65.

11 2 0
                                    

Lorsque je finis par me réveiller le lendemain matin le lit est vide et lorsque j'aperçois l'heure sur le radio-réveil je comprends que Seth doit être debout depuis quelques heures maintenant. Cependant lorsque je descends après avoir pris le temps de prendre une douche seul Ace est présent, en train de regarder la télé, je le salue d'un hochement de tête avant d'aller me faire un café dans la cuisine, impossible pour moi d'avoir une conversation le matin sans que j'ai avalé quelques gorgées de caféine. Lorsque j'ai fini mon expresso je rejoins Ace et m'assois sur l'épais accoudoir du canapé avant de le questionner :

— Seth n'est pas là ?

— Il est sorti ouais, c'est bien t'es observatrice.

Je lève les yeux au ciel mais ne réplique rien, visiblement il est aussi aimable que moi le matin. Malgré son attitude le moment est plutôt propice pour mettre les choses à plat si bien que je tente quelque peu timidement :

— J'ai besoin de te parler, on peut fait ça maintenant ?

— Oui bien sûr, il coupe le son de la télé et se tourne vers moi pour me fixer avec attention, je t'écoute.

— Pourquoi tu m'as raconté ça hier ? Seth m'a dit que tu ne lui as rien dit.

— Parce que ça serait bien que tu lui en parles non ? Toi qui prétends ne pas vouloir de secrets entre vous, vois ça comme un coup de pouce.

— C'est à moi de décider du moment, pas à toi et je ne sais même pas ce que c'était pour moi alors je n'ai aucune idée de comment aborder ça avec lui.

— On en a déjà parlé pourtant, pourquoi tu te voiles la face ?

— Parce que je t'ai dit non à un moment.

Ace secoue doucement la tête avec un petit sourire en coin, qui le rend plutôt mignon. Il me fixe durant quelques secondes avant de baisser la tête comme s'il n'osait pas me faire face et ajoute :

— Tu n'as pas dit non bien longtemps.

— Ce n'est pas une excuse, ce n'est pas parce que mon corps et ses instincts primaires ont prit le dessus que je voulais vraiment ça.

— Admettons, tu ne voulais pas ça, au final ça ne t'as pas déplu, mais ça t'es pas obligé de dire à mon frère à quel point t'as pris ton pied.

— Et le fait que je sois tombé inconsciente ensuite, tu l'expliques comment ? Ou juste le fait que tu m'aies violenté ?

— T'es une vraie drama-queen dit-il en levant les yeux au ciel.

— Et toi un connard doublé d'un violeur.

Je me redresse et le gifle de toutes mes forces avant de partir en claquant la porte. Lorsque après avoir fumé une cigarette je me sens un peu plus calme, je réalise que pour une discussion posée c'est plutôt raté, enfin au moins j'ai un angle à peu près correct pour parler de ça avec Seth lorsque je jugerais le moment propice. Maintenant je n'ai plus qu'à régler le problème que pose Sony et ma vie devrait ensuite retrouver un semblant de calme. La seule piste que j'ai c'est le petit pavillon où j'ai dormi, c'est pas grand-chose, je ne suis même pas sûre que ça soit réellement chez lui mais c'est mieux que rien. N'ayant rien à faire en cette fin de matinée je décide de m'y rendre, une chance que j'ai une bonne mémoire et que j'ai retenu le nom de la rue, en même temps oublier un nom comme le château des rentiers, ça me paraît difficile. Je ne me souviens plus du numéro par contre mais en parcourant la rue je devrais aisément reconnaitre l'endroit.

Alors que je m'apprête à commander un taxi pour y aller je m'arrête brusquement et fait demi-tour pour rejoindre Ace. Quelle conne je suis, il est seul et j'allais manquer cette occasion de lui parler de Sony, même si je doute un peu qu'il soit dans de bonnes dispositions maintenant. Lorsque je le retrouve il a sorti une pochette de glace qu'il maintient contre sa joue, preuve qu'il m'en veut il ne se retourne pas au bruit que j'ai fait en arrivant. Je toussote cependant pour lui indiquer ma présence avant de lâcher du bout des lèvres :

— Désolée, j'aurais pas dû faire ça. T'as raison je suis coupable aussi.

Il m'ignore totalement et augmente même le son de la télé, devant sa réaction j'hésite un peu à poursuivre mais je finis par lâcher :

— Je dois te parler d'autre chose d'important, ça concerne Sony.

À l'entente de ce nom il baisse de nouveau le son et se tourne vers moi, pour lâcher :

— Tu sais que tu as toujours de mauvaises idées toi ?

— Donc tu le connais. C'est bien lui qui t'as donné mon portable non ?

— Ok Alba, on fait un deal et en retour je répondrais à tes questions, ça te conviens ?

— Ok, je le regarde un peu étonnée avant de finalement lui demander, et tu veux quoi en retour ?

— Juste que tu dises ce qui s'est passé entre toi et moi à Seth, sa voix est dure et son regard est glacial, tu présentes ça comme tu veux je m'en fous mais je veux qu'il sache que je t'ai baisé.

— Tu veux le rendre jaloux ?

— Non, je veux juste lui rappeler que j'ai toujours ce que je veux. Alors ?

J'hésite durant quelques secondes avant d'accepter :

— C'est d'accord, je devais le faire de toute façon.

— Oui je connais Sony, oui c'est lui qui m'a demandé de te rendre ton portable, d'autres questions ?

— Tu travailles pour lui ? Pourquoi ?

— Je travaille avec lui la nuance est là, et parce que je gagne un sacré paquet de fric.

— Explique-toi.

— Ce n'est pas une question ça Alba. Mais je veux bien te répondre à une condition, il m'adresse un sourire plutôt mauvais avant de poursuivre, je veux être là lorsque tu le lui diras.

Si Ace est là quand Seth l'apprendra ça risque de grandement dégénérer entre eux et je crains vraiment qu'ils se battent. Cependant je suis tiraillé par l'envie de savoir, si bien que je me retrouve à murmurer que je suis d'accord. Ace m'adresse un coup d'œil surpris avant de me répondre par une simple phrase :

— Tout se trouve dans la différence entre diamant naturel et diamant synthétique. Tu peux comprendre le reste toute seule je pense. 

DésolationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant