15.

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Son arrivée met fin à nos rires, interloqué le regard de Seth passe de moi à Ace avant d'aviser la bouteille quasiment vide sur la table basse. Son regard revient finalement se fixer sur moi, une lueur de colère brillant à présent dans ses yeux. Sans un mot il s'approche de moi et me tire par le bras pour me faire me redresser. Je proteste mollement jusqu'à ce qu'Ace intervienne.

— Lâche là si elle est là c'est de ta faute. Tu croyais quoi, que tu pouvais jouer le connard en toute tranquillité ?

Les paroles d'Ace ravivent la douleur causée par la trahison de Seth, l'alcool me donnant un peu plus de témérité qu'habituellement je me lève un peu chancelante et lui assène une gifle dans laquelle j'y ai mis toute ma force. Ma main me brûle mais la douleur qu'elle me cause vaut largement le coup, devant l'air hagard de Seth qui se masse la mâchoire. Je finis par lâcher d'une voix glaciale :

— T'es qu'un putain de menteur. Je te hais.
— Mais qu'est-ce...
— Ferme là, je t'ai vu cette après-midi. Tu comptais me prévenir avant que ça aille plus loin ? À moins que tu attendes de me baiser ?! Voler la virginité des jeunes filles c'est ton truc c'est ça ?! Tu n'es...

Ma voix s'éraille de plus en plus avant de se briser pendant que j'éclate en sanglots. Ace intervient alors en se levant pour m'attirer contre lui, ayant désespérément besoin de réconfort je le laisse m'enlacer pour venir pleurer contre son cou, mes larmes dévalent sa peau chaude au parfum boisé. Doucement il caresse mes cheveux en murmurant des paroles réconfortantes. La voix de Seth vient cependant briser ce cocon apaisant :

— On en reparlera quand tu seras moins soûle, mais ce n'est pas ce que tu crois. Je suis sincère je te le jure.

Alors que je m'apprête à répondre quelque chose Ace me devance :

— Fous-lui la paix. Je suis sûre qu'elle ne veut plus te voir ni t'entendre.
— Tu crois vraiment que je vais te laisser lui mentir sans rien faire ?
— T'as pas compris ?! Elle t'a vu abruti !

Seth soupire avant de s'éloigner puisque j'entends le bruit de ses pas dans l'escalier suivi d'un claquement de porte. Quelques minutes plus tard mes sanglots finissent par se tarir et je me dégage doucement de l'étreinte d'Ace.

— Je... Merci...
— Y a pas de soucis ma belle, tu veux que je te raccompagne chez toi ? Un peu de repos te fera du bien.
— J'veux bien ouais... Ma mère va me tuer si elle me voit comme ça par contre... Je peux aller me rafraîchir ?
— Bien sur, je t'attends ici, prends ton temps.

Je monte les escaliers en m'appuyant sur la rambarde avant de rejoindre la salle de bain. J'essuie avec un mouchoir mon maquillage qui a coulé avant d'appliquer un peu d'eau froide sur mes yeux rougis et gonflés. Le contact de l'eau me remet également les idées en place. J'avise également le bain de bouche sur la tablette du miroir et m'en sers pour dissimuler un peu mon haleine alcoolisée.

Je rejoins Ace qui me guide jusqu'à sa voiture une berline allemande, alors que j'ouvre la portière je découvre avec une certaine surprise un legging à moitié en boule. Je saisis le tissu du bout des doigts avec une pointe de dégoût pour le lancer sur les genoux d'Ace.

— Merde, désolée que ça ne soit pas ta robe... Mais je pourrais le rendre à sa propriétaire me dit-il avec un clin d'œil.

Il jette le tissu sur la banquette arrière pendant que je retiens ma nausée, sans savoir si cette dernière est due à l'alcool ou au dégoût que m'inspire ce qui a pu se passer sur ce foutu siège. J'ouvre un peu la vitre et l'air frais me fait du bien, je me perds en même temps dans mes pensées. Visiblement les deux ne pensent qu'au cul, c'est bien ma chance, à moins que ce soit moi qui aie un problème avec ça. J'étouffe un soupir un peu trop sonore puisque Ace le remarque, voulant sans doute me réconforter il glisse rapidement sa main entre mes jambes pour ouvrir la boîte à gants qui dévoile un paquet de clopes ainsi que des capotes. Décidément putain.

— Fume en une si tu veux, ou si tu veux un peu de réconfort, on peut s'arranger...
— T'es sérieux ?!
— C'était une blague, sérieusement fume ça te détendra.

Je lève les yeux au ciel mais je suis tout de même son conseil. Je le regrette cependant rapidement puisque ma nausée revient au quart de tour, au point que je demande à Ace de s'arrêter.

— Je vais finir à pied ça sera mieux je crois, j'en ai pour cinq minutes même pas.
— Tu es sûre ? Je peux attendre que tu ailles mieux hein...
— Non t'inquiète pas, prendre l'air va me faire du bien.

Ace finit par capituler et lorsque j'arrive enfin chez moi je m'isole dans ma chambre en prétextant une migraine. Il ne fait aucun doute que cette dernière va survenir de toute façon, mais au moins mes parents me laisseront tranquille et ne remarqueront rien de mon état. Alors que je suis en train de somnoler dans mon lit ma mère vient frapper à ma porte avant de l'ouvrir sans attendre de réponse.

— Ton... ami est en bas, il insiste pour te voir, il a dit que c'était très important.
— Ok, dit lui de monter s'te plait.

Encore un peu vaseuse ce n'est qu'en voyant Seth entrer dans ma chambre que je prends conscience de mon erreur, je n'ai en plus même pas pris la peine de me lever. Bordel cette journée merdique ne finira-t-elle jamais ? Je me redresse un peu gênée et l'on se regarde en chiens de faïence. Enfin, vêtu d'une veste en cuir qui s'ouvre sur un t-shirt blanc soulignant ses muscles et d'un jean, je suis plus en train de le dévorer du regard qu'autre chose. Je me sens toujours en colère mais je crois que je suis suffisamment calme pour pouvoir l'écouter. Seth se décide justement à briser le silence pour me demander :

— Je peux venir m'installer à côté de toi ?

Je me décale légèrement, pour lui faire une place tout en restant silencieuse. Il retire ses chaussures et laisse tomber sa veste au sol avant de me rejoindre, je ne m'attendais pas a ce qu'il se glisse sous les draps, je ne porte qu'un long t-shirt et le jean un peu rêche de Seth vient frotter contre mes jambes nues. Il tâtonne d'une main pour éteindre la lumière afin de plonger la chambre dans le noir. On reste ainsi à observer les étoiles phosphorescentes qui sont collées sur le plafond. Le silence n'est pas gênant et lorsque la main de Seth saisi doucement la mienne je la lui abandonne.

DésolationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant