★ Chapitre 61 ★

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La nuit a été très longue pour moi. J'ai pleuré une bonne partie de la nuit et ne suis pas sûre d'avoir dormi plus de quatre heures. Je suis complètement exténuée, mes bras en sang me font un mal de chien et pour couronner le tout, j'ai mes règles.

Depuis hier soir, personne n'est venu me déranger. Je me suis ensuite mutilée sans discontinue, évacuant la souffrance qui se trouvait en moi. Elle n'est pas totalement partie d'ailleurs. J'ai l'impression qu'elle fait partie de moi.

Les minutes s'écoulent et je suis enfin prête à partir au lycée. Lorsque je descends, je croise toute la maisonnée mais personne ne parle. Je mets mes chaussures et pars, sans un mot.

Je marche lentement sur la pellicule de verglas présente sur le béton. Je traine un peu des pieds, essaie de me consoler avec la musique. Je fume mais rien n'y fait : j'ai toujours aussi mal.

J'entre alors dans un café au hasard pour prendre un chocolat. Je décide de m'installer à une table éloignée, dans un coin reculé. Je pose mes affaires et attends gentiment qu'un serveur vienne prendre ma commande.

Je regarde par la fenêtre les gens pressés, ceux qui le sont moins. Je les observe en me demandant ce que peut être leur vie quotidienne, leur situation. Mais soudain, une main vient brutalement attraper mon avant bras et un cri s'échappe de ma bouche sous la douleur.

- Elsa ?

Je reconnais immédiatement la voix et, lorsque je tourne mon visage et que je vois le personnage, je me raidis.

- Nash ? Mais qu'est ce que tu fais ici ?

- Je travaille ici, tu ne t'en souviens pas ?

Je secoue la tête mais remarque que sa main est toujours sur mon bras. Je lui demande gentiment de me lâcher, ce à quoi il répond :

- Ça te fait mal si j'appuie ?

Puis il joint le geste à la parole. Je me mords la lèvre de douleur et lui fronce les sourcils.

- Qu'est ce que tu as ? Tu t'es fait mal ?

- Je... Oui. Je suis tombée dans les escaliers, chez moi.

Il s'assoit en face de moi et me regarde dans les yeux.

- Arrête de mentir Elsa.

Sa voix me fait froid dans le dos mais son visage se radoucit petit à petit. Il pose alors lentement sa main sur la mienne et plante ses yeux dans les miens.

- La douleur est profonde n'est ce pas ?

Je hoche doucement la tête, le sentant compréhensif.

- J'ai connu la même chose. Enfin..., se reprend-il, j'ai connu quelqu'un qui était dans ta situation. Ma cousine.

Il tourne la tête pour observer la salle, sûrement pour voir si l'on a besoin de lui. Puis, son regard retombe sur le mien.

- Elle s'est suicidée en se taillant une veine trop fortement. Elle est morte à l'âge de seize ans. Tu te rends compte ? Seize ans ! Elle avait encore toute la vie devant elle, des années de bonheur qui l'attendaient. Mais non. Elle a été égoïste. Elle n'a pensé qu'à son bonheur présent qui était inexistant. J'ignore si elle a pensé au reste de la famille en s'ôtant la vie mais en tout cas, elle nous a détruit. Nous sommes restés des mois à la regretter, à pleurer. Puis j'ai rencontré Shawn et j'ai noyé mon chagrin avec le sien. Mais la douleur est toujours là, tu sais...

Il pointe son cœur du doigt en me fixant, attendant ma réaction.

- La douleur fait partie de moi, de mon quotidien, je commence doucement. Le problème est là...

Je baisse un peu la tête, mes mèches tombant sur les côtes de mon visage, me souvenant de ma nuit dernière.

- Pour que la douleur disparaisse, je devrais disparaître avec elle...

Douleur Héroïque // MagconOù les histoires vivent. Découvrez maintenant