Chapitre 7

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-Mais comment tu fais pour être maigre comme un clou en te goinfrant comme une vache ?

-C'est pas sympa pour les vaches !

-Ca répond pas à ma question !

Assise à la table du seul restau ouvert un lundi, j'engouffrais ma pizza sans aucune délicatesse. J'ai les manières d'un ogre... Ca a toujours fait hurler ma mère d'ailleurs....

-Je mange que quand on m'invite. Répondis-je pour le faire taire.

-Le pire, je crois, c'est que ça m'étonnerais même pas ! Même chez Lysandre, tu as été la seule à pas lui avoir fait remarquer qu'il fallait saler l'eau avant de faire cuire les pattes.

-Je suis polie...

-Mon cul ouais !

-Bon d'accord ! J'avais pas mangé depuis la veille.

-C'est pour ça que tu t'es paumé en centre-ville ? Parce que t'était partie chercher à manger ?

-ouais.

-Mais pourquoi tu nous l'as pas dit avant, on t'aurais donné quelque chose avant de commencer à jouer.

-Je t'avais assez dérangé comme ça.

-Tu parles, ça nous aurais pris 5 min de te balancer une boite de choco...

J'en avais un peu marre qu'il passe son temps à me poser des questions.

-Pourquoi tu es resté au pensionnat pendant les vacances ?

- Parce que mes parents voyagent tout le temps, alors ça ne sert à rien que je rentre. Autant rester ici et voir les copains qui sont sur place. Et toi ?

- Mes parents pensent que ça me permet de mieux travailler. Pas de distraction, plus de révisions....

-Ils sont rudes tes parents.

-Non, ils veulent juste que je réussisse aussi bien qu'Arthur.

-C'est quoi l'appareil que tu as autour de ton cou, on dirait un vieux coucou...

Je jetais un œil à l'appareil photo qui pendait au bout de ses lanières, le voir me remplissait toujours d'une sorte de nostalgie tellement il m'évoquait de souvenirs heureux.

-C'était l'appareil photo de mon grand-père. Il me l'a légué quand il est mort, depuis, il me suit partout. Je fais de plus en plus de photos avec mon numérique, mais je garde celui-là quand je veux faire de belles photos à l'ancienne. Y'a pas meilleur, mais il est difficile à utiliser. Comme on ne peut pas gérer la balance des blancs, il faut faire en fonction de la luminosité ambiante et bouger pour trouver l'angle idéal...

J'étais partie pour un discours qui pourrait durer des heures. Je m'arrêtais de parler quand le serveur nous amena l'addition.

-Désolée, je m'emballe quand il s'agit de photographies.

-Comme pour moi quand il s'agit de musique. Tu compte faire de la photo plus tard ?

-Non, on ne peut pas en vivre d'après mes parents... Mais je continuerais d'en faire pour le plaisir, quand j'aurais le temps...

Je m'étais rembrunie, la dispute qui avait suivi ma demande à mes parents avait été mémorable quand j'avais évoquée la possibilité de devenir photographe professionnelle. Mon père avait jeté mon appareil à la poubelle, j'avais dût économiser des mois pour changer l'optique cassé...

On marchait maintenant silencieusement, avançant côte à côte dans les petites rues longeant le canal, chacun plongé dans ses pensées.

A un moment, Castiel s'appuya sur la rambarde qui donnait sur le canal un peu plus bas. Ilsortit une cigarette de son paquet, me le tendant ensuite. Je refusais d'un signe de tête. Il l'alluma puis souffla la fumée par le nez.

Un objectif et des clichésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant