★ Chapitre 72 ★

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Elle s'approche doucement de lui en fronçant les sourcils. Le rappel de ce surnom que Papa lui donnait petite doit lui faire tout drôle. Elle dépose doucement ses lèvres sur sa joue et recule, méfiante. À quoi joue-t-elle ? Je ne comprends pas son petit manège. Mais de son côté, mon père n'est pas non plus enthousiaste de la revoir, on dirait. Que se passe-t-il ?

- Bonjour, Monsieur Turner, le salut Julian pour briser la glace.

« Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il est juste en train d'augmenter le malaise », je pense avec ironie.

- Bonjour, Julian, souffle mon père en se redressant, paraissant alors plus grand que d'habitude.

Mon ex minaude quelques paroles que je ne comprends absolument pas. Mais le froid glacial est de retour et personne n'ose se regarder. J'aimerais hurler toutes les questions qui me viennent à l'esprit mais je garde le silence. Comme toujours.

Mais la porte d'entrée s'ouvre d'un seul coup à la volée, nous faisant tous sursauter, et révélant la silhouette élégante de ma mère. Elle avance rapidement, perchée sur ses talons hauts, et se jette dans les bras de mon père. Ils se chuchotent pleins de mots doux et s'embrassent à pleines bouches. L'un des moments les plus gênants de ma vie, si vous voulez mon avis.

Finalement, agacée, je tousse fort pour attirer l'attention. Une fois fait, je lance un regard aux trois membres de ma famille.

- Je veux une réunion de famille. Maintenant.

- Maintenant ? me contredit ma mère. Mais tu ne voudrais pas un peu profiter de ton père ?

- Si, mais après. Il y a beaucoup trop de secrets et de mensonges pour moi. Je ne vais pas faire semblant pendant des heures. Je veux des explications générales.

Je fixe d'abord mon père, qui dit doucement en passant son bras sur les épaules de ma mère :

- Je suis d'accord pour un conseil de famille.

- Moi aussi, déclare Laura en partant dans le salon.

- Dans ce cas, conclut Maman, une réunion de famille s'impose.

Je lance ensuite un coup d'œil à Maddie et, sans avoir besoin de le dire, elle comprend le message.

- Je vais aller faire quelques courses personnelles moi, explique-t-elle en prenant son sac à main.

- Tu veux que je t'y emmène ? se propose Julian, comprenant lui aussi le stratagème.

- Avec plaisir !

Et ils partent aussi rapidement que le froid glacial revient. Génial.

- Tous dans le salon, je soupire alors en dépassant mes parents et en m'installant sur le canapé, aux côtés de Laura.

Le temps que mes parents arrivent, Julian m'envoie un message.

Tu auras besoin de combien de temps ?

Je lui réponds sur le champ :

Une bonne heure. Au moins.

Je remets mon téléphone dans ma poche lorsque mes parents reviennent. Ils s'installent chacun dans un fauteuil différent, face à nous. C'est ma mère qui prend la parole.

- Tu voulais un conseil de famille, le voila. Que penses-tu en tirer ?

- Il y a trop de secrets entre nous, je lâche. Il y a beaucoup d'interrogations, de non dits. Je voudrais que nous parlions à cœur ouvert et que nous posions les questions qui nous brûlent la langue.

Ils hochent tous la tête et mon père m'invite à poser la première question. À ce moment-là, tellement d'interrogations jaillissent de mon cerveau que j'ignore laquelle récolter. Finalement, je me décide à entrer dans l'arène.

- Pourquoi y a-t-il un malaise entre toi et Laura ? je demande à mon père.

- Et c'est parti..., murmure ma sœur, la mine grave.

- Bon, commence mon père. Il y a bien une raison à ce malaise, en effet.

Puis il se tourne vers Laura :

- Tu voudrais peut être raconter l'histoire ?

- Non, je vais te laisser le plaisir de m'anéantir devant tout le monde.

J'attends tellement d'explications. Je mets tant d'espoir dans la réconciliation de ma famille que j'ai peur que tout ne foire, une nouvelle fois.

- Alors, continue mon père. Il y a trois ans, lorsque je suis parti en mission en Afghanistan, le colonel nous a autorisés à prendre avec nous seulement deux numéros de téléphones. Et j'ai pris celui de votre grand père et celui de Laura.

- Pourquoi ? je demande aussitôt, méfiante.

- Parce que toi, tu changeais souvent de numéros, à l'époque, et que ta mère avait déjà assez de numéros à gérer avec le travail. Laura me paraissait la personne idéale et puis, je lui prouvais ainsi que j'avais confiance en elle. Qu'elle était mature.

Ma sœur lève les yeux au ciel, excédée. Je la connais, elle veut partir. Mais rare sont les fois où l'on peut quitter une réunion comme celle-là.

- Et qu'est ce qui s'est passé ? je l'interroge.

- De là où j'étais, j'avais peu d'informations sur les détails de vos vies, ici. C'est Laura qui se chargeait de tout me dire, en général. Mais, quand elle est partie vivre au Canada, elle me disait te donner des nouvelles de moi. Or, c'était faux.

Mes yeux manquent sortir de leurs orbites. Un an et demi que je n'ai plus de nouvelles de mon père. À cause de qui ? De ma sœur ! Je pensais qu'on en avait fini avec les cachotteries entre nous. Je m'étais apparemment trompée. J'écoute le reste de la conversation avec attention. C'est Laura qui prend la parole.

- J'avais coupé les ponts avec Elsa. Nous ne nous parlions plus.

- Et tu ne t'es jamais dit qu'elle aurait aimé avec de mes nouvelles ? la contredit fortement mon père. Au lieu de ça elle n'a pas eu de nouvelles pendant un an et demi.

Puis il se tourne vers ma mère :

- Et même si Laura continuait de te parler de moi, pourquoi n'as-tu pas rapporter mes péripéties à Elsa ?

- Parce que tu continuais de donner des nouvelles de Papa à Maman ? je crie à Laura, hallucinée. Non mais je rêve !

Les souvenirs de ma dépression refont surface et Laura doit y penser également vu ce qu'elle me répond :

- Oh, ça va Elsa. Comment je pouvais savoir que tu étais en dépression à ce moment-là ?

- En dépression ? s'étonne mon père. Depuis quand ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

Je me dois de lui la vérité mais avant, je veux clore le sujet précédent.

- J'en parlerai après, revenons aux mensonges de Laura.

Puis je me tourne vers la concernée :

- Tu m'avais déjà menti une première fois avec la mésaventure de Maman, tu m'as trahie de la pire des façons et, par dessus le marché tu me caches les nouvelles de Papa ? Mais qu'est ce qui ne va pas chez toi ? je hurle a pleins poumons. Tu es complètement tarée, ma pauvre.

Je vois que mon père se pose un millier de questions. Mais je veux seulement crier à ma guise.

- Alors maintenant Laura, il va falloir assumer toutes tes fautes. Que ça nous concerne ou non. Qu'est ce que tu nous caches encore, bon sang ?

Mes nerfs vont lâcher, je le sens. À tout moment.

- Réponds à ma question ! je répète. Qu'est ce que tu nous caches ?

Elle se touche nerveusement les cheveux et se tord les doigts. Elle va nous sortir une bombe. Je le sais. Je la connais. Alors, elle baisse la tête et répond tristement :

- Je fume et j'ai une double relation amoureuse. Ce sont les seules choses que je vous cache.

Douleur Héroïque // MagconOù les histoires vivent. Découvrez maintenant