Au point de départ

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Adrien. Même Jour. Même Endroit.

Nos regards s'affrontent. J'oublie toujours à quel point Leila est quelqu'un d'exceptionnellement intelligent. Si je croyais une seule seconde qu'elle avait oublié ses tables d'addition, et bien elle vient une fois de plus de me prouver qu'elle sait très bien combien font deux plus deux...

- Alors, Erria ? Tu comptes faire quoi maintenant ? Me dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité ? Ou bien tu tentes encore une fois de me la faire à l'envers ?

Tout en me parlant, Leila appuie un plus fermement sur le mouchoir qui compresse sa plaie. Elle ne gémit pas, ne tremble pas, ne crie pas. La seule chose qui l'intéresse en cet instant, c'est l'explication qu'elle attend de moi. Et je sais d'avance qu'elle ne lâchera pas le morceau. Oh non. Elle ne reculera pas tant qu'elle n'aura pas les réponses à toutes ses questions.

Leila m'impressionne un peu plus à chaque fois. Et ça commence à me terrifier.

Brice me jette un œil par le rétroviseur, l'air de dire : alors, on fait quoi maintenant ?

Je me rends compte soudain que je n'ai plus vraiment le choix. Mais le Général Constance va péter une pile quand il va savoir que j'ai mêlé une civile à tout ce bordel. Et pas n'importe laquelle en plus. L'emmerdeuse du siècle, avec un grand E s'il vous plaît.

Je soupire.

Putain mais quel bordel ! Quel Bordel !

Leila doit prendre mon hésitation pour un refus définitif, alors qu'en fait, je ne sais pas comment lui expliquer, sans que cela ne provoque un hiver nucléaire entre nous...

- Arrêtez-vous Brice, ordonne-t-elle brusquement.

- Heu... Pardon ? lui demande-t-il poliment.

- J'ai dit : arrêtez cette foutue bagnole ! hurle-t-elle.

- Continue de rouler, Brice, je lui indique en sens inverse.

Leila plisse les yeux et lâche :

- Très bien.

Je me tends. Quand elle prend cette expression, généralement c'est que je vais bouffer une agrafeuse dans la tronche. Le hic, c'est qu'elle n'a pas ça à sa disposition là tout de suite. Je l'observe, désarçonné. Elle prend une grande inspiration, roule légèrement des épaules et fait craquer sa nuque. Puis, au moment où Brice ralentit pour négocier un virage, Leila ouvre brusquement la portière et saute de la voiture en marche.

Hein ?

On croit rêver, là !

- MICHEL ! je hurle en tentant de la retenir, quand je comprends ce qu'elle fait.

Mais ma main se resserre sur du vide.

- AGHHHH !!!! je continue en donnant un grand coup de poing sur l'assise en cuir.

- PUTAIN ! crie Brice. Mais cette meuf est dingue !

Je me retourne et la vois qui se redresse, lisse sa robe en dentelle comme si de rien n'était et commence à marcher d'un pas tranquille en coupant à travers champs.

Nous faisons demi-tour. Brice n'a pas fini de s'arrêter, que je saute à mon tour. Je la rejoins en quatre enjambées, l'attrape par le bras et la force à me regarder.

- Vous croyez faire quoi là exactement, Michel ? Vous croyez aller où ?

Je ne hurle même pas. Ce qui annonce une colère cataclysmique. Mais mes trente-cinq centimètres de plus ne l'effraient absolument pas.

Back Fire - Edité et en vente-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant