71.

19 2 0
                                    

Alors que je sors des cours et que je me hâte de rejoindre Seth une sensation étrange naît dans mon ventre et fait monter en moi un sentiment d'angoisse. Je suis coincée dans le métro, bondé à cette heure de la journée, pourtant ce n'est pas la foule qui m'oppresse, il y a autre chose mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Je me force à respirer doucement tout en cherchant autour de moi la cause de ce malaise mais en vain. Brusquement je sens une main se poser contre mes fesses, à peine séparer par le léger tissu en satin de ma robe. Le geste n'a rien d'involontaire puisque la main reste à sa place, les doigts effleurant ma peau dans une caresse se voulant légère. Je bouscule un peu les gens autour de moi pour essayer de me décaler mais en vain la main revient toujours à cet endroit délicat de mon anatomie. Je cherche alors du regard qui pourrait en être le propriétaire mais en vain, personne ne semble suspect, personne ne semble gêné.

Ce n'est qu'à l'arrêt suivant que j'arrive à me dégager du flot de voyageurs pour obtenir l'une des précieuses places assises, je m'y installe avec un soupir de soulagement. Soulagement qui est de courte durée lorsque je vois Sony à la station suivante s'installer en face de moi puisque la place vient de se libérer.

— Bonsoir Alba, bonne journée ?

— Bonsoir, dis-je un peu déconcertée, heu oui ça a été.

— Tu pourrais me demander comment était la mienne, ce n'est pas vraiment poli comme attitude.

— Désolée, alors ta journée ?

La scène me paraît assez surréaliste et le fait que je m'exécute réussi à me surprendre moi-même. Il me lance un petit sourire satisfait avant de me répondre :

— Plutôt mauvaise, puisque j'ai appris que tu as parlé à Seth et à Sia, comme si elle avait besoin d'être mêlée à tout ça. C'est vraiment pas cool envers elle.

— Je cherche des réponses ou je peux, désolée, dis-je avec un petit sourire en coin.

— Je n'ai pas été assez clair avec toi ?

— Si, mais j'ai l'accord de Seth pour continuer, il commence à douter de toi tu sais. Puis concrètement tu vas faire quoi ? Rentrer chez moi encore une fois ? Me violer ? Me tuer ?

Les deux femmes installées à côté de nous me lancent un regard surpris mais aucune ne se permet le moindre commentaire et un simple regard insistant de ma part suffit à les faire regarder ailleurs pendant que Sony se marre doucement avant de me répondre :

— Tu veux vraiment savoir ?

— Tu ne feras rien on le sait très bien, l'un comme l'autre alors arrête ce bluff.

— Tu crois ça ? Alors viens on descend à la prochaine et je te montre ça.

Je sens son regard se fixer sur moi avec un air de défi peint sur le visage. Vaguement inquiète mais ne voulant pas lui donner raison je me contente de hocher la tête en guise d'accord. Ce n'est qu'une fois dehors que je reconnais le quartier où Sony vit. J'hésite quelques secondes avant de lui demander :

— On va chez toi ?

— Je pensais aller ailleurs mais tu sais quoi, c'est une excellente idée. Sauf si tu as peur et que tu te dégonfles.

— Bof, ça ne sera pas la première fois que tu me menaceras chez toi, ça va devenir une habitude à force.

— À croire que ça te plait pour en redemander, lâche-t-il en me faisant un clin d'œil.

Je hausse les épaules avec indifférence et garde le silence jusqu'à ce que l'on arrive chez lui, ce n'est qu'une fois dans la petite entrée que je demande :

— Et maintenant ?

— Et maintenant, ça.

Sans que j'aie le temps de réagir il me plaque contre la porte et me vole un baiser tout en me mordant violemment les lèvres, assez pour qu'une goutte de sang en perle. Lorsque je pose mes mains contre ses épaules pour le repousser il se laisse faire sans difficulté, à ma plus grande surprise. Je ne me laisse cependant pas déconcerter et le gifle tout en l'insultant de tout les noms qui me passent par la tête. Il me laisse faire, avant de finir par éclater de rire devant ma colère. Cela ne l'empêche cependant pas de se rapprocher à nouveau de moi pour venir me glisser à l'oreille :

— Fait attention à toi, depuis qu'Ace m'a confié que tu étais un bon coup je meurs d'envie de le vérifier par moi-même, alors ne me tente pas.

— Non mais ça va pas putain ?

— Oh si, je t'avais juste dit de faire attention... ma puce, lâche-t-il d'une voix se voulant enjôleuse.

— C'était toi dans le métro tout à l'heure ? Dis-je brusquement prise d'un doute.

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

Il a l'air tellement surpris par ma question que je n'ose pas insister plus que ça. N'ayant rien de particulier à lui demander ou à lui dire de plus je m'apprête à prendre congé lorsqu'il me retient en me demandant :

— Ca te gêne tant que ça que Seth bosse pour moi ?

— Je... Non...Enfin c'est juste que je n'aime pas les secrets, je n'aime pas non plus ce qu'il fait pour toi, mais ça, à la limite ce n'est pas mon problème.

— Et maintenant que tu sais et que tu as compris pour son gosse, pourquoi tu ne me foutrais pas la paix ?

— Je crois que je peux en effet, Sia m'a donné les dernières pièces manquantes.

— Bah voilà on va réussir à trouver un accord, quel dommage que je n'ai pas eu à te faire plus de mal pour que tu laisse tomber, si j'avais su j'aurais ordonné à Sia de se la fermer.

La pointe de regret dans sa voix me fait frisonner de dégout et d'appréhension et je m'empresse de partir sans demander mon reste. Cette discussion malgré son étrangeté a cependant eu le mérite de me faire comprendre qu'en effet maintenant que je sais ce que fait Seth je n'ai plus aucune raison de chercher, surtout que vu le peu de résultat que tout cela à donner il y a de forte chance pour qu'il abandonne leurs accords. Seul Ace devrait continuer à garder un lien commercial avec Sony pour son histoire de diamants.

DésolationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant