★ Chapitre 52 ★

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Je remonte en quatrième vitesse ma chambre, une idée derrière la tête. Après la bombe que je viens de jeter, je ne peux pas rester à la maison. Pas maintenant.

Je claque violemment la porte de ma chambre en y entrant, jette mon dévolu sur mon grand sac à bandoulière et le rempli de plusieurs choses utiles pour le moment : mon portable, mon porte monnaie, une grosse couverture bien chaude (qui prend plus de la moitié de mon sac), je remplis rapidement une bouteille d'eau et la fourre à l'intérieur et je n'oublie pas de prendre plusieurs paquets de mouchoirs.

J'enfile, par dessus ma robe, une des vestes chaudes qui se trouvent dans ma chambre et redescendant les escaliers en courant, mon sac cognant contre mes hanches. Mais lorsque j'arrive en bas, tout le monde s'arrête de parler ou de crier. Ils arrêtent tous de pleurer ou de geindre. Ils me regardent, perplexe, comme si j'étais une apparition. Mais la douleur est beaucoup trop forte pour moi et je cours en direction de la porte d'entrée.

C'est lorsque je l'ouvre que j'entends les hurlements de mon prénom de la part de ma famille mais plus particulièrement de ma sœur.

- Elsa ! Reviens, je t'en supplie ne pars pas comme ça, sur un coup de tête !

Je peux même sentir ses larmes ravager son beau visage. Mais je ne peux pas supporter ces scènes d'horreur. Je lui lance alors un dernier regard et pars en courant dans la nuit noire. Je l'entends me courir après, pieds nus, mais je sais qu'elle ne tiendra pas longtemps. J'ai l'avantage d'avoir des baskets et la rage de partir loin de chez moi.

- Elsa... Reviens...

Je l'entends à peine mais continue tout de même ma course. Je sais qu'elle ignore où je me rends. Le coin... Elle n'en connaît pas l'existence.

Lorsque j'y arrive enfin, essoufflée et rouge de sueur, je m'effondre par terre, sur le béton glacé. Je suis dans un état de panique et d'angoisse, je ne réfléchis plus. Alors je balance mon sac par terre, fouille dedans à la recherche de mon téléphone et cherche ensuite le numéro de Shawn, le seul à qui j'ai envie de me confier.

Mais je tombe deux fois de suite sur la messagerie. Je commence à pleurer de panique, appuie sur l'écran en tremblant et hurle des injures de toutes sortes. Je tente quand même un troisième appel.

- Allo ? demande-t-il. Elsa ? C'est toi ?

Et je relâche toute la pression exercée sur moi depuis des heures :

- Shawn je t'en supplie il faut que tu viennes au coin, je pleure en hurlant. Je suis au plus mal, mon père est porté disparu, j'angoisse, j'ai envie de mourir, je ne veux pas être ici ! Shawn... !

Je hurle son prénom pour qu'il comprenne la gravité de la situation. Je m'attends à ce qu'il se précipite, ne trouvant plus ses mots mais non. Il reste de marbre pendant que je pleure toutes les larmes de mon corps. Je n'entends rien de l'autre côté du combiné jusqu'à ce qu'il me dise :

- Je suis désolée Elsa, mais je ne peux pas venir. Je ne peux pas quitter la famille de Nash comme ca, je ne peux pas leur faire ca... Tu comprendras plus tard. Je suis désolée... Ne fais juste pas de conneries...

Je sens qu'il est désolé mais ça ne suffit pas. C'est le seul qui peut être là pour moi en ce moment même... Et il décide de m'abandonner... Énervée en plus d'être triste, je lui réponds froidement :

- Ce n'est pas à toi d'en juger, Shawn.

Et je raccroche. Brusquement. Peut-être un peu trop car je me remets encore une fois à éclater en sanglots. Je n'en peux plus, je suis fatiguée. Fatiguée de tout.

Mais alors que j'allais reposer mon portable, c'est Cameron qui m'appelle.

- Oui ? je demande en cachant ma tristesse du mieux que je peux.

- Elsa ? Alors ? Ce réveillon de Noël ? Comment se passe-t-il ? Tes tantes sont gentilles avec toi au moins ?

Mais au lieu de répondre à ces questions, je lui dis, espérant qu'il comprenne :

- Cameron, vient tout de suite au coin, j'ai besoin de toi...

Ma voix se brise à la fin de ma phrase et j'espère de tout cœur qu'il comprend ma détresse. Mais au lieu de ça, il me répond sur le meme ton que Shawn :

- Je ne peux pas, Elsa. Ma famille est chez moi et je ne les ai pas vu depuis un an, certains deux ans. Je ne peux pas les laisser comme ça, ils m'ont trop manqué. Je suis désolée...

Je ne prends même pas la peine de répondre que je raccroche. L'énervement, sûrement. Mais je commence inexplicablement à trembler en serrant les poings. Ce n'est pas croyable que d'avoir des amies qui ne me servent à rien ! J'ai besoin de quelqu'un avec moi, maintenant.

Je pose mon portable à côté de moi et m'empare de ma couverture pour me réchauffer. La froideur de l'hiver s'infiltre dans les moindre recoins de mon corps. J'ai extrêmement froid et je suis terriblement seule.

Je laisse tomber ma tête contre le mur et laisse mes pleurs couler comme bon leur semble. À quoi bon les retenir ?

Une lumière attire mon attention : mon téléphone. C'est un message. Mais c'est en voyant le nom de son expéditeur que je commence à froncer les sourcils.

- Nash...

Douleur Héroïque // MagconOù les histoires vivent. Découvrez maintenant