★ Chapitre 57 ★

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« Achevez-moi ! ».

Je me suis stoppée net dans ma marche. Cameron aussi s'est arrêté. Je n'ose pas croiser son regard, je ne peux pas m'imaginer une seule seconde qu'il puisse m'aimer. C'est impossible. Et pourtant, ça expliquerait tellement de choses.

Essayant de cacher au plus ma gêne et ma surprise, je souris et lui tape amicalement l'épaule :

- Tu me fais marcher Cameron, pas vrai ?

Il passe maladroitement sa main dans ses cheveux en secouant la tête. Moi, je reste complètement bouché bée, vide d'émotions. Il n'imagine pas dans quelle situation il vient de me mettre. J'apprends à peine deux semaines plus tôt que Shawn, supposé être l'un de mes meilleurs amis, est finalement amoureux de moi et maintenant, pour couronner le tout, c'est au tour de Cameron. Il ne manquerait plus que Nash fasse la même chose, tient !

- Quelqu'un est au courant ? je demande, en panique totale.

- Seulement toi et moi mais... Tu ne m'as pas donné ta réponse.

- Je...

J'ignore comment lui dire que je ne l'aime qu'en amitié, que je n'ai jamais eu l'intention de l'aimer par amour un jour. Pour moi, Cameron était mon ami, je n'aurai jamais pu imaginé qu'il puisse m'aimer. Malheureusement, ce n'était ni le moment, ni le jour, ni la période pour venir me le dire. Je n'ai plus envie d'être dans ce genre de situations. Plus jamais.

- Je ne t'aime pas Cameron. Je ne peux pas être plus clair. Je n'ai jamais pu imaginer que tu puisses un jour tomber amoureux de moi. Jamais.

Il baisse légèrement la tête, visiblement déçu. Ça me rend folle de rage de le voir dans cet état. Je n'ai jamais demandé à ce qu'il m'aime, à ce que notre amitié change. Parce que oui, maintenant, notre amitié ne sera plus jamais la même.

- Je suis désolée Cameron de ne pas partager les mêmes sentiments que tu as pour moi à ton égard mais je ne peux pas faire autrement. Désolée...

Je change ma cigarette de main, claque un bisou sur sa joue et m'en vais, les écouteurs enfoncés dans les oreilles. Je mets une volonté énorme à m'empêcher de me retourner. Il ne faut pas que je croise son regard, il me fait tellement de mal.

« Eh bien voilà ! Tu es contente maintenant ? hurle ma conscience. Tu as vu ce que tu viens de faire ? Tu viens encore de blesser une personne qui t'aime, qui ne veut que ton bien. Que tu peux être minable ! ".

Je jette rageusement mon mégot de cigarette par terre et l'écrase en y mettant de la force et de la rage. Les larmes aux yeux, je continue ma marche, plus dépressive que jamais. Mais lorsque j'aperçois l'entrée de mon lycée, mon expression change automatiquement. Une expression sereine, complètement fausse, prend place au centre de mon visage. Sarah m'attend à l'entrée, son sourire habituel plaqué sur les lèvres. Je ne l'ai pas vu des vacances, elle était partie dans sa famille paternelle.

- Elsa ! Tu m'as tellement manqué ma belle, ca va ?

Je lui souris en retour. Un sourire tellement faux que personne ne semble le remarquer. Je lui claque une bise ainsi qu'aux quelques copines qui nous entourent et nous entrons toutes les deux dans le lycée afin de nous retrouver seules.

- Alors ces vacances ? je demande pour éviter qu'elle ne me pose une question en premier.

Sarah part dans un discours sans fin que je peine à écouter. Je sais qu'elle parlait de son cousin faisant tomber la bûche de Noël lorsque je me sens tirer en arrière. Ma meilleure amie lance un regard des plus noirs à la personne derrière et s'en va en baisse légèrement la tête à mon égard. Je me retourne alors et, telle ne fut pas ma surprise que de découvrir Mathias.

- Oh, Mathias ? À ce que je vois, vous ne vous êtes toujours pas réconcilié avec Sarah ? Quel dommage...

Il hausse les épaules, s'en fichant éperdument et m'attrape le bras pour m'emmener vers un banc. Son air soucieux ne me dit rien qui vaille. Je préfère ne pas parler la première, pour ma propre sécurité.

- Tu en as parlé à Sarah ? me demande-t-il soudain.

Je tourne mon visage vers le sien, les sourcils levés, ne comprenant pas.

- Quoi ?

- Est-ce que tu as parlé à Sarah de ton état ? répète-il une nouvelle fois.

Je fais mine de ne pas comprendre, sachant que je suis sur un terrain plus que glissant.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, Mathias. Je me porte très bien si tu veux tout savoir. Je ne vois pas pour quelle raison ça n'irait pas ?

Il souffle d'agacement et porte son regard sur la cour. Moi, j'essaie de déterminer ses pensées en vain.

- Dis moi, Elsa. Tu sais que je suis ami avec Shawn ?

Je hoche la tête, ne voyant pas très bien où il veut en venir.

- Et tu es au courant que Shawn et Julian sont maintenant copains ?

Et là. Le choc. Je comprends d'un seul coup où il veut en venir. Mes yeux s'ouvrent en grands et je sers les poings dans le fond des poches de ma veste. Je sers la mâchoire mais ne dis toujours rien.

- Tu vois où je veux en venir ? Julien a parlé de la disparition de ton père à Shawn et celui-ci, sachant que je suis ton meilleur ami, me l'a dit. Nous savons tous les trois que tu es au bout du bout.

Il marque un léger temps de pause avant de reprendre, le regard dans le vague :

- Je te connais, Elsa... Je sais ce qui s'est passé, il y a presque deux ans. Je sais dans quel pétrin, dans quelle situation tu étais. Et je sais ce que tu t'es fait subir.

Mes yeux s'ouvrent un peu plus mais je ne me décide toujours pas à parler. Je sais qu'il est au courant de ma première dépression. C'est moi-même qui lui avait raconté, à cette époque j'étais bien naïve. Naïve de croire que certaines personnes pouvaient m'aider. Naïve de penser qu'on pouvait m'apporter du soutien. J'étais complètement perdue.

- Je veux que tu arrêtes de te faire du mal, reprend-il. Je sais que tu as replongé, que le cauchemar a recommencé de nouveau. Mais je ne supporte plus de te voir, le sourire aux lèvres, alors que tu es complètement ravagée de l'intérieur. C'est horrible de savoir tout ce qu'il se passe et ne rien pouvoir faire...

- Tu ne sais rien, Mathias. Rien du tout.

Je le toise du regard. Une mine de dégoût s'abat brutalement sur mon visage et je lui lance :

- Tu ne sais pas ce qu'il se passe. Vous ne savez rien de toute façon. Alors si mon état t'empêche de dormir, et bien, je te conseille de m'oublier. Tu ne seras pas le premier de toute façon, je ne t'en voudrai même pas, tu sais. Vous êtes tous les mêmes de toute façon. Pars, avant que je ne te détruise, toi aussi...

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Des retards encore et encore, je m'excuse sincèrement car je sais comme ça peut être vraiment agaçant pour vous 😔 j'espère malgré tout que l'histoire vous plaît toujours et merci pour les presque 6K vues et les 1,2K abonnés (je ne crois pas en avoir encore parlé ici) alors voilà, merci à vous 😘

Douleur Héroïque // MagconOù les histoires vivent. Découvrez maintenant