, l'impénitent en moi se réveille totalement et force ses lèvres du haut comme celle du bas avec la précision du roi des serruriers. Sa petite taille est de ce point de vue, un véritable avantage. Leila est prisonnière de mon grand corps et de ses désirs les plus inavouables. Oui encore eux aussi.

Ma conscience me hurle que ce que je fais est mal.

J'ai pris Leila en traître, dans un moment de faiblesse à la fois physique et mentale. Mais en fait je m'en fous là, tout de suite. Si demain elle me met au banc des accusés, je plaiderai la folie.

- Je te déteste, me dit-elle.

- Je sais, je réponds en enfonçant trois doigts au creux de sa féminité.

Sa respiration se bloque avant de prendre un tempo propre au désir âpre et opaque qui nous saisit.

- Tu es si mouillée, si mouillée... Brûlante aussi...

Lei me mordent violemment pour toute réponse. Je ne moufte même pas. J'aime qu'elle me marque. J'aime qu'elle me déclare comme étant à elle aussi. Ses yeux vissés dans les miens me lancent des éclairs. J'y vois la violence de l'envie du meurtre, tout comme la brutalité de la jouissance qui monte en elle. Sa main s'accroche à la ceinture de mon pantalon désespérément. Je me rends compte que nous sommes en train de nous faire l'amour comme nous nous supportons au quotidien. Encore et toujours dans la confrontation.

Cycle perpétuel de passion violente exacerbée par notre désir passionné et passionnel de l'autre et le besoin irrépressible de toujours le dominer.

Ses admirables yeux verts se voilent soudain et l'orgasme l'emporte au moment même où je l'embrasse plus férocement encore. Elle peine à revenir parmi les vivants, mais ça m'arrange, j'en profite pour enlever mon pantalon ainsi que nos sous-vêtements. Et c'est la virilité triomphante que je m'enfonce en elle. Un cri d'extase pur sort d'entre mes lèvres.

- Je te déteste, répète-t-elle en mordillant mon cou.

- Tu me l'as déjà dit, je ris en commençant un long va-et-vient.

Je coulisse lentement en elle jusqu'à sortir presque complètement. Je la dévisage sérieusement et lui dis :

- Moi, en revanche, je t'aime.

Leila écarquille les yeux de surprise Et comme je suis un traître, je ne lui laisse pas le temps d'assimiler, je replonge aussitôt en elle pour ne plus m'arrêter. Son bassin vient à la rencontre du mien dans un bruit sourd et humide. Je me perds oui, c'est vrai. Mais j'aime ça. J'aime quand son corps me dit l'inverse de ce que ses yeux me renvoient à cet instant. Elle est en train de se perdre avec moi et j'adore ça.

Je m'enfonce plus brutalement encore, plus sauvagement aussi. J'aspire un de ses tétons entre mes lèvres et le cri qui s'échappe d'elle est tout simplement divin. Elle est mon ange précieux, ma lumière venue me chercher aux fins fonds des ténèbres. Je nous fais traverser les neuf cercles de l'enfer, parce qu'à son inverse, je suis le démon de la luxure. L'amoureux sulfureux et toxique...

Elle est ma rédemption et ma seconde chance.

Elle me déteste ? Et alors ?

Impénitent et traître, je suis ; impénitent et traître je reste.

Et c'est dans cet éclair aveuglant de lucidité que nous atteignons LE point de non-retour. J'explose en elle et la souille définitivement.

Leila Michel est à moi.

Rien ne pourra changer ça.

Rien.

Jamais et surtout pas l'Impénitent que j'ai voulu devenir.

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Back Fire - Edité et en vente-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant