★ Chapitre 62 ★

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Je vois les yeux de Nash se fermer doucement lorsque je lui annonce cette idée de suicide. À vrai dire, elle me trotte dans la tête depuis longtemps. Je préfère simplement ne pas y penser.

- Elsa... Je ne te dirai jamais quoi faire dans la vie, tu es assez grande. Simplement, réfléchis avant d'agir. Réfléchis à ce que tu pourrais perdre et à ce que tu gagnerais à faire ça.

Il croise ses mains devant lui et plonge ses yeux dans les miens, la voix grave :

- Tu es très intelligente Elsa. Bien plus que tu ne le penses. Je pense que tu es capable de réfléchir avant de faire quelque chose que tu pourrais regretter et...

Mais un homme en uniforme vient nous interrompre durement.

- Nash, dois-je te rappeler que tu travailles ? Et draguer des jeunes filles ne fait pas parti de ton travail. Ce sera déduit de ta pause déjeuner. Maintenant retourne servir les clients.

Et il tourne les talons, sèchement. Nash se tourne alors vers moi en me lançant :

- Tous les soirs, à 17h15 au Coin. Compris ?

Je hoche la tête et repars finalement, sans avoir consommé. J'arrive rapidement au lycée et traverse le grand portail, où des dizaines d'élèves passent aussi. Mais le proviseur me remarque et se tourne directement vers moi :

- Bonjour Elsa. Je voulais t'informer que je souhaite te voir dans mon bureau à la pause de dix heures.

- C'est à quel sujet, Monsieur ?

- Tu le sauras bien assez tôt, ne t'inquiète pas.

Je hausse un sourcil, le regard sceptique. Je n'ajoute pourtant rien et me dirige vers Sarah.

- Il te voulait quoi ? m'interroge-t-elle, en le montrant nonchalamment du doigts.

- J'en sais rien, je dis en haussant les épaules. Il veut me voir à la pause.

- Bizarre...

- C'est ce que je me suis dit aussi.

Elle me pince alors la hanche en me lançant, le sourire aux lèvres.

- Tu sais pas qui m'a envoyé un message hier ?

- Comment je pourrais le savoir ? je dis en rigolant.

- Cameron Dallas !

Mon sourire retombe d'un coup. Elle le voit immédiatement et me questionne d'un simple regard.

- Cameron Dallas est venu te parler ? je répète. Et vous vous êtes dit quoi ?

- On a parlé de tout et de rien. Mais il voulait m'inviter à la soirée de Bastien, tu sais le meilleur ami de Théo.

- Qui est Théo ?

- Le pote d'un pote. Enfin... Du coup j'ai accepté et on y va ensemble.

À voir ma tête, elle se rapproche de moi et nous nous asseyons sur un banc libre.

- Pourquoi tu fais cette tête ? Tu devrais être contente nan ? Ta meilleure amie et ton pote qui se fréquentent !

- Il se fout de toi, Sarah.

Ses sourcils se froncent. La connaissant, elle doit se demander si je bluffes ou s'il se passe vraiment quelque chose qui lui échappe.

- Cameron est venu me trouver hier, dans notre résidence et m'a fait savoir qu'il était amoureux de moi. Il a dû mal prendre le râteau s'il est venu te voir juste après...

Elle hausse un sourcil avec un sourire sadique.

- Si ce n'est pas toi qui me l'avais dit, je ne l'aurai pas cru ma belle.

Puis elle s'adosse un peu plus dans le banc et regarde droit devant elle.

- Se foutre de ma gueule ? Il est sérieux ? Tu sais quoi... ?!

Elle se tourne à nouveau vers moi :

- La vengeance est un plat qui se mange froid !

- Congelé même !

Et on ajoute, en chœur :

- J'en connais un qui va manger surgelé !

On éclate de rire en même temps et décidons de mettre en place un plan intelligent pour couvrir de ridicule Cameron Dallas.

***

Mes deux heures de la matinée sont passées à allure normal mais le moment est venu pour moi d'aller rendre une petite visite au proviseur. Je me demande bien ce qu'il me veut.

Lorsque j'arrive et que je frappe à son bureau il m'ouvre directement en m'invitant à le suivre dans la salle de réunion principale. Je ne comprends rien du tout mais évite de poser des questions. Mais dès qu'il entrouvre la porte et que j'entrevois le visage de ma professeure d'histoire, je sens les problèmes arriver comme une tornade sur moi.

- Assieds-toi, je t'en prie, m'invite le chef d'établissement.

La tablée est composée de plusieurs de mes professeurs, de la psychologue du lycée, de l'infirmière, du proviseur et bien sur, de moi.

- Que se passe-t-il, je feins ne pas comprendre.

C'est la psychologue qui prend la parole :

- J'ai eu des retours comme quoi tu aurais des troubles psychologiques et alimentaires importants.

- Alimentaire ? je demande, un peu prise au dépourvue.

- Oui, alimentaire. Elsa, tu as perdu un poids considérable en quelques mois.

- J'ai le droit de me reprendre en main non ? De faire du sport et de manger sainement ?

L'infirmière croise alors les mains sur la table pour commencer à parler :

- Je suis une spécialiste en la matière et je peux te dire, Elsa, qu'on ne perd pas autant de poids et de centimètres en si peu de temps et...

- Mais qu'est ce que ma vie personnelle vient faire ici ? On ne fait pas toute une réunion simplement pour me parler de ma perte de poids, je suis désolée.

C'est à présent à ma professeure d'histoire d'aborder la question fatale :

- Nous savons que tu te mutiles les bras, et pas qu'un peu. Nous savons que tu n'es pas bien en ce moment. Nous aimerions savoir ce qui se passe !

Devant toutes ces personnes, je me sens complètement impuissante. J'ai les larmes aux yeux, le cœur au bord des lèvres. Je veux juste m'enfuir.

- Il ne se passe rien.

- Qui est au courant ? demande la psychologue.

- Personne puisqu'il n'y a rien.

- Elsa. Dis-nous ce qu'il se passe, tonne l'infirmière. Nous sommes là pour t'aider.

C'est trop, je craque. Je prends alors la décision de quitter ce conseil et de partir en courant et en pleure vers la sortie. J'entends des appels mais n'y fais pas attention.

« Les blessures sont faciles à ouvrir mais difficiles à fermer ».

Douleur Héroïque // MagconOù les histoires vivent. Découvrez maintenant