★ Chapitre 41 ★

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Mes réveils sont chaque jour de plus en plus difficiles. Je suis de plus en plus fatiguée et mes réveils en pleine nuit n'arrangent rien. L'insomnie prend de plus en plus de place dans mes nuits sombres.

Je sors difficilement de mon lit et m'empresse de mettre un short et un débardeur. Je n'ose même pas me regarder dans le miroir et passe directement dans la salle de bain, me laver rapidement le visage et les dents.

J'enfile une paire de baskets de sport et descends. Je vois qu'il est près de dix heures et les souvenirs de la veille refont surface.

« Mais dans quoi je me suis encore embarquée ? », je pense en soupirant fortement.

D'abord la curiosité mal placée de Cameron, ensuite l'altercation avec Nash, celle avec Hayes, l'intervention de Julian et pour finir, j'apprends que mon meilleur ami est gay et que Shawn m'aime. Mais dans quel monde je suis, sérieusement ?

Je tourne pour me rendre dans la cuisine quand je croise ma soeur, en train de ranger la vaisselle, déjà habillée et prête à sortir.

- Hum... Salut, je dis poliment.

- Salut, Elsa.

Elle est plongée dans sa tâche ménagère mais, pour la première fois depuis longtemps, elle me dit "bonjour" en prononçant mon prénom à la suite. Je suis étonnée. Mais je décide de ne rien répondre par la suite et vais dans le frigo prendre une bouteille d'eau fraîche.

- Tu vas où ? me demande-t-elle.

Je me retourne lentement. Pourquoi me pose-t-elle cette question ? On ne se parle plus jusqu'à preuve du contraire. J'ai toujours sa trahison en travers de la gorge moi.

- Au sous-sol, je réponds froidement.

- OK, tu diras à Maman que je suis sortie de bonne heure pour rendre visite à une amie.

- Si tu veux.

Et je fais demi-tour, direction ma salle d'entraînement, si je puis appeler ça comme ça. Parce qu'au final, je ne m'y entraîne pas.

Mais, à partir de maintenant, je suis déterminée à perdre au moins quinze kilos, minimum. Je suis beaucoup trop grosse pour mon âge et il faut impérativement que j'y remédie.

- Allez, courage, tu peux le faire !

Je commence le programme sportif que j'ai déniché sur Internet et suis les instructions à la lettre. Sauf un élément du programme. Sur celui-ci ils préviennent qu'il faut le faire après avoir mangé un petit déjeuner. Je préfère le faire à jeun pour perdre plus de kilos.

***

Une demi heure est passée et je suis à la moitié de mon programme sportif. Je suis en pleine série d'abdominaux lorsque quelqu'un frappe à la porte. Je me relève pour pouvoir voir l'inconnu. Julian.

- Qu'est-ce que tu veux ? je souffle. Tu vois pas que tu me déranges ?

- Si mais... Je voulais savoir où étais Laura ?

Je bois à la bouteille et lui réponds ensuite :

- Elle est partie voir une amie.

- Elle ne t'a dit que ça ? m'interroge Julian.

- Oui.

- T'es sûre ?

- Mais si je te dis que c'est oui, c'est que c'est oui ! je lui crie. Maintenant t'as fini de me regarder ? J'ai répondu à ta question, tu peux partir.

Au lieu de partir il s'avance ce con.

- Tu veux que je t'aide, pour ton sport ?

- Je n'ai pas besoin d'aide et encore moins de la tienne. Maintenant dégage avant que je ne devienne vulgaire !

Et je me replace au sol pour continuer mais Julian reste planté là.

- Bon, tu comptes faire le pot de fleur encore combien de temps ? je lui demande agacée.

- Je voulais te parler.

Il a sorti ça d'un seul coup. Comme ça. Je reste quelque peu bouche bée. Je ne sais pas quoi répondre jusqu'au moment où je me décide à dire :

- À propos de quoi ?

Je comprends directement que cette conversation va partir en live total. Mais je prends sur moi et mets de côté mon comportement de gamine.

- De toi et de ta sœur, me répond-il en s'adossant au mur.

Je hausse un sourcil, ne comprenant pas où il veut en venir.

- De Laura et de moi ? Euh... Pourquoi ? À quel sujet ?

- À quel sujet ? Au sujet de votre fraternité ? Je sais que vous étiez complémentaires, très proche avant et...

Je me lève d'un seul coup et m'avance dangereusement de lui. Il ne faut pas parler de sujets comme ça avec moi.

- Et bien comme tu l'as dit, c'était avant. Avant que tu ne me trompes avec elle, avant que vous ne décidiez de partir. Avant tout ça ! C'est du passé, nous sommes de quasi-étrangeres à présent, il va falloir vous le mettre dans le crâne !

Et je fais demi tout, rassemblant mes affaires. Les larmes roulent sur mon visage pendant ce temps-là. Je viens de me rendre compte que ma soeur me manquait malgré tout ce qui est arrivé. Mais ce qui me blesse, c'est que, lorsque j'avais besoin le plus d'elle, elle n'était pas là. Elle était dans un pays étranger. J'ai donc enfoui ce besoin en me rappelant la haine que j'avais contre elle à l'époque. Je l'ai toujours aujourd'hui, mais beaucoup moins.

- Elle te manque... ? me demande Julian.

Je tourne brutalement ma tête vers lui, les yeux rouges.

- Qu'est-ce que ça peut te faire de toutes façons ? C'est toi qui a brisé ma fraternité avec elle. C'est toi la cause de tout ça ! Pourquoi maintenant tu reviens pour arranger les choses entre nous ?

Je n'attends pas sa réponse, m'empare de mes affaires, écourtant ma séance de sport, et me dirige vers la sortir. Mais avant de quitter définitivement la salle de sport j'entends Julian dire :

- Parce que je viens simplement de me rendre compte de l'impact que j'ai eu dans vos vies...

Douleur Héroïque // MagconOù les histoires vivent. Découvrez maintenant