Il est six heure trente et mon téléphone vient de me réveiller. J'ouvre péniblement les yeux et les frottes pour chasser les vestiges de rêves confus qui s'attardent derrière mes paupières. Comme un zombi, je me dirige vers mon armoire, prends des vêtements propre et me dirige vers les vestiaires pour prendre ma douche dans les premières.
Je ne veux pas être bousculée par toutes ces filles qui se pomponnent en se passant leurs produits de beauté et qui débitent des mièvreries comme si leur vie en dépendait. Moi, le matin, j'ai besoin de calme.
Le réfectoire est rouvert, je vais pouvoir prendre un vrai petit déjeuner. Je visse mes lunettes sur mon nez, passe un bandeau qui retiendra mes mèches. Celles-ci me gênent trop quand j'écris et je n'ai pas envie de passer mon temps à les remettre derrière mon oreille.
Je jette un œil dans le miroir. La binoclarde est de retour, des cheveux en moins.
Je vais prendre mon petit déjeuner puis me dirige vers la salle de mon premier cours. Je sors mes cahiers et révise vite fait le sujet du jour.
Les élèves entrent les uns après les autres, prennent place sur les sièges, s'interpelle dans une humeur joyeuse. La perspective de la rentrée saoule tout le monde, mais une fois devant le fait accompli, les élèves sont souvent heureux de se retrouver et d'échanger de nouveaux ensembles.
Je pousse un soupir. Les oreilles trainantes, je capte un « Tiens ! La binoclarde sait ce qu'est une paire de ciseaux finalement. » « Ouais, mais elle est toujours aussi bizarre », et blablabla par ci, et blablabla par là.
Tout est tellement normal que j'ai l'impression d'avoir rêvé les dernières vacances.
Le prof s'installe à sa place, je jette un œil par la fenêtre et aperçois la tignasse rouge de Castiel qui avance de sa démarche nonchalante. L'appel commence, tout le monde semble là, Castiel est absent, sans grande surprise.
Je me retiens de sourire, je l'imagine en train de fumer sa clope à l'entrée du bâtiment, une jambe tendu, l'autre en appuis sur le mur, une main dans la poche avec son sac sous le coude pendant que l'autre fait des aller retour jusqu'à ses lèvres.
Merde ! Je n'ai pas entendue un traitre mot du début du cours. Je me concentre de nouveau pour suivre le début du cours. Mais à ce moment là, on frappe à la porte et Castiel entre sans attendre avant de se poser à sa place habituelle au fond de la classe. Comme tout le monde, je le suis du regard. Il n'aura pas jeté un œil vers moi. J'ai un petit pincement au cœur, mais après tout, c'est moi qui l'ai voulu.
Je me tourne de nouveau vers le prof et essaye tend bien que mal de suivre ce qu'il dit en prenant des notes.
La journée me semble bien monotone. Avant, je n'y aurais pas fait attention, mais se contenter de suivre les cours et de travailler est d'un ennui mortel. Au self, je mange à peine, jette le contenu de mon plateau puis part travailler dans un coin avant de retourner bosser.
Les trois premiers jours se déroulèrent ainsi sans accro, je redevenais une chose insipide, Castiel était de nouveau un parfait inconnu dans mon univers. Je me sentais désespérément mal.
Le dernier cours avant la pause du midi venait de se terminer et comme les autres, je rangeais mes affaires dans mon casier avant d'aller manger. Une main s'abattit violement à côté de ma tête.
-Hey ! La binoclarde !
Je me retournais bouche bée pour faire face à Castiel. Les gens autour faisaient mine de ne pas regarder, mais la plupart s'étaient en réalité figés, histoire de voir ce qu'il allait se passer et surtout, histoire de savoir ce qu'avait fait cette pauvre loque pour que Castiel s'en prenne à elle. Il y aurait surement du spectacle.
-Oui ?
-Demain on a pas cours après manger, tu m'attends à la bibliothèque, je veux voir tes notes pour notre devoir d'histoire.
-Je...
Et il me laissa en plan comme ça. Fendant la foule des étudiants avec son habituel assurance. Ses mots avaient été rudes, mais dans ma tête, j'entendais « demain 14h ? ». Je me retournais vers mon casier alors que j'entendais des gens autour de moi me plaindre. Cachée par la porte du casier, je laissais un sourire fugitif passer sur mes lèvres. Oui, il m'avait manqué.
J'attendais le lendemain avec impatience. Dans la matinée, les cours me semblaient passer à une allure lente. Comme au ralenti alors que tout ce que je voulais, c'est qu'ils soient fini. J'avalais vite fait mon repas au self puis me rendais à la bibliothèque, cherchant une table un peu à l'écart où on aurait un minimum de tranquillité. Je posais mes affaires puis commençais mes devoirs pour la semaine suivante en attendant.
La chaise à côté de moi racle le sol, quelqu'un s'installe. Je n'ose pas lever les yeux vers lui, j'ai peur de sourire, les autres élèves assis plus loin trouveraient ça louche.
Il gribouille quelque chose sur une feuille, la tend vers moi. « Tu me manques ».
Je serre les lèvres pour m'empêcher de rire, ou de pleurer, je ne sais pas trop.
Je récupère la feuille, lui réponds. « Toi aussi tu me manques ».
On échange des mots comme ça, pendant une heure qui passe trop vite. A un moment, sa main se pose sur ma cuisse, sous la table, je pose ma propre main dessus, laisse nos doigts s'entrelacer.
Ça me rassure quelque part, de voir que ce qu'il s'est passé durant les vacances n'était pas juste un jeu étrange auquel il jouait avec moi.
On poussait tout les deux un soupir lorsque sonnait la reprise du cours suivant. Je finissais de ranger les papiers, Castiel jeta un regard alentour, s'assurant que les autres élèves étaient déjà partis au cours suivant, puis il se tourna vers moi.
-Sèche avec moi Constance. Allons ailleurs.
-Je ne peux pas Castiel, mes parents le sauraient tout de suite. On aurait des problèmes tout les deux.
-J'aurais essayé.
-Alors tu retourne en cours avec moi ?
-Oui.
Nous avancions maintenant côte à côte en traversant la cours, nous dirigeant vers le bâtiment principal.
-Tu ne devrais pas rater des cours comme tu le fais. Je sais que tu es plus intelligent que tu ne le laisse paraitre.
-Justement, je ne vois pas pourquoi je perdrais mon temps avec des profs qui n'ont rien à m'appendre. Il passait le premier la porte d'entrée, tenant celle-ci le temps que je le suive à l'intérieur.
-Mais tu gâche tes chances d'avoir un avenir professionnel.
-Pas besoin de bonnes notes pour faire de la musique. Enfin, façon de parler hein !
Je lui souriais.
-Pour faire de la musique oui, mais après ? Si tu veux devenir gérant d'une maison de disque ou quelque chose dans le genre ?
-Je n'ai pas cherché aussi loin.
-Et bien tu devrais.
-Tu te soucie de mon avenir ?
-Tu ne t'en souci pas toi ?
-Tu recommence à poser des questions pour éviter les réponses.
-On arrive.
Les autres élèves étaient déjà rentrés dans leurs classes respectives. Nous étions probablement un peu en retard. J'allais atteindre la poignet de la porte quand Castiel m'agrippa par le bras, me faisant pivoter vers lui avant de me déposer un baiser fugace sur les lèvres.
-Je passe le premier.
Je hochais la tête, silencieuse. Il n'y avait que lui pour me faire chavirer ainsi le cœur.
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Un objectif et des clichés
FanficLui est le roi des racailles du lycée. Rockeur à ses heures perdues, icône bellâtre que les filles s'arrachent. Elle, c'est la grosse tête bucheuse au possible. Les lunettes vissées sur son nez sont le signe de sa détermination à réussir ses études...