12.

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J'ai à peine le temps de frapper à la porte que Sarah en larmes me tombe dans les bras. Ne sachant pas trop quoi dire je la berce doucement contre moi durant plusieurs minutes avant de me détacher délicatement.

— On sera mieux à l'intérieur non ?

Elle hoche la tête et m'entraîne dans son petit studio. Je m'assois sur le canapé et fouille dans mon sac pour en sortir un paquet de mouchoirs. Sarah s'installe à côté de moi. J'essuie doucement ses yeux et son mascara qui a coulé avant qu'elle éclate de nouveau en sanglots. Je la serre tendrement en caressant ses cheveux pendant qu'elle essaye de m'expliquer ce qu'il lui arrive en hoquetant. Mon amie finit par renoncer et sort son portable de sa poche. J'y découvre un SMS court et concis de la part de Tony qui lui annonce qu'il rompt car il a rencontré quelqu'un d'autre. Si Sarah n'était pas en train de vider toutes les larmes de son corps contre moi je crois que j'appellerais ce connard sur le champ, sérieusement quel genre de mec peut rompre par SMS, je le voyais vraiment pas comme ça.

— Tu ne perds vraiment rien ma belle, je t'assure.
— Mais...
— Non, non, allez sèche moi tes larmes, il ne les mérite pas.

Alors que je m'apprête à attraper un nouveau mouchoir le sachet qu'Ace m'avait donné tombe au sol en rependant son contenu, un linge blanc dont s'échappe un éclat métallique. Sarah qui a essuyé ses larmes regarde le bout de tissu avec curiosité avant de me demander :

— C'est quoi ?
— Je ne sais pas, en théorie ça devait être une de mes robes...

Je tire sur l'un des pans du tissu pour en révéler son contenu et j'étouffe un hoquet de surprise.

— Merde ! Mais c'est quoi ça putain ?!
— J'en sais rien dis-je assez ébahie devant l'arme qui repose par terre.
— Tu penses que c'est une vraie ?
— J'en sais rien je te dis ! Bordel...

Je mets plusieurs minutes à me reprendre devant cette situation assez surréaliste et dire que je me suis baladée dans le métro avec ça. Je replis le linge avec précaution avant de saisir mon téléphone, j'hésite entre appeler Seth ou Ace avant de me décider pour ce dernier, après tout c'est de sa faute tout ce bordel. Cependant cela a au moins le mérite de faire cesser les pleurs de Sarah.

Ace arrive un petit quart d'heure plus tard, devant mon teint blême et les yeux rougis de Sarah il entre sans faire d'histoires et s'empresse de demander :

— Qu'est-ce qui ne va pas ?
— À toi de me le dire...

Je lui désigne du regard le petit paquet qu'on a fini par poser sur la table basse. Ace s'en approche en triturant ses doigts l'air stressé, il soulève l'un des pans du tissu et fixe l'arme avec un petit sourire en coin, ce qui n'échappe pas à Sarah qui s'exclame :

— Ça te fait rire ?! C'est quoi ton putain de problème ?
— Je... Non, c'est juste nerveux dit Ace en déglutissant difficilement, je vais vous débarrasser de ça.
— Attends, tu comptes au moins m'expliquer ce bordel non ?
— Non. Parce que j'ai aucune explication à te donner Alba.
— Comment ça ? C'est toi qui m'a filé ça...
— Oui mais non.

On se lance un regard consterné avec Sarah, ne voulant pas laisser Ace s'en tirer comme ça je le pousse contre le canapé, il n'oppose pas de résistance et se laisse tomber pour s'affaler dessus en me lançant un sourire joueur.

— Hm, tu deviens entreprenante, c'est plutôt intéressant. Je crois qu'on serait mieux sans ta pote, me lance Ace, mais tu pourrais au moins venir sur mes genoux non ?

Exaspérée je me rapproche de lui pour lui coller une gifle. Il se masse doucement la joue sans se départir de son sourire pendant que Sarah laisse échapper un éclat de rire tout en me demandant :

— T'avais pas déjà giflé son frère aussi ?
— Si mais...
— Attends, me coupe Ace, t'en a collé une à Seth ?!

Je lève les yeux au ciel, qu'est-ce qu'il peut être exaspérant bon sang. Et Sarah qui en rajoute, je suis vraiment pas aidée putain.

— Bon. Reprenons qu'on en finisse. Tu me files un sac avec un flingue dedans comme ça ? Sans aucune raison ?
— On fait un deal. Tu me racontes pour cette histoire de baffe et je t'explique.

Mon dieu, je sens que je vais vraiment m'énerver, Sarah doit s'en apercevoir car elle pose une main rassurante sur mon épaule avant de me demander si je veux un verre d'eau. Je me force à respirer lentement et décline son offre. Sentant que la conversation n'est pas finie je me laisse tomber sur le canapé à côté d'Ace, Sarah s'assoit elle aussi en tirant l'une de ses chaises qu'elle place face à nous. Devant son impatience et l'air décidé d'Ace je finis par capituler.

— Ok. Je l'ai giflé parce qu'il m'avait embrassé par surprise. Satisfait ?
— Bof je m'attendais à une histoire plus palpitante. Mais pour respecter ma part du deal je vais t'expliquer, même si tu risques d'être déçue.

Ace en profite pour se décaler de manière à ce que nos cuisses se touchent. Désireuse d'en finir je préfère ne rien dire et me contente de me décaler tout en lui lançant un regard noir.

— J'ai pas d'explication, j'ai vraiment mis ta robe dans ce sac, je l'avais laissé dans le salon. J'étais seul avec Seth, et comme ce n'est pas moi, je te laisse conclure.

Je lance un regard dubitatif à Sarah qui semble elle aussi y croire autant que moi. Cette histoire est en train de me donner mal à la tête, je préfère laisser tomber pour l'instant même si je me promets d'en toucher un mot à Seth. Ace se saisit du linge et examine l'arme avec attention avant de la glisser dans la poche de son jean qui semble visiblement assez grande. Devant l'air surpris de Sarah il lui explique :

— Je vérifiais juste le cran de sécurité, j'ai pas envie de me faire trouer la jambe pour vos jolis yeux.
— C'est bien une vraie donc ?
— Je peux même te dire qu'elle est chargée vu son poids.

Ses mots font blanchir Sarah jugeant que ça en est assez je me lève en tirant Ace par le bras pour le raccompagner à la porte. Avant de le laisser partir je sors mon téléphone pour lui montrer la photo que j'ai reçue de sa part.

— Tu m'expliques ?
— C'est une photo ça se voit non ?
— Non mais pourquoi tu m'envoies ça ?
— Demande à mon cher demi-frère.

Et sans me laisser le temps de répondre quoique ce soit il tourne les talons et dévale les escaliers pour retrouver la rue.

DésolationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant