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Un an plus tard.

Seth s'est absenté pour un voyage d'affaires, depuis qu'il a rompu ses liens avec Sony un peu avant notre mariage il travaille de plus en plus tard et s'absente de plus en plus, comme si se noyer dans son travail pouvait l'aider à oublier qu'il a perdu l'espoir de revoir son enfant. Je me retrouve donc à dormir plusieurs fois par semaine seule dans la chambre qu'il occupait déjà auparavant. Il vit toujours avec Ace, qui est absent aussi ce soir sans que j'en connaisse la raison, nos liens s'étant quelque peu étiolés puisqu'il a choisi pour sa part de continuer à fréquenter Sony.

L'ensemble de la maison est calme et je suis en train de glisser doucement vers une nuit de sommeil paisible quand un bruit de verre brisé me fait sursauter si bien que je me redresser aussitôt. L'esprit encore un peu embrumé je peine à comprendre ce qu'il vient de se passer et me contente d'écouter avec attention en espérant entendre quelque chose. Par réflexe j'ouvre le tiroir de la table de nuit se trouvant du côté de Seth et en sort l'arme qui y est rangé. Je me lève en essayant de réfréner un sursaut de peur et allume la lumière avant de sortir dans le couloir, arme au poing. J'ouvre une à une les portes qui donnent sur le couloir sans rien trouver d'inquiétant.

Aucun bruit ne se fait entendre, avec un peu d'appréhension je descends les escaliers et découvre que l'une des fenêtres du salon est brisée et ouverte. Une carte en papier blanc a été posée sur la table basse. J'inspecte le reste du rez-de-chaussée sans rien trouver de suspect avant de me saisir de la carte, un simple mot est écrit dessus « Maintenant » avec en dessous un tampon assez similaire à celui de Sony lorsqu'il m'avait rendu ma robe. Je pose la carte vaguement inquiète à l'idée de devoir recroiser le chemin de ce type.

J'hésite quelques secondes avant d'aller dans l'entrée pour récupérer une lampe torche que je braque dehors sans rien décelé de suspect. N'étant pas assez téméraire pour sortir dehors je referme la fenêtre et hésite à prévenir les flics avant de laisser tomber, l'histoire étant trop compliqué et n'ayant pas assez de preuve il vaut mieux que je garde le silence, je ferais remplacer le carreau demain et personne n'en saura rien. En attendant je bouche le trou avec de larges bandes de scotch avant de retourner me coucher. Je garde cependant l'arme ainsi que la lampe torche à portée de main.

N'arrivant à dormir je me tourne et me retourne dans mon lit avant de finir par saisir mon téléphone et fouiller dans mes contacts pour trouver le numéro de Sony, j'hésite un peu tout en regardant le réveil qui affiche quatre heures avant de finalement me décider et de presser la touche d'appel. Mon angoisse monte un peu avant de disparaitre soudainement lorsque j'entends une voix mécanique me dire que le numéro n'est pas attribué.

Je repose mon portable en soupirant et essaye de chercher pourquoi Sony aurait quelque chose contre moi, à force de me perdre dans des conjectures plus absurdes les unes que les autres je finis par m'endormir. C'est une lumière vive qui me réveille, un peu vaseuse je peine à ouvrir les yeux et mets plusieurs minutes à comprendre que quelqu'un a dû allumer le plafonnier. Je prends le temps de frotter mes yeux avant de découvrir la présence de Sony au pied de mon lit. La scène ayant un goût de déjà vu je réussis à ne pas paniquer et lui demande d'une voix encore ensommeillée :

— Qu'est-ce que tu fous là ?

— C'est toi qui m'as balancé ?

— De quoi tu parles ?

Je ne comprends rien et ma fatigue n'arrange pas les choses, devant mon air surpris il secoue la tête avant de venir s'assoir à côté de moi dans le lit. Une lueur mauvaise brille dans son regard ce qui me met immédiatement mal à l'aise.

— Tu ne vois vraiment pas de quoi je parle ?

— Non alors lâche-moi ! On avait convenu qu'on se foutait la paix pourquoi tu enfreins les règles ?

— Parce que tu m'as balancé aux flics ! Il n'y a plus de règles qui tiennent, tu as voulu la guerre, tu vas l'avoir.

— J'ai rien fait, si je parle ça fout Ace et Seth dans la merde aussi, j'ai aucune raison de faire ça, t'es complètement malade.

— Ferme là !

Et avant que j'aie le temps de répondre quoique ce soit une gifle retentissante m'assomme durant plusieurs secondes avant qu'un gout métallique emplisse ma bouche. Interloquée je masse ma joue douloureuse sans oser dire le moindre mot, je me contente de lui lancer un regard noir.

— Pourquoi t'as fait ça ? Tu t'ennuyais ? Je te manquais ? T'aime bien me provoquer c'est ça ?

— Non, je te jure que ce n'est pas moi. Ils n'ont rien trouvé de toute façon puisque tu es là ?

— Heureusement qu'ils n'ont rien trouvé parce que je promets que tu serais déjà morte à l'heure qu'il est là.

Et comme pour appuyer ses propos il se met à califourchon sur moi et sors de la poche de son jean un couteau papillon qu'il plaque contre ma gorge assez fort pour que je sente le fil de la lame mordre douloureusement ma peau. Terrifié je n'ose pas me débattre pas plus que je n'ose dire le moindre mot. On reste ainsi durant de longues minutes sans qu'il ne cesse de me fixer comme pour me tester. Sa lame finit par glisser contre le t-shirt avec lequel je dors et commence à découper le tissu, je me mets à trembler de peur en sentant la lame se glisser entre mes seins puis le long de mon ventre. Ce n'est qu'au moment où Sony pose l'une de ses mains contre mon shorty que brusquement je me sens de nouveau capable de bouger, ignorant la menace du couteau je me redresse et le gifle avec force avant de le repousser. La suite de la bagarre est plutôt confuse et je perds définitivement pied lorsqu'un coup plus fort que les autres me fait sombrer dans un trou noir. 

DésolationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant