★ Chapitre 63 ★

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J'ai passé le reste de la journée à errer dans les rues de Los Angeles, à fumer et à me morfondre. J'en ai juste marre du monde, des gens. La vie serait tellement plus belle si les gens étaient respectueux et sans arrière pensées mesquines. J'en ai marre !

Sarah m'a harcelée de messages toute la journée mais je n'ai pas daigné répondre. Tout comme ma mère, Maddie et ma sœur. Je n'ai répondu à personne. J'ai seulement laissé le temps passer.

Je décide alors de me poser sur l'un des rebords qui entoure le Coin et de fumer, emmitouflée dans ma doudoune.

- Que serait la vie de mon entourage si je n'étais plus de ce monde ? je me demande en regardant ma cigarette sous tout ses angles.

Et puis les yeux embués de larmes, je la jette rageusement sur le sol en hurlant de rage :

- Ça ne changerait strictement rien à leur vie !

Je descends du muret et donne un coup de pied dedans avant de sortir mon portable et de me rendre sur le site du ministère de la guerre. J'y vais tous les jours pour avoir une info sur la disparition de mon père. Je veux simplement une réponse. Je veux seulement savoir s'il est encore en vie. Mais rien. Encore une fois. Alors mes larmes coulent sans arrêt.

Je sens alors deux grandes mains m'attraper fermement les épaules pour me relever doucement.

- Elsa... Mais que se passe-t-il ? Dis-moi ce que tu as ?

- Rien, Nash. Maintenant lâche-moi. Laisse moi par terre, c'est ma place de toute façon...

- Ne dis pas ça.

- Je suis littéralement une moins que rien.

Nash me sourit doucement.

- J'aime la manière dont tu utilises le mot "littéralement". Il est de grande importance et d'un très belle délicatesse, et pourtant tu l'inclus magnifiquement bien dans ta phrase de forme méliorative. Tu es littéralement la meilleure !

- Arrête de dire des conneries...

J'essaie de sourire mais n'y arrive pas. Je n'ai pas du tout envie de rire. Pas du tout.

- Je suis même pas foutue de voir la vérité en face. Je suis même pas foutue de parler de mes conneries à ma meilleure amie.

- Il s'est passé quelque chose de spécial aujourd'hui pour que tu sois dans cet état ?

- Mes professeurs et toute l'équipe pédagogique du lycée sont au courant de mon état. Et s'ils ne l'ont toujours pas dit à ma mère, ça ne saurait tarder.

- Et... Qu'est-ce qu'il va se passer ensuite ?

- Je n'en sais rien... La dernière fois, ce sont la psy et les médecins qui m'ont sauvés. Mais cette fois-ci, ça ne suffira pas. Et je ne suis même pas sûre de vouloir être aidée.

Je regarde le mur en face de moi, complètement déboussolée.

- Il faudrait que tu te changes les idées... Passer tes journées à penser à ton père ne t'est pas bénéfique.

- Il y a une soirée ce week-end, j'y vais. Ça me changera tient !

- C'est toujours ça, bougonne-t-il. Mais...

Il s'adosse à côté de moi, contre le muret et regarde en face de lui. Il fait des gestes distraits avec ses mains tout en me parlant.

- Tu sais... L'univers est infiniment grand. Il y a des étoiles, des boules de feu, des météorites et des planètes. Parmi ces planètes, il y a la Terre. Une belle planète peuplée de personne plus ou moins cruelles. Alors, il y a des familles, des célibataires, des enfants, des orphelins, des personnes malheureuses, seules et il y a toi. Une belle personne enfermée dans un esprit noir.

Il souffle doucement, cette fois-ci en me regardant, le regard sincèrement triste.

- Et c'est triste... Je te vois, te démolir petit à petit sans pouvoir rien faire. Tu es tellement belle que tu ne le vois même pas toi-même. Si Shawn est tombé amoureux de toi, ce n'est pas pour rien. Il n'est pas du style à tenir à une fille comme il tient à toi. Tu ne vois rien et pourtant, ton bonheur est autour de toi... Je n'en sais peut-être pas beaucoup sur ta vie et ton passé, mais je sais qu'on peut se relever après un vécu compliqué. Tout peut être pardonné...

Je viens de me prendre une énorme claque. Elle a frappé tellement fort ! Il m'a complètement réveillé de mes idées arrêtées.

- On ignore si ton père est vraiment décédé ou non, alors, garde l'espoir qu'il soit toujours de ce monde. Tu verras, l'espoir fait vivre. C'est ce qui sauve les gens.

Il me sourit timidement et m'ouvre tendrement les bras. Je viens m'y blottir confortablement dedans en le remerciant mille fois pour tout ce qu'il fait pour moi.

- Je te promets de rester à tes côtés jusqu'à ce que tu sois rétabli et enfin prête à recroquer la vie à pleine dents.

- Promesse du petit doigt ? je demande en lui tendant mon auriculaire.

Il croise le sien au mien.

- Promesse du petit doigt.

C'est un regard de défi qui croise le mien. Nash a réussi à m'ouvrir les yeux sur la vie. Trois belles phrases et le tour était joué.

Toujours contre lui, je sors une cigarette ainsi que mon briquet.

- Un jour il faudra que tu songes à arrêter ces saloperies, me prévient Nash.

- Tu fumais toi aussi y a pas longtemps ?

- J'ai pratiquement arrêté là...

- Qu'est ce qui a été l'élément déclencheur ? je l'interroge en reposant finalement ma cigarette dans son paquet.

Il gigote un peu sur place avant de répondre.

- Mon grand-père a fumé presque toute sa vie et il en paie les conséquences aujourd'hui. Il a le cancer des poumons. C'est trop tard d'après les médecins... Je ne peux juste pas me l'imaginer mort à cause de ces conneries...

- Oh... Je suis tellement désolée !

Et puis, voyant son regard paisible et plein de sagesse, je ne peux m'empêcher de lui poser la question qui me trotte à l'esprit :

- Et puis, je ne comprends même pas comment tu fais pour ne pas être à bout, au fond du gouffre en ce moment même ?

- Je m'accroche à l'espoir qu'il va s'en sortir. Je te l'ai dit, c'est l'espoir qui sauve...

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Nouveau titre, nouveau résumé et nouvelle couverture 🤗 j'espère que ça vous plait ? 😘

Douleur Héroïque // MagconOù les histoires vivent. Découvrez maintenant