Désolation

68.

C'était sans compter sur le fait que Sony me suive et finisse par me rattraper en saisissant mon bras. Je m'arrête et me dégage sèchement en lui demandant :

— Qu'est-ce que tu veux ?!

— Calme toi et excuse-toi dis-il tout en se massant la joue.

— Même pas en rêves.

— Même si j'accepte de parler un peu ?

Je le regarde surprise et respire un grand coup pour reprendre mes esprits, ça pue l'arnaque mais la curiosité est trop grande si bien que je lui présente mes excuses sous son regard narquois. Il me sourit avant de me dire de le suivre. Quelques minutes plus tard je me retrouve de nouveau dans son salon, je m'assois tout en entortillant une mèche de cheveux autour de mes doigts. Je le fixe avec insistance en attendant qu'il lâche ce qu'il voulait me dire. On reste ainsi durant plusieurs minutes jusqu'à ce qu'il lâche en soupirant :

— J'aide Seth dans ses recherches. C'est tout.

— Ses recherches ?

Devant mon air étonné Sony me lance un regard surpris avant de me demander :

— Tu n'es pas au courant ? Par rapport à Sia...

— Ah ça. Je ne savais pas qu'il cherchait toujours.

J'ai l'impression de passer pour une idiote tellement je dois paraître lente d'esprit à Sony qui continue de me fixer avec étonnement. Il secoue la tête comme s'il en avait trop dit avant de lâcher :

— Tu devrais avoir une bonne discussion avec lui, surtout si vous allez vous marriez ensemble.

— Non mais je suis au courant hein. Je ne savais juste pas qu'il continuait de chercher, c'est tout.

— Rassure-toi comme tu peux, ça ne change rien au faite que ton cher fiancé te cache des choses. Il t'a raconté toute l'histoire lui-même au moins ?

— Non... C'est Ace...

L'impression désagréable qu'il en sait plus que moi sur mon copain, et le sentiment désagréable que Seth fait d'avantage confiance à Sony qu'à moi commence à s'infiltrer doucement en moi et c'est particulièrement désagréable. Je mets ma jalousie de côté pour lui demander :

— Mais comment toi tu peux l'aider ? Il me semble qu'il avait déjà fait faire des recherches par un pro et ça n'avait rien donné.

— Parce que j'utilise juste des moyens un peu moins légaux et que je sais être très persuasif.

— Et donc en retour il travaille pour toi c'est ça ?

— Oui.

Je ne suis pas totalement convaincue mais me contente de le remercier avant de finalement prendre congé en essayant de placer ces nouvelles pièces du puzzle à la bonne place et en admettant que Sony ne m'ait pas menti. C'est au moment de sortir que je remarque la photo encadrée au mur, Sony et Sia en train de s'embrasser au pied de la tour Eiffel, plus cliché c'est pas possible, mais ça me prouve au moins que cette dernière m'a menti. Voyant que ma surprise Sony me demande :

— Je te l'avais dis non ?

— Mais elle m'a dit ne pas te connaitre...

— Elle a menti, elle voulait sans doute me protéger, elle est toujours tellement adorable.

— Ça fait longtemps ?

— Un peu plus d'un an même si on se voyait avant.

Je mets quelques secondes à comprendre ce que le avant signifie, je demande donc avec une certaine hésitation :

— Comment ça avant ? Tu veux dire qu'elle trompait Seth avec toi ?

Comprenant son erreur Sony reste silencieux et se contente de secouer la tête comme pour me détromper dans mes déductions, je poursuis cependant :

— Mais, ça se trouve c'est toi le père du gosse du coup ? C'est pour ça que tu aides Seth ?

— Non, me répond-il sèchement.

— Je ne te crois pas.

— Tu ferais bien pourtant.

Et en quelques secondes il me plaque contre la porte et comme par magie un couteau papillon se retrouve dans sa main, main qui appuie le fil de la lame contre ma gorge.

— Tu ne vas rien dire et on va arrêter ce petit jeu d'accord ?

— D'accord...

— Jure-le, dit-il en appuyant un peu plus la lame contre ma peau.

— Ok, je te le jure.

Sans ajouter un mot il range son couteau et ouvre la porte par laquelle il me pousse. Encore un peu sous le choc je passe ma main contre mon cou pour y recueillir quelques gouttes de sang. Je sors un miroir de mon sac pour regarder l'importance de ma blessure et pousse un soupir de soulagement en voyant que seul un léger trait est présent, le sang à d'ailleurs déjà arrêté de couler.

En faite plus le temps passe, plus j'assemble d'éléments, moins j'y vois clair, tout le monde ment tellement qu'à force je n'ai plus confiance à personne et je ne sais plus quoi en penser. Je devrais être contente d'avoir appris quelque chose de nouveau mais la menace de Sony fait que je me sens particulièrement désespéré si bien que le soir alors que je m'apprête de me coucher auprès de Seth je lâche :

— J'abandonne, j'arrête.

— De quoi tu parles ?

— De Sony, de vos embrouilles et de vos mensonges, j'arrête de m'en occuper, j'en ai marre.

Seth me regarde avec surprise mais reste silencieux il replace une mèche de cheveux derrière mon oreille et dépose un léger baiser contre mes lèvres avant de s'excuser. Je hoche la tête et me laisse choir contre lui tandis qu'il m'enlace tendrement.