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Je suis en train de faire les cents pas dans ma chambre en cherchant en vain comment contenir le stress qui me donne d'insupportable maux de ventre. J'ai en effet dû rentrer chez moi en milieu de matinée, histoire de montrer à mon père que je suis toujours en vie. Depuis je me ronge les sangs en prévision de ma rencontre avec Sia, tout en attendant un signe de la part de Sarah. Mais visiblement elle ne semble pas décidée et je n'ai aucune envie de faire le premier pas. Ma fierté me pousse à rester silencieuse et je sais que c'est la même chose pour elle, généralement on fini par régler nos querelles en cours parce qu'on est forcées de se fréquenter, mais là avec les vacances...

Comment est-ce qu'on doit se saper pour rencontrer l'ex de son mec ? Je commencerai presque à regretter d'avoir accepté cette idée. Je demanderais bien à Seth mais il m'a prévenu qu'il serait occupé une bonne partie de la journée, il travaille en relation avec les marchés boursiers et profite des jours de fermeture de la bourse parisienne pour faire le point avec ses associés apparement. 

En voyant l'heure fatidique se rapprocher je finis par opter pour une robe d'un vert tirant sur le noir ainsi qu'une paire de bas et des petits escarpins. L'ensemble est simple et élégant, ça devrait le faire. Je choisis de laisser mes cheveux détachés si bien qu'ils tombent en de douces boucles dans mon dos. Je ne résiste pas par contre à appliquer un rouge bien rouge sur mes lèvres, ça me fait perdre les quelques brides enfantines qui peuvent me rester et j'espère ainsi gagner en crédibilité auprès de Sia.

Je finis par me résigner à descendre pour attendre Seth qui ne tarde pas à sonner à l'interphone. Je salue rapidement mon père qui était en train de regarder la télé avant de rejoindre Seth. Ce dernier a prit le temps de retirer son casque pour m'offrir un baiser tout en m'étreignant contre lui. On s'arrête à peine une une dizaine de minutes plus tard dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, Seth m'entraîne dans l'un des petits cafés présents et l'on profite du fait que la terrasse soit chauffée pour s'y installer, assis côte à côte en faisant face à la rue.

— J'avais déjà donné l'adresse à Sia, elle ne devrait pas tarder. Tu n'es pas trop stressée ma belle ?
— Si... J'ai peur que ça se passe mal...
— Laisse moi gérer, tout ira bien.

Il se saisit de ma main sous la table, en apercevant Sia arriver il la serre un peu plus fort comme pour me donner du courage. Elle est vêtue d'un pantalon tout ce qu'il y a de plus classique et d'un haut un peu loose qui cache ses formes. En me voyant assise à côté de Seth son sourire disparaît brusquement et l'une de ses mains attrape nerveusement une mèche de cheveux pour l'enrouler autour de ses doigts. Elle se décide malgré tout à nous rejoindre et tire une chaise d'une table à proximité pour s'installer face à nous, en la voyant ainsi elle me semble un peu plus vieille que moi. Elle me lance un regard hautain, avant de saluer Seth en m'ignorant royalement. Je mordille mes lèvres pendant que mes sentiments se disputent entre la honte et la colère. En me sentant me tendre Seth se décale légèrement pour que nos cuisses se touchent.

— Salut Sia, je te présente Alba. Je t'ai parlé d'elle tu te souviens ?
— Ah oui, son regard se pose sur moi et elle m'adresse un sourire mauvais, c'est ta nouvelle pute du moment ?

Mais putain, entre ça et le mec d'hier soir qu'est-ce qu'ils ont tous à vouloir que je vende mon cul. N'ayant plus vraiment envie de faire d'effort pour paraître cordiale je lui réponds du tac au tac :

— Et toi tu es la traînée qui n'a pas compris que vous deux s'est fini ?
— Parce que lui et moi ça ne sera jamais fini petite idiote, on est liés.

En prononçant ses mots une émotion que je n'arrive pas à identifier voile son regard durant une infime seconde, comme si derrière il y avait une vérité douloureuse. Ses mots font par contre réagir Seth qui lui lance d'une voix glaciale :

— Arrête ce cirque Sia. Je n'ai plus aucun sentiments pour toi, alors à partir d'aujourd'hui tu dégage de ma vie. Tu me fous la paix, tu ne t'approche pas de ma copine et plus jamais tu lui parles comme ça.
— Sinon ?

Elle reprend bruyamment la mastication de son chewing-gum avant de laisser une petite bulle éclater, je sens Seth se tendre et c'est à présent à moi de lui serrer la main pour essayer de l'apaiser. Même le serveur doit avoir conscience de la tension qui règne car il ne s'attarde pas en déposant les cafés que l'on avait commandés en arrivant.

— Je n'ai jamais aimé frapper les filles mais pour toi, je peux faire une exception.

Sia le regarde quelque peu surprise avant d'éclater bruyamment de rire.

— Ça ne serait pas la première fois mon chéri. L'aurais-tu oublier ?
— Arrête, tu sais que ce n'était pas moi. Et ne m'appelle plus jamais ainsi.
— Quoi ?! Tu as peur que ça gêne ta traînée ?

Trop c'est trop. Je ne m'attendais pas à ce que cette fille se comporte ainsi, mais je ne compte vraiment pas la laisser m'insulter. En faite, ce qui me blesse le plus c'est cette facilité qu'elle a eu à appeler Seth ainsi. Cette envie qui me dévore et me terrifie en même temps, tous ses mots, ses sentiments qui refusent de sortir de ma bouche et m'oblige à trouver d'autres subterfuges pour lui monter mon amour.

Je me saisis de la tasse de cappuccino et en avale une gorgée sous le regard narquois de Sia, je lui souris avant de jeter le reste de ma tasse sur elle. Le liquide humidifie rapidement son haut et j'ai à peine le temps de profiter de son cri de surprise et de son air défait que je me lève pour partir sans un mot, ne pouvant en supporter plus.

Seth se lève précipitamment pour me rattraper, il réussit à se saisir de mon bras et le tiens fermement, assez pour me faire mal et me forcer à m'arrêter. Alors que je me retourne pour lui faire face il me plaque contre lui et m'embrasse sauvagement. Un baiser brûlant, possessif qui raisonne en moi comme une urgence qui affole mon cœur. Je me retrouve à m'accrocher désespérément à Seth, j'oublie que je suis en plein milieu de la rue, j'oublie le regard brûlant de Sia que je sens sur moi tout comme celui amusé des passants. Lorsque nos lèvres se séparent je me sens vide, un vide bienfaiteur, régénérateur qui m'apaise et balaie les doutes que Sia pouvait insinuer en moi. Seth me sourit et se saisit de ma main tout en m'annonçant :

— Retourne t'assoir, on a pas fini.

DésolationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant