Chapitre 10

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J'éteignais mon réveil et jetais un regard de zombi autour de moi. J'avais très mal dormi. Je dormais mal en général, mais là, encore plus que d'habitude. Je n'avais pas arrêtée de repenser à ce que Castiel m'avait dit, à l'altercation que j'avais eu avec mon père.

Je sortais du lit et attrapais le vieil argentique de mon grand-père, appréciant entre mes doigts son contact familier. Les mots de mon père raisonnaient encore dans ma tête, trois ans après qu'il les ai prononcés « tu ne feras pas de la photographie, ce n'est qu'un passe-temps absurde ! Prends donc un peu exemple sur ton frère et soit sérieuse pour une fois ! ».
Combien de fois auparavant je les avais entendus vanter les mérites d'Arthur ?
Combien de fois nous avaient-ils comparés l'un l'autre, me faisant ressentir au plus profond du cœur l'intensité de ma médiocrité. J'avais pourtant été tellement fière en gagnant ce concours de photographe amateur. Tout ça foulé au pied par cet homme qui prétendait ne me vouloir que du bien, mon père.

« Il n'y a que ça qui compte pour toi ? Qu'est-ce que tu en pense ? »

Je regardais mes cheveux trop longs, mes ongles ras à force de me les ronger en attendant le résultat d'un examen. Je songeais à la réaction de Rosalya après qu'elle et son ami aient pour un temps changés mon apparence.

Quand étais-je devenue cette chose terne et insipide ?

Je me levais pour de bon et attrapais mon vanity où étaient rangées mes affaires de toilette. Je fouillais dedans, en sortait du vieux matériels de maquillage.

Malheureusement, celui-ci avait mal supporté l'abandon. Je haussais les épaules, fataliste, puis prenait mes affaires de toilette pour me préparer. Je revenais ensuite dans ma chambre, prenais mon portefeuille et mon sac à dos ainsi que le plan des bus de la ville histoire de ne pas me perdre comme la dernière fois.

Je prenais le premier bus en direction du centre-ville, commençais par faire un arrêt à ma boutique photo préférée et déposais ma carte SD pour avoir un tirage de mes dernières prises numériques. Je demandais ensuite à la vendeuse si elle connaissait un bon coiffeur dans les environs. Il y en avait un dans la rue à côté, je ne l'avais jamais remarqué. Je m'y rendais et demandais s'il était possible de se faire couper les cheveux sans rendez-vous.

Le salon était désert, la jeune coiffeuse m'indiqua de prendre place sur l'un des fauteuils, enlevant ma veste et la rangeant avec mon sac dans un petit placard.

-Qu'est-ce que ce sera pour vous Mademoiselle ?

-Je veux changer de tête. Je vous laisse vous amuser, faites ce qui vous semble le plus approprié en fonction de mon visage.

-Une préférence pour la longueur ?

-Non, par contre, je ne veux pas changer de couleur.

Les couleurs, c'est trop chiant à entretenir, et ça coute trop cher !

Je la laissais me laver les cheveux, redécouvrant avec délice le bien-être procuré par les massages capillaires puis m'asseyait là où ça l'arrangeait avant de fermer résolument les yeux, suivant à la lettre les indications qu'elle me donnait lorsque je devais pencher la tête d'un côté ou d'un autre.

Je sentais ma tête s'allégée au fur et à mesure que la coiffeuse élaguais ma tignasse. Le premier coup de ciseaux fut le plus impressionnant. Je la sentais qui tenait mes cheveux en queue de cheval puis en deux coups de ciseaux, celle-ci avait disparue et j'avais sentie ceux qu'il restait glisser pour me chatouiller la nuque.

J'avoue avoir eu un peu peur en entendant le bruit de la tondeuse, mais je me contraignais à garder les yeux fermés alors que celle-ci vibrait sur ma nuque.

Un objectif et des clichésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant