★ Chapitre 43 ★

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PDV Laura :

Ma conversation avec Julian m'a troublée. Je ne comprenais pas vraiment ses raisons pour m'encourager à aller parler à Elsa et, peut-être, me réconcilier avec elle.

J'ai préféré attendre aujourd'hui, le lendemain de la discussion. Je voulais être sûre de ce que je voulais lui dire. Je voulais réfléchir. Réfléchir si je souhaitais vraiment me réconcilier avec Elsa ou non. Mais j'avais beau trouver des arguments la réponse était évidente : oui. Oui, je veux que la complicité que j'avais avec Elsa revienne. C'est ma sœur et, selon Julian, elle a besoin de moi plus que de n'importe qui.

- Bon... Le moment est venu de lui parler..., je soupire en me levant du canapé.

Je jette un coup d'œil vers la fenêtre, regardant la pluie tomber. La neige de l'Ontario me manque mais malgré tout, je suis contente d'être retournée au bercail. Je vais enfin pouvoir fêter Noël en famille ! D'ailleurs, c'est demain, déjà... Le réveillon de Noël, c'est bien demain. J'ai vraiment espoir que Papa rentre pour l'occasion mais je doute fort. En plus, Julian est parti à l'autre bout du pays, à New-York, pour fêter Noël en famille. Pendant ce temps, nous, on a la famille qui vient avec des cousins qu'on connaît à peine. Les commérages vont défiler et Maman va vouloir qu'on reste à table jusqu'à la fin du repas... Soirée de merde, autant le dire.

Je souffle une dernière fois et monte à l'étage pour toquer à la porte de la chambre d'Elsa.

PDV Elsa :

Je viens tout juste de finir de me lisser les cheveux lorsque quelqu'un frappe à ma porte. Je crie un petit "Entrez !" en m'asseyant sur mon lit. Telle ne fut pas ma surprise que de découvrir une Laura anxieuse sur le pallier. Elle entre et referme aussitôt la porte derrière elle.

- Il faut qu'on se parle.

Voilà les premiers mots qui sont sortis de sa bouche. Je la regarde perplexe. Je ne suis pas vraiment d'humeur à supporter ce genre de conversation pourtant je sais qu'elle nous sera bien utile.

- Cette fameuse conversation..., je soupire en me levant pendant qu'elle s'assoit. Cette conversation, on aurait dû l'avoir il y a plus d'un an et demi ! Mais non, tu es partie du jour au lendemain. Parce qu'en plus de m'avoir pris mon petit copain, tu m'as laissée seule, sans plus personne !

- Tu avais Maman...

Je ris jaune d'un seul coup.

- Maman ? Tu n'es quand même pas sérieuse ?! Si ?! Parce que lorsque vous étiez en amoureux au Canada, je n'ai vu Maman que quatre fois. Alors si tu appelles ça de la compagnie, c'est qu'il te manque quelque chose. Seule Maddie était là pour moi...

Le simple fait de parler de cette année qui a été un enfer pour moi commence à me faire mal.
Je pose alors mes deux mains violemment sur mon bureau, dos à ma sœur, pour calmer les pulsions qui sont en train de m'envahir. Je sens Laura bouger derrière moi mais j'ignore ce qu'elle fait.

- Dis-moi Elsa... Raconte-moi ce qui s'est passé durant mon absence. Je veux dire... Pour toi. Qu'est-ce qui s'est passé pour toi ?

Je me retourne brutalement, renversant les quelques cahiers posés en vrac sur mon bureau.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu tiens vraiment à le savoir ? T'en as pas assez entendu lorsque je l'ai crié à Julian ?

- Oui, je veux le savoir. Je regrette de ne pas avoir été présente pour ma petite sœur lorsqu'elle avait le plus besoin de moi. Je m'en voudrais à vie ! Et je m'en fous de ce que tu as pu dire à Julian. Moi ce que je veux c'est la vraie version des choses... Ce que TU as vécu.

Elle a l'air sincère. Tellement sincère. Je suis en train de me battre avec moi-même pour savoir si je dois lui dire... Après tout c'est ma grande sœur. Mais aux vus de ce qu'elle m'a fait, je devrais la bannir de ma vie. D'un autre côté, il faut savoir pardonner, de plus c'est ma sœur. Elle me manque... Tellement !

- J'ai fait une violente dépression, je lâche d'un seul coup.

Elle ne dit rien m'incitant à continuer. Je m'assois sur le lit et elle se rapproche un peu plus de moi. J'hésite pendant une seconde avant de lui balancer :

- Après votre départ, je suis tombée en dépression pour diverses raisons. Je ne l'ai pas vu venir, en fait. Elle est arrivée si vite...

Des larmes s'échappent de mes yeux et Laura me les essuie.

- J'ai commencé à fumer, à boire et je passais mon temps en soirée. De toutes façons, je m'en fichais, Maman n'était pas là pour me surveiller. Personne n'était là. Je couchais avec les premiers venus, j'étais devenue colérique, incontrôlable. J'étais devenue une vraie terreur.

Je respire bruyamment avant de continuer :

- Selon la psychologue, je me serai enfermée dans mon mutisme et ma douleur, ce qui a amplifié la chose... Par la suite j'ai continué mes conneries mais en pire.

- Putain, mais qu'est-ce que tu as fait... ? panique ma sœur en plaquant une main sur sa bouche.

- J'ai arrêté de manger, je me faisais vomir et j'ai commencé à me tailler les bras. J'ai même fini par faire ça avec des couteaux.

Plus la conversation passe, moins j'ai mal. C'est vraiment bizarre. Il y a quelques minutes, je pleurais, là je suis impassible. J'en parle presque comme si je parlais de mon dernier Noël. Je suis soulagée, légère comme une plume.

« Euh... Non, me signale ma conscience. Tu es loin d'être légère comme une plume. Mets-toi bien ça dans la tête ! ».

Je ne trouve rien à redire. C'est vrai. Je suis grosse, moche, et je sers que de trous pour les mecs. Je me dégoûte putain !

« Tu viens enfin de le remarquer, bravo ! Je t'applaudis. Maintenant arrête tout de suite de raconter ton passé à celle qui n'en vaut pas la peine. Trouve une excuse, met fin à la conversation. Il ne faut pas qu'elle sache que tu vomisses. Moins de gens le savent mieux c'est ».

Je hoche doucement la tête. Elle a raison. Je n'ai besoin de personne.

Douleur Héroïque // MagconOù les histoires vivent. Découvrez maintenant