61.

18 2 0
                                    


Lorsque je reviens m'assoir deux bières nous ont été servies. La scène me paraît tellement surréaliste, il est quatre heures du matin et je me retrouve ici tranquillement avec Sony. Lorsqu'il me propose de trinquer j'hésite quelques secondes avant de lever mon verre à mon tour. J'avale plusieurs gorgées d'alcool avant de lui demander :

— On parle affaires ou pas ?

Il émet un petit rire avant de me fixer avec une lueur glaciale dans le regard pour finalement me répondre :

— C'est avec Seth que je parles affaires, pas avec toi.

— Je n'aurais pas d'explications donc ?

Il semble réfléchir durant quelques secondes pendant que j'en profite pour terminer mon verre. Je ne sais pas vraiment ce que c'est comme bière mais l'alcool me monte rapidement à la tête et je décroche assez vite de cette conversation que j'attendais pourtant avec impatience.

Lorsque je reviens à moi après un important trou noir dans mes souvenirs je découvre que je suis dans une chambre que je ne connais pas, l'endroit est plutôt daté mais reste propre. Instantanément je sens la panique me gagner. Je savais que je jouais avec le feu mais je ne pensais pas me brûler si rapidement et pas vraiment de cette manière là. Je me redresse avec précaution tout en cherchant mon portable dans mes poches mais en vain, ce dernier a disparu et j'ai en prime réussie à provoquer de violentes nausées en bougeant. Je me laisse retomber dans les oreillers qui sont placés dans mon dos tout en soupirant. Qu'est-ce qui va m'arriver maintenant ? Et où suis-je surtout ?

J'attends plusieurs minutes que je me sente un peu mieux en cherchant sans trouver de réponse à mes questions. Ce n'est que lorsque j'esquisse le geste de me lever que la porte s'ouvre sur Sony qui me lance un sourire se voulant rassurant mais qui ne fait qu'augmenter mon stress. Avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit je lui demande :

— Où suis-je ? Et qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Tu tiens juste très mal l'alcool et on est chez moi. Je ne savais pas trop quoi faire de toi et je ne pouvais pas vraiment te laisser au restaurant.

— Et mon portable ?

— Aucune idée, me répond-il en haussant les épaules, il est peut-être tombé accidentellement pendant que je t'emmenais ici.

J'ai un peu de mal à y croire mais comme il semble d'humeur à discuter et j'ai peur de le braquer si je me montre trop vindicative. J'étouffe un soupir et rassemble difficilement mes pensées avant de demander :

— Et maintenant ? Je peux avoir ses fameuses explications ?

— Une partie, il faut que tu comprennes que je ne peux pas vraiment tout te raconter comme ça.

Je lève les yeux au ciel ce qui le fait sourire avant d'acquiescer d'un hochement de tête.

— Tu m'as juste servie de moyen de pression sur Seth. J'ai un accord avec lui, et il a brusquement voulu s'en dégager, pour une meuf et devenir un gentil et parfait garçon. Or j'ai besoin de lui, au moins un minimum, donc c'était hors de question.

— Aucun rapport avec Sia donc ?

— Elle était en partie au courant c'est tout, mais te voir l'interroger était drôle.

— Et pour les diamants que j'ai trouvés ?

Sony blanchit brusquement avant de se ressaisir et de cracher :

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

— J'y crois pas une seule seconde, dis-je en le fixant attentive à sa réaction.

— Non vraiment, demande donc à Seth ou à Ace.

Alors qu'il tourne les talons pour quitter la pièce je l'arrête avec une dernière question :

— Qu'est-ce que Seth t'as donné si ça n'a aucun rapport dans ce cas ? Parce que toi tu lui a bien filé du fric non ?

— Ça, me répond-il en me lançant un petit paquet, rien d'intéressant. Tu peux rester si tu veux ou partir quand tu te sentiras mieux, je vais me coucher moi, au revoir Alba.

J'acquisse et j'attends qu'il quitte la chambre avant d'ouvrir le paquet, avec une certaine surprise je découvre un petit pochon de poudre blanche. Je ne suis pas vraiment convaincu que ce soit bien le paquet que Seth lui ait donné mais je n'ai aucun moyen de nier ce fait et ça expliquerait aussi sa réaction quand j'avais pris de la blanche avec Chris. Je range le pochon et pose le paquet sur la petite table de nuit avant de me redresser avec précaution et de rajuster mes vêtements. J'ai envie de partir mais sans téléphone difficile d'appeler un taxi surtout que je ne sais même pas où je suis et il n'y a plus de métro à cette heure ci. Je pousse un soupir de frustration avant de finalement me laisser retomber dans le lit, autant que je passe la nuit ici, je trouverais bien un moyen de rentrer dans quelques heures. Le sommeil est plutôt long à venir et je retourne en boucle la situation dans ma tête jusqu'à ce qu'une seule solution s'impose. Il faut que je parle avec Seth. 

DésolationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant