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Je scrute la foule avec attention mais en vain, j'étouffe un soupir de frustration et continue tout de même de me frayer un chemin parmi les nombreux danseurs. Au bout de plusieurs minutes de recherches infructueuses et lassée d'être ballottée en fonction du mouvement des clubbers, je remonte sur la terrasse pour m'allumer une clope et profiter du calme qui y règne. Seuls quelques couples que je connais de vue sont encore présents, les tables sont toutes couvertes de cadavres de bouteilles, visiblement Eddy a dû bien profiter de son anniversaire.

Je m'accoude contre la balustrade et m'allume une clope tout en regardant la rue en contrebas. Sans la présence de Sarah la soirée a perdu de son attrait et je commence à songer à rentrer quand Eddy vient s'installer à côté de moi, un verre à la main.

— Tu passes une bonne soirée ?
— Oui c'est plutôt sympa mais je commence à m'ennuyer un peu, mon amie est partie...
— Oh, tu veux y aller ? Je te raccompagne si tu veux.

Pour la première fois de la soirée je prends le temps de le détailler, ses yeux bruns sont fixés sur moi et un petit sourire en coin creuse ses joues. Conscient de son charme et attendant ma réponse il passe négligemment l'une de ses mains dans ses cheveux bruns. Je lui rends son sourire et hésite quelques secondes avant de refuser sa proposition qui risque fort de déraper. Peu désireuse qu'il insiste je fais en sorte de m'éclipser rapidement après l'avoir salué.

Je fais quelques pas dans la rue à la recherche d'un taxi mais en vain. J'étouffe un soupir et me résigne à sortir mon téléphone pour commander un VTC quand une voix me demande :

— Besoin d'aide ?

En temps normal je ne prends même pas la peine de me retourner ni même de répondre, ayant l'habitude des dragueurs de fin de soirée mais j'ai déjà entendu le timbre de cette voix grave. Je souris en découvrant enfin son visage et putain, je ne m'étais pas trompé. Ce n'est pas tant sa beauté qui est remarquable mais son charisme, j'ai juste envie de dire oui à tout ce qu'il pourrait me proposer, parce qu'il dégage tant de confiance en lui que je suis sûre que je ne risquerais rien, que dans ses bras je serai juste une petite fille protégée. Je prends brusquement conscience qu'il attend une réponse à ma question et que je dois avoir l'air particulièrement stupide à le regarder ainsi, béate d'admiration. Je bafouille alors :

— Heu... Oui... Je crois...

Pitoyable. Je suis pitoyable. Et l'éclat rieur qui naît dans ses prunelles bleues me le prouve. Si le sol pouvait s'ouvrir sous mes pieds je crois que ça serait bien, au lieu de ça il s'avance d'un pas vers moi.

— Tu cherches un taxi ? Je peux te ramener si tu veux, ça ne me dérange pas.
— Tu es sûr ?

Je sais, en théorie on ne monte pas avec n'importe qui en voiture, mais je ne peux pas dire non à ses jolis yeux, ses charmantes fossettes et ce petit sourire joueur.

— Oui, j'espère juste que tu n'auras pas peur.
— Peur ? Pourquoi ?
— Tu verras, allez viens.

Sans attendre une réponse de ma part il fait demi-tour et s'éloigne sans même s'assurer que je le suis. J'hésite quelques secondes avant de presque courir pour le rattraper. On marche ainsi durant quelques minutes, pour briser le silence je lui demande timidement :

— Tu fais souvent ça ?
— Proposer mon aide à des demoiselles perdues ou accepter de raccompagner les plus jolies filles ?
— Je suis déçue, je m'attends à une réponse plus intéressante qu'une phrase de drague dis-je en faisant la moue.

Il s'arrête pour me fixer avant de rire et de me répondre plus franchement :

— Non, c'est la première fois je crois. Et toi, tu suis souvent des inconnus ?
— Heu...non...
— Et tu n'as pas peur ?
— Je devrais ?
— Va savoir, après tout, tu ne me connais pas.

Cette dernière phrase me donne quelques frissons, la situation prend un tour encore un peu plus étrange mais je suis malgré tout curieuse de connaître la tournure des événements. Après avoir tourné au coin de la rue il fait encore quelques pas avant de s'arrêter devant une imposante moto noire. Je n'y connais absolument rien dans ce domaine, je sais juste que c'est une Ducati puisque la marque est peinte sur la calandre, mais visiblement il semble assez fier de son bolide si j'en crois son sourire. Joueuse je demande alors :

— C'est de ça que je devais avoir peur ?
— On en reparlera une fois que tu seras montée dessus me répond-il avec un clin d'œil.

Il sort un trousseau de clés de la poche de son jean brut et retire l'imposant antivol avant de déverrouiller la selle pour en sortir le casque qui était rangé en dessous. Il me le tend et je lui lance un regard interrogatif en retour et auquel il me répond :

— T'inquiète pas pour moi, c'est juste un trajet de quelques minutes.

Il sort également du rangement un petit GPS et je lui donne mon adresse. Il remet tout en place et déplie les cales pieds pour passager. Je ne peux plus vraiment reculer maintenant alors j'étouffe un soupir et j'enfile le casque après avoir relevé la visière. Il se rapproche et m'aide pour l'attacher après avoir délicatement repoussé une mèche de cheveux tout en effleurant mon cou, ce simple contact suffit à électriser mon corps. Toujours sans un mot il enfourche sa moto avant de me faire signe de le rejoindre. Gênée par ma robe et par mon manque d'expérience je m'installe maladroitement avant de refermer mes bras contre son torse et de me reposer contre lui, ce qui accroît un peu plus mon trouble. Il patiente quelques secondes pour s'assurer que je suis bien installée avant de mettre le contact et de retirer la béquille.

DésolationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant