15 - Allyson

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Parmi les bruits de verres qui s'entrechoquent, dans une ambiance en ferveur, l'odeur d'alcool et de rires envahissent la salle. Je fends la foule qui fourmille devant la scène, en jouant des coudes afin de me frayer, non sans difficulté, un passage jusqu'à Margaux.

Apparemment, le groupe de Max a du succès.

Des colliers de perles, strass et paillettes et robes Empire s'étendent devant ma tenue plus que basique, que j'ai encore même après l'épreuve du temps et des saisons. Un jean droit, une blouse beige et un blazer de couleur marine.

Du bout des doigts, je tapote l'épaule de Margaux qui s'est agglutinée devant la scène avec une petite troupe de jeunes groupies excitées par des beaux mâles pendant l'entracte.

— C'est à cette heure-ci que tu arrives ?!

— J'étais bloquée derrière la foule ! Personne n'a voulu me laisser passer !

Elle me lance un regard assassin, sachant très bien que j'essaie de la duper derrière mon masque de bonne figure, cerné à souhait, que j'essaie d'entretenir depuis ce matin.

— OK, d'accord. Je viens tout juste d'arriver... Mais, j'ai une très bonne excuse ! précisé-je à la hâte en levant l'index.

— Laquelle tu vas encore me pondre ?

— Aldo ?

— Aldo, n'est pas une excuse valable !

— Le travail ?

— Menteuse... J'ai eu Audric au téléphone, tu as terminé ton shooting depuis plus de deux heures ! Il m'a dit que tu as assuré, grave ! Que ça avait été un réel plaisir de travailler avec toi !

— C'est ce qu'il a dit ? ! Vraiment ? !

Je m'étonne. Après avoir fondu en larmes pour notre premier shoot, cet homme est d'une compréhension à croquer.

— Ouais... Et il m'a aussi parlé de ton... État d'âme du jour, glisse-t-elle en douceur.

— Ah...

Démasquée Cendrillon.

Elle penche la tête sur le côté, et d'une main compatissante vient frotter avec tendresse la chair injectée de tristesse de mon épaule.

— Pourquoi tous les ans, tu me fais croire que tu ne t'en souviens pas ? Je suis là, tu sais, si tu veux en parler ?

— J'essaie de faire un peu de ménage pour retirer les poussières.

— Tu as pensé à nettoyer partout ?

Elle arque un sourcil déterminé dans ma direction.

Ma vie est une véritable embrouille sans énigme pour Margaux, et il suffit d'une parole pas si douce de sa part pour que la détermination, pour que mon âme sociale rejoigne cette ambiance de fête.

— Arrête, tu frôles la pitié. Tu ne sais pas ce que c'est que de sacrifier tout son temps afin de venir en aide aux plus démunis.

Pas sans toi... T Où les histoires vivent. Découvrez maintenant