Chapitre 9

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-Mais qu'est-ce que tu veux à la fin !

C'était très difficile de rester dans cette position avec son bras qui s'appuyait sur mon dos, me déséquilibrant alors que je résistais en poussant sur ma main.

-Tu le sais aussi bien que moi...

-Non !

-Comment ça non ?

-Non ! Non, non et non !

Et je secouais la tête pour appuyer mes dires. Je refuse de l'embrasser. La première fois, c'était par surprise, tout à l'heure, c'était de l'égarement, si je le faisais encore, ça serais une bêtise. Une très grosse bêtise.

-Pourtant tu en as envie pas vrai ?

-Je ne vois pas le rapport...

Oui j'en ai envie. Evidemment, il faut entendre mon cœur qui palpite tellement que j'ai l'impression qu'il frappe dans mes oreilles...

-Il est pourtant évident.

-Je ne veux pas t'embrasser !

-Pourquoi ?

Arf, je commence à avoir mal au bras dans cette position moi...

-Parce que ! Laisse-moi partir.

-Non, pas tant que tu ne m'auras pas embrassé ou donné une raison valable pour ne pas le faire.

-Mais je t'ai dit que je ne voulais pas le faire ! Laisse-moi tranquille !

-Moins fort, on risque de t'entendre... Tu ne veux pas avoir d'ennuis pas vrai ? Donc je reprends, pourquoi tu ne veux pas m'embrasser ?

J'entendais d'autres voix dans le couloir et des gloussements de dindes en pleine discussion.

-Parce que ça serait stupide ! Sifflais-je exaspérée de me retrouver dans cette situation hautement inconfortable.

-Mais encore ?

-Parce que si je le fais... Si je t'embrasse... J'oublierais ce que je dois être.

-Ce n'est pas une raison valable.

-ça l'est pour moi.

Il poussa un soupir blasé.

-Alors c'est moi qui t'embrasserais.

Et il accentua la pression dans mon dos, mon bras n'arrivant plus à me soutenir, je lâchais prise, finissant assise sur ses jambes. Forcément, la seule chose que je trouvais à attraper pour me stabiliser dans ma chute, ce sont ses épaules. Il profita du fait que je sois déséquilibrée pour m'allonger sur le lit, scellant les protestations que je m'apprêtais à formuler dans un baiser. J'essayais vainement de me débattre, mais je n'y mettais pas vraiment de conviction, et je finis par m'abandonner à celui-ci.

Il prit appuie sur ses avant bras pour s'écarter de moi, un sourire radieux plaqué sur les lèvres.

-T'es qu'un idiot, je te déteste !

Dis-je avant de me redresser légèrement, attendant qu'il daigne s'écarter.

-Vraiment ?

-Non, pas vraiment en fait, mais un peu quand même... maintenant pousse-toi !

-Mmmm j'en ai pas vraiment envie...

Il faisait une moue dubitative.

-ça, je m'en doute bien, mais j'ai faim.

-Tu ne pense qu'à manger ma parole !

-Parfaitement.

En fait, je voulais surtout m'éloigner de lui et de son désir un peu trop envahissant à mon goût. Après tout, on ne se parlait vraiment que depuis cinq jours à peine... Et je n'étais pas très à l'aise, il fallait bien l'avouer, avec un homme à moitié nu dans ma chambre. Aussi sexy soit-il... Surtout aussi sexy en fait...

Et voilà ! J'étais encore rouge comme une tomate ! Mais c'est pas vrai ! Pour détourner mon attention de lui, je fouillais dans mon placard à la recherche de quelque chose à manger. Je sortais un paquet de choco et lui balançait avant de sortir une bouteille de lait. Pas besoin de frigo si on la vide dans la soirée !

J'allais m'installer ensuite sur ma chaise près de mon bureau, aussi loin que possible de Castiel donc, puisque je n'avais pas envie qu'il se fasse des idées.

-Ta chambre est drôlement vide dis-donc...

J'observais les murs nus, c'est sur que par rapport à la sienne, pleine de posters, elle faisait bien vide et impersonnelle. Elle ressemblait à ce que j'étais devenue. Une coquille vide.

-Je ne veux pas être déconcentrée dans mon travail.

-Il n'y a que ça qui compte pour toi ?

-Il n'y a que ça qui doit compter...

-Qui a bien pût te mettre une idée pareille dans la tête.

-Mon père me l'a bien fait comprendre.

-Et toi ? Qu'est-ce que tu en pense ?

-ça fait bien longtemps que j'ai oubliée de penser par moi-même.

Il restait assis sur le lit, observant mes réactions et mon environnement comme s'il jouait à un jeu où le but serait sans doute de lire dans mes pensées et de réussir à me prendre au piège comme une souris...

- Alors pourquoi tu ne quittes pas tes appareils, pourquoi tu as récupéré une clé du club de journaliste ?

-Pourquoi t'arrêtes pas de poser des questions ? En quoi ça t'intéresse ?

-Tu m'intéresse alors j'essaie de comprendre.

-Je vois pas en quoi la binoclarde peut t'intéresser.

-Justement, c'est pas la binoclarde qui m'intéresse, c'est ce qu'elle cache.

Je l'observais assis sur mon lit d'une façon totalement nonchalante, indifférent au fait qu'il soit en sous-vêtement, en train d'appréhender mon univers et cherchant se qui se cachait derrière. Je n'arrivais pas à le cerner. Je ne comprenais pas ses motivations.

-Je suis juste un passe-temps de vacance.

-Tu marmonne encore, et non, tu n'es pas un passe-temps de vacance.

Je redressais la tête, comment a-t-il pût m'entendre ?

-Je suis musicien, mon oreille est exercée, j'ai toujours entendu quand tu marmonnais.

Je rougissais maintenant violement. Il s'est donc moqué de moi pendant un bon bout de temps.

-Je vois bien que je te mets mal à l'aise, je vais y aller.

Il enfilait ses vêtements humides en grimaçant puis s'approchait de la fenêtre pour sortir.

-Castiel ?

-Mmm ?

Fit-il alors qu'il l'enjambait.

-On se voit à la bibliothèque demain ?

-14h, comme d'habitude.

Et le voilà repartit vers son dortoir....

Un objectif et des clichésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant