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Flashback, un an plus tôt. Paris.

La sonnerie de mon téléphone me tire de mon sommeil comateux. Le temps que j'arrive à émerger et mettre la main sur ce maudit portable que la sonnerie s'est arrêtée. Putain on me laisse même pas émerger. J'hésite quelques secondes à jeter mon portable pour me rendormir mais la curiosité me pousse à appuyer sur le bouton pour mettre fin au mode veille de l'appareil. La luminosité trop forte me fait cligner des yeux et je regrette un peu ma curiosité. Cependant en voyant ce nom, s'afficher sur mon écran je ne peux m'empêcher de sourire et je m'empresse de rappeler ma meilleure amie. Je n'ai même pas le temps de placer un mot qu'elle me demande déjà :

- T'as pas oublié pour ce soir ? Je passe te prendre dans une heure !
- Attends ! Il est quelle heure là ?!
- Vingt une heure Alb', ne me dit pas que t'as passé ta journée à dormir !
- Bah visiblement si, vu tout ce que j'ai bu hier en même temps... Bref j'me bouge à toute à l'heure.
- T'as intérêt !

Je rejette ma couette qui tombe à moitié au sol avant de me précipiter vers la salle de bain attenante à la chambre, je me déshabille en même temps avant de rentrer dans la douche. Quarante-cinq minutes plus tard j'ai enfin fini de me coiffer et de me maquiller. Je descends rapidement dans la cuisine et j'ai la bonne surprise de trouver un plat laissé par la bonne dans le frigo. Je m'installe dans la salle tout en jetant un regard distrait sur la télé. Vu le silence qui règne mes parents doivent encore être partis je ne sais où. L'avantage c'est que personne ne viendra me reprocher d'être sorti pour la troisième fois cette semaine.

Lorsque la sonnerie de l'interphone retenti je m'empresse d'attraper mon sac et je jette un ultime coup d'œil à ma tenue dans le miroir situé dans l'entrée. Une petite robe noire composée d'un assemblage complexe de dentelle et d'organza ainsi qu'une paire d'escarpins noirs eux aussi. Un maquillage discret et un chignon flou complète ma tenue de ce soir. J'ouvre la porte sans même vérifier sur l'écran de la caméra qui est derrière. J'ai à peine fait un pas que Sarah me saute dessus, son parfum floral m'emplit les narines tout en me laissant un goût acidulé en bouche. Je l'étreins à mon tour tout en lui faisant la bise. Elle me lance alors :

- T'es trop belle comme ça !
- Et c'est toi qui dis ça dis-je en riant et en détaillant sa tenue.

Nos éclats de rire s'éteignent lorsqu'on monte ensemble dans le taxi avec lequel elle est venue. On est en train de se montrer nos photos prises lors de notre soirée de la veille lorsque brusquement je suis prise d'un doute :

- Hé, y a un truc particulier ce soir non ?
- T'as vraiment tout oublié hein, dit-elle un peu moqueuse, on fête l'anniv' d'Eddy, il a 24 ans.
- Ha ! Je savais bien qu'il y avait un truc !

Une dizaine de minutes plus tard le taxi nous dépose devant le 45, l'un des clubs les plus hypes en ce moment, en particulier pour sa terrasse qui offre une vue sympa de Paris. Malgré le monde devant l'entrée on se fraie un chemin jusqu'au videur pour lui glisser nos noms, après une rapide vérification sur sa liste il nous laisse entrer sans problème. La musique électro nous enveloppe aussitôt rendant ainsi toute conversation difficile. On scrute ensemble la foule du regard pour retrouver nos amis, on finit enfin par les rejoindre sur la terrasse qui a été privatisée pour l'occasion. Après avoir salué rapidement tout le monde, on rejoint ensuite le mec de Sarah, assis à l'une des tables et en grande conversation avec Eddy.

Le connaissant mal je me détourne assez vite de la discussion qui prend un tour quelque peu ennuyant après avoir pris la peine de lui souhaiter un bon anniversaire. Je finis la coupe de champagne que l'on m'a servi avant de glisser à l'oreille de Sarah que je vais aller danser un peu. Je quitte rapidement l'air frais de la terrasse pour retrouver celui surchauffé de la salle. Ayant l'habitude de l'exercice je me mêle sans mal à la foule de corps ondulants au rythme des décibels. J'ignore les quelques tentatives d'approche jusqu'à ce que Sarah me rejoigne et me tire par le bras pour me traîner jusqu'aux toilettes. La lumière bleue qui s'échappe des néons au-dessus des lavabos m'agresse les yeux et la musique bourdonne encore dans mes oreilles. On s'enferme dans l'une des rares cabines libres.

- T'en veux ? Eddy m'en a filé alors on partage si tu veux, dit-elle en me tendant la paume de sa main.

J'y découvre deux petits carrés d'un bleu pâle avec une étoile imprimée dessus. Vu la monotonie de la soirée c'est plutôt une bonne idée. Je saisis sans hésitation l'un des buvards et le glisse sur ma langue contre laquelle il se désagrège.

Le temps que la montée arrive on retourne sur la terrasse pour fumer une clope et boire un nouveau verre. L'alcool mêlé au LSD me rend rapidement euphorique et je n'ai plus qu'une seule hâte retourner danser. Sans hésiter j'entraîne Sarah avec moi l'on danse ensemble tout en riant. Rapidement quelques mecs nous rejoignent, sans que l'on y prête vraiment attention. Un petit quart d'heure plus tard on fait une pause au bar en appréciant chacune une vodka Red Bull. J'ai beau être assise sur le tabouret mes hanches continuent de s'agiter sur le rythme de la musique, cependant je sursaute lorsqu'une main se pose sur mon épaule et qu'une voix chaude me glisse à l'oreille :

- J'ai vu que ton verre était vide alors je me suis permis.

Le mec pose à côté de mon précédent verre un mojito avant de partir sans me laisser ne serait-ce que le temps de le remercier. Je le suis du regard tandis qu'il se mêle à la foule, grand et plutôt baraqué, sa voix envoûtante laisse présager un visage sans doute plus que mignon.

- Vas-y, me lance Sarah, je vais aller rejoindre Tony moi. Il ne voulait pas tarder à rentrer, tu sais que les soirées c'est pas vraiment son truc...
- Vous êtes vraiment le jour et la nuit tous les deux dis-je avec un sourire moqueur.
- Mais ! Laisse mon mec tranquille dit-elle en riant.
- Bon, je rentrerai seule alors, t'inquiète pas pour moi, je suis une grande fille. Passez une bonne soirée tous les deux.
- On s'appelle demain ?
- Oui la première réveillée appelle l'autre comme d'hab' !

J'avale une gorgée du verre généreusement offert et étreint Sarah pour la saluer avant de me glisser dans la foule en espérant retrouver l'inconnu.

DésolationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant