Chapitre 25

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Les feuilles se balançaient sur les fils, les couleurs étaient révélés mais la lampe rouge les estompait. Mon souffle s'apaisait et se calquait sur les balancements. Je pensais que ça ferait mal, je pensais que je n'aimerais pas ça, je pensais que ça serait glauque, j'espérais que ça ne serait pas le cas.

Je m'étais trompée du tout au tout. Le corps de Castiel commençait à se faire lourd sur le mien, et mes omoplates me faisaient mal à cause de leur contact prolongé avec le sol, mais je n'avais pas encore envie de bouger.

Les yeux grands ouverts, une main dans les cheveux de Castiel, l'autre posée au creux de ses reins, j'essayais de graver ce moment dans ma mémoire pour ne pas l'oublier. Jamais.

Son souffle s'apaisait comme le mien, nos cœurs battaient à l'unisson, je le sentais à travers ma peau nue. Il bougea légèrement comme pour se relever, j'accentuais la pression de mes mains pour qu'il reste comme ça encore un peu.

-Attends, je veux encore en profiter un peu...

Il resserra l'étreinte de ses bras, nicha son visage au creux de mon cou.

-Je t'aime Constance.

Des larmes commencèrent à glisser sur mon visage, mais je n'avais pas envie de les retenir. Quelques unes devaient couler sur sa peau à lui si proche de la mienne, une main vint se poser sur ma joue, un doigt cueillir l'une d'entre elle.

-Je t'ai fait mal ?

S'il m'avait fait mal ? Non, bien au contraire. Je pleurais seulement une partie de mon enfance qui s'envolait.

-Non, bien sur que non.

-On ne peut pas rester ici.

Je le savais. Oui je le savais, mais je n'avais aucune envie de bouger, aucune envie de revenir à la réalité. C'était si intense... C'était vivre la vie dans ce qu'elle a de meilleur.

Lorsqu'il essaya de s'écarter de nouveau, je le laissais faire. Je m'asseyais sur le sol, rapprochant mes genoux de moi, puis ma raison revenant au galop me rappela que j'étais nue, enfin que nous étions nus. Je levais les yeux pour le voir mais les détournais bien vite en rougissant comme une tomate et en cherchant mes vêtements fébrilement.

Je m'habillais en hâte puis pour éviter de le regarder de nouveau et me rappeler ce que nous venions de faire à l'instant, je commençais à regarder les clichés.

-Attention les yeux.

Le prévenais-je avant d'allumer de nouveau la lumière normale, les yeux plissés pour éviter l'éblouissement. Je voyageais dans la pièce en regardant les clichés un à un, m'assurant que le développement avait bien réussi.

Je m'arrêtais devant celle prise sur les bords du canal, elle était parfaite. Je la détachais du fil, la tenant avec précaution en évitant de faire dessus des marques de doigts. Je frémis lorsque les bras de Castiel se refermèrent sur ma taille, encerclant mon ventre alors que son menton venait se poser sur une de mes épaules.

-ça valait le coup d'attendre.

J'ignorais s'il voulait parler de moi ou de la photo. Je raccrochais celle-ci puis me retournais dans ses bras, nichant mon visage contre son torse et le serrant à l'étouffer. Il me rendit mon étreinte, passant une main dans mon dos pour apaiser mes tremblements.

-Je t'aime Castiel.

Je le sentais sourire alors qu'il m'enlaçait plus étroitement.

C'est dans un silence heureux mais un peu gêné qu'on détachait les photos et rangeait le matériel à sa place pour qu'on ne sache pas que quelqu'un était passé dans la nuit. Je récupérais mes lunettes que j'avais posé près de la boite à pellicules lorsque je les avais découpés, je jetais ensuite un dernier regard à la pièce avant d'éteindre la lumière et de refermer la porte.

Un objectif et des clichésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant