Kiss-Cool

2.2K 202 7
                                    

Leila. Même Jour. De retour au chalet.

J'ai tourné les talons sans un regard en arrière. Je ne pouvais pas. Impossible. Tout un tas de sentiments m'assaille en cascade. Ça en dégouline tellement c'est violent. J'ai peur de me noyer soudainement.

Double effet Kiss-Cool.

1- Adrien est marié

2- Adrien a un fils.

Résultat :

1er effet : il va me le payer pour ne m'avoir rien dit.

2ème effet : j'ai peur que cet enfant n'en vienne à signer l'arrêt de mort de notre relation.

Et ça me terrorise. Oui. J'ai peur de cette incertitude, de ce doute, de ce grand "et si jamais ?". Plus, ça me ronge même. Comme de l'acide. Pour la première fois te toute ma chienne de vie, j'ai peur de ne pas faire le poids face à ... ça : un enfant.

En plus, d'avoir rencontré sa mère, l'ex-femme de l'homme dont je suis en train de tomber amoureuse, me pose un autre problème et un de taille : j'ai une concurrente. Parce que s'il s'est marié avec, c'est que fatalement elle lui apportait quelque chose. Johanna est incontestablement magnifique Un mètre soixante-dix, de longs cheveux blonds, des yeux marron clairs pailletés d'or, une taille mannequin sans pour autant être anorexique et un visage aux traits fins et doux.

Oui, elle est très belle. Vraiment. Et surtout, je la devine plus que tout soumise jusqu'au bout des ongles de pieds.

En fait, ce n'est pas la situation qui me ronge le plus, mais elle. Johanna est en train de grignoter très insidieusement le peu qu'Adrien et moi avions commencé à construire. Parce qu'il ne faut pas que je sois naïve, elle essaiera obligatoirement de le récupérer.

Soyons honnête, quelle femme ne rêverait pas de récupérer dans son lit le père de son fils ? Surtout, quand ce dernier est beau à se damner, riche à millions et surtout d'une intelligence dominatrice hors-norme ?

Adrien est à la fois un mélange de douceur et de bestialité, de maîtrise et d'impulsivité, d'épices et de miel. Et je suis à peu près certaine aujourd'hui que je ne pourrais plus m'en passer. J'ai besoin qu'il s'oppose à moi au bureau, pour mieux me forcer à me dépasser. Mais j'ai encore plus besoin de le laisser me diriger dans notre intimité. D'être soulagée du poids de mes écrasantes responsabilités.

Moi je sais ce qu'il m'apporte. Mais en sens inverse qu'est-ce que moi je lui donne ? La seule chose que j'ai réussi à faire c'est de lui proposer un presqu'aller simple pour le paradis. Et ça c'est sans compter toutes les vacheries que je lui fais subir au quotidien... plus j'y pense et plus je me demande ce qu'il peut bien me trouver en fait.

Alors que je suis perdue dans des réflexions de plus en plus moroses, Yann nous ramène au chalet et est engoncé dans des pensées au moins aussi noires que les miennes. Quand nous arrivons, un hélicoptère est stationné sur l'immense terrain qui entoure la maison. Le pilote et, ce que je crois être un guide de haute montagne nous attendent visiblement.

Le survol de l'Islande. La balade en ski. Merde. Merde. Merde.

Yann me regard une lueur dans ses yeux bleu azur.

- Et si on y allait quand même ? me demande-t-il à brûle pourpoint.

- Quoi ?

- Vous avez besoin de vous changer les idées, Leila et moi j'ai besoin que nous bougions. Rester au même endroit trop longtemps ce n'est pas bon. Au moins, on sera à l'abri pendant quelques heures.

- Mais et Adrien ?

- Il a d'autres choses à régler là vous ne croyez pas ?

Je me mords les lèvres. J'hésite. Je regarde alternativement, Yann et l'hélicoptère. Et puis, une petite voix au fond de moi me dit que l'air des hauteurs me fera du bien. Il faut que je m'éloigne juste quelques heures. Il faut que je me déconnecte. Alors j'acquiesce doucement.

Yann me lâche un sourire ravageur. Je soupire intérieurement. N'allez surtout pas croire que j'ai cru vaguement à ce qu'il m'a dit un instant plus tôt. Certes, c'est une partie de la vérité, mais je sais que c'est aussi pour lui la possibilité de se retrouver seule avec moi. Je ressens l'effet que je lui fais. Depuis le départ. Comme lui me trouble aussi un peu. Ce n'est pas à la hauteur de l'attraction que j'éprouve pour Adrien, mais indéniablement Yann a un petit quelque chose qui ne me laisse pas non plus totalement indifférente.

Enfin, disons plutôt, que c'est l'idée que cela m'aide à rendre Adrien un tant soit peu jaloux, ne me laisse pas indifférente.

Quoi ? Vous me trouvez salope d'un seul coup ? Garce de jouer avec ses sentiments ? Mais, à situation désespérée, mesure désespérée. Oui, j'en suis là. Je fais simplement avec les armes que l'Univers me donne.

Pathétique ? Je suis d'accord. Dramatique ? Aussi. Tragique ? Carrément.

Nous sortons donc du 4x4 pour grimper dans l'hélicoptère et nous nous enfuyons pour une balade de cinq heures. Une balade magique avec de véritables paysages de contes de fées. Je prends des milliers de photos, enfin autant que les deux cartes mémoires me le permettent en tout cas. Le commandant est compagnon charmant, plein d'esprit et de gaminerie aussi. Nous pique-niquons au sommet d'une piste de ski qui n'attend plus que nous. Puis, après une bataille de boules de neige féroce que je perds, n'ayant toujours pas appris à viser, nous rentrons en ski en discutant de tout et de rien. Et ça fait du bien. L'espace d'un moment, j'arrive oublier l'acide qui ronge mes veines.

En bas de la piste nous attends le pilote de l'hélicoptère et un chauffeur qui est chargé de nous ramener au chalet. Nous les remercions chaleureusement et rentrons bras dessus bras dessous en riant comme des baleines.

Je m'arrête net en passant la porte. Adrien est là à nous attendre debout et tendu comme un arc.

- Vous étiez où bordel ?

Sa voix est basse grave et menaçante.

Yann défait sa parka d'un geste nonchalant.

- Nous avons profité de la sortie en hélicoptère, répond-t-il tout aussi menaçant.

J'avance d'un pas, bien décidée à ne pas m'en laisser compter par sa mauvaise humeur. Je peux tout à fait comprendre qu'il soit bouleversé par sa journée, mais je ne suis certainement pas son punchingball. Et le commandant non plus.

- Adrien, je commence.

Il m'arrête d'un geste.

- As-tu seulement idée de l'inquiétude dans lequel j'étais quand je ne vous ai pas trouvé ? Bordel ! aboie-t-il. Ça t'aurait tué de me laisser un mot ? Un message ?

Je recule désarçonnée par la violence de son regard. Yann s'interpose. Et ça part en vrille soudain.

- Erria, vous disjonctez. On se calme.

- Je ne vous ai pas sonné, Mayorca ! Leila est à moi vous entendez ? A moi ! Je refuse que vous l'ameniez quelque part sans me dire où quand et comment, d'abord ? C'est clair ?!!!

- Putain, mais vous êtes pas croyable ! Vous étiez où exactement là ? Pas une minute vous ne vous êtes demandé ce qu'elle pouvait ressentir, ce que vous lui faisiez en restant avec votre ex ! Vous nous avez appelé vous ?

Adrien et Yann se dévisagent à deux doigts de se jeter l'un sur l'autre.

- CA SUFFIT ! STOP ! je hurle. Adrien, il faut qu'on parle.

Mayorca nous observe et sort en claquant la porte.

Double effet Kiss-Cool.

Back Fire - Edité et en vente-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant