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Un affreux mal de tête me tire d'un sommeil lourd et sans rêves. Je mets plusieurs minutes avant de réussir à ouvrir convenablement les yeux et identifier le décor autour de moi. Je suis seule dans la chambre où j'ai dormi pour la première fois avec Seth, mais comment est-ce que je suis arrivée là ? J'ai beau fouiller ma mémoire je n'ai qu'un immense trou noir.

En théorie lorsque ça arrive les événements me reviennent par bribes au fur et à mesure, il ne faut pas que je m'inquiète. Je me force à respirer lentement et me lève avec précaution pour me mettre en quête d'une aspirine. Ce n'est qu'à ce moment là que je prends conscience que je ne porte qu'un large t-shirt noir m'arrivant à mi-cuisses et vu ce que je ressens je suis forcément nue en dessous. Mais putain, qu'est-ce que j'ai fait de mes fringues et qu'est-ce qu'il s'est passé ?... Je me rassois sur le lit et me masse les tempes en espérant naïvement qu'un miracle se produise. Je me force à ne pas paniquer et détaille la chambre du regard à la recherche de mes fringues.

Devant le peu de succès je finis par me concentrer sur mon mal de tête qui m'empêche d'aligner plus de deux pensées cohérentes. Le couloir tout comme le reste de la maison semble calme hormis quelques bouteilles et des gobelets qui traînent ici et là. Je me glisse dans la salle de bain et fouille dans l'armoire à pharmacie placée près du lavabo.  Je finis par trouver les précieux comprimés et en avale un sans hésitation, l'eau qui suit me fait du bien et je me sens soudainement beaucoup moins comateuse. Quelques souvenirs avec Seth me reviennent à l'esprit en me faisant rougir et un sourire satisfait naît sur mes lèvres.

Visiblement si mes fringues doivent être quelque part c'est dans la chambre de Seth, je m'y rends sans hésiter et ouvre la porte avec précaution mais la pièce est vide. J'entre et cherche autour du lit avant de mettre la main sur mes fringues. Ok, ça c'est fait, il me reste tout de même un sérieux trou noir puisque je n'ai aucune idée du pourquoi je n'ai pas dormi là. Je sors mon portable de mon sac qui traînait au sol, heureusement que j'ai l'habitude de ne pas m'en séparer en soirée. Je découvre avec joie un SMS de Sarah qui demande à me voir et plusieurs de la part de Seth me souhaitant un bon réveil et m'expliquant qu'il a dû s'absenter à cause de son frère. Mon sourit s'élargit un peu plus en lisant son dernier message sur son ressenti de la nuit. Je leur réponds rapidement avant de descendre.

Je profite que la maison soit vide pour me faire un café, n'ayant rien de prévu ce matin je prends le temps de faire un peu de rangement, cette tâche simple me permet de retrouver tout doucement toute mes facultés. Mes souvenirs afflux lentement eux aussi, je ne cherche pas à les interpréter immédiatement, je sais d'expérience qu'ils ont tendance à se disloquer si j'agis ainsi. Je suis obligée d'attendre que tout s'assemble pour avoir une chance de comprendre. Lorsqu'un semblant d'ordre règne sur la maison je m'empresse de rejoindre mon père pour l'éternel déjeuner dominical en famille, j'espère juste faire bonne figure vu mon état.

Ce n'est qu'en fin d'après-midi que je rejoins Sarah chez elle, elle m'accueille l'air grave si bien qu'à peine installée je lui demande ce qui ne va pas.

— J'ai déconné avec Ace...

Je lui lance un regard surpris avant de réclamer des précisions.

— Il est venu ici hier matin, quand je lui ai raconté qu'on s'était embrouillé, il avait l'air tellement inquiet... J'ai été trop conne, j'aurais dû t'en parler avant mais j'étais persuadée que ça se passerait mal.
— Arrête d'esquiver, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Elle me regarde l'air honteuse avant de lâcher dans un murmure :

— Je l'ai laissé m'embrasser... Je me sens mal pour June, mais j'arrête pas de penser à ce putain de baiser.
— T'es sérieuse ?!

Elle hoche la tête mais reste muette, je ne sais pas trop quoi lui dire sa révélation m'ayant mise quelque peu mal à l'aise, alors je me contente de saisir ses mains pour les serrer délicatement. Elle me lance un regard en coin avant de chuchoter :

— Tu crois qu'il pourrait quitter June ?
— Nan, c'est pas ça la question, tu l'aimes ou t'en as juste envie pour te consoler ?
— Je... Oublie t'as raison, c'est une idée de merde, faut que je passe à autre chose. Je ne suis pas ce genre de meuf.

Elle me regarde l'air résolu avant de me demander comment s'est passée la fête avec Seth. Alors que je suis en train de lui raconter, malgré les nombreux éléments qui me manquent Sarah m'interrompt l'air anxieuse.

— Heu... je veux pas briser le truc, c'est mignon et tout ça mais t'as pensé à te protéger ?

Ses mots me font l'effet d'une claque et je lui lance un regard interloqué.

— Heu... non... putain...

J'y ai pas pensé une seule seconde et j'ai même pas de contraception, j'ai juste aucune idée de ce que je dois faire. Sarah qui semble comprendre ma détresse m'attire contre elle pour un câlin, pendant que je demande d'une voix blanche :

— Je fais quoi maintenant ?...
— Demande lui, peut-être qu'il y a pensé et que tu stress pour rien.

J'hoche la tête peu confiante sur ce point et m'empresse d'envoyer un sms à Seth, il me répond rapidement et semble aussi confus que moi d'avoir négligé ça, il me promet également de passer me voir ce soir.  Sarah me tire de mes pensées en se levant et en tirant sur l'un de mes avants bras pour que je fasse de même.

— Allez vient, on va trouver une pharmacie de garde il te faut une pilule du lendemain, plus vite tu la prends, mieux c'est.

Mes neurones semblent se remettre lentement en état de marche puisque je comprends toute la nécessité de la chose et cherche rapidement une adresse sur mon portable.

Après avoir dû traverser tout Paris et supporter une remarque acerbe du pharmacien, on est retournées chez Sarah. Pendant qu'elle me sert un verre d'eau je sors la plaquette pour découvrir qu'elle contient seulement un petit comprimé.

— Tout ça pour ça ?
— On dirait. La notice dit que ça peut filer des maux de ventre, j'espère que ça ira...
— J'ai pas le choix.

Mon amie acquiesce pendant que j'avais ce foutu cachet sous son regard rassuré

DésolationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant