Une sonnerie. Deux sonneries. Trois sonneries. Quatre sonneries. Et encore le répondeur.
— Oui, ma chère Margaux. Cela fait près de vingt minutes que je glande devant ce putain de portail, que je gueule comme une tarée, mais que personne ne m'entend mis à part les ces vieilles peaux de voisins qui me menacent de rameuter les flics. Alors, bougez votre cul pour venir m'ouvrir, putain de bordel de merde !
D'une voix mielleuse, j'essaie de couvrir mon ton agacé qui finit par me trahir en hurlant au bout du fil. Fais chier ! Après avoir passé une journée de merde, on enchaîne avec une soirée de merde !
— Et puis chiotte !
Résignée, je balance mon sac à main par-dessus le mur et lève la tête devant la grande muraille tout en pierre devant moi. Comment vais-je grimper, maintenant ?
— Le mur doit bien faire...
Je marmonne seule entre mes dents en tendant les bras au Ciel, mon corps étiré en entier et plaqué face contre mur pour atteindre l'arête de la paroi.
—... plus de 2 mètres. D'accord... Alors pour commencer, tu vas ôter tes jolis petits souliers, All, sinon Margaux va t'étriper si tu fais ne serait-ce qu'une égratignure sur ce vernis éclatant. Ensuite, tu te démerdes pour passer de l'autre côté, car si elle trouve ses Stilettos enfouies dans un ballot d'herbes, elle risque fort de t'arracher les yeux avec ses petits doigts manucurés.
Je me déchausse en vitesse et les fais passer par-dessus la clôture avec beaucoup de ménagement.
Mes mains s'agrippent au rebord, et mon pied droit qui commence à s'engourdir avec le froid, se cale sur une pierre apparente qui ressort légèrement du mur. J'escalade prudemment en posant le bout de mes orteils endormis sur chaque roche, quand une fois en haut, je laisse pendre mes jambes de part et d'autre du bloc de béton.
— Oh putain ! haleté-je. Il va falloir que tu te remettes au sport, ma vieille.
Dans le noir, je tente tant bien que mal de visualiser mon sac et les Stilettos, mais impossible dans tout ce feuillage et le peu de clarté que m'offre la lune. Autour de moi, mis à part la rue extrêmement calme d'un côté, de l'autre, je n'y vois que des arbres cachant la propriété de Styles, éclairés par les lampadaires.
Tout à coup, à quelques mètres de moi, des rires étouffés se font entendre derrière le portail qui s'ouvre peu à peu.
— Où est-elle ?
Margaux — sublime comme d'habitude — et Max, jettent un coup d'œil inquiet dans la rue.
— Par ici.
J'essaie de paraître calme, mais faire tout ce cirque juste pour aller à une soirée — alors qu'elle a commencé, il y a deux heures —, ça me prend déjà la tête. Margaux sursaute et se retourne alors que Max l'enlace avec tendresse, un bras autour de ses épaules dénudées. Peut-être pour la réchauffer ou par simple habitude, mais rien que ce geste, ça me file la nausée.
— Mais qu'est-ce que tu fiches perchée là-haut ?
— J'étais en train de cueillir des cerises. J'avais envie de manger un clafoutis.
Ma réplique ne fait qu'éclater de rire Max qui s'approche en me tendant une main amicale.
— Viens, All. Je vais t'aider à descendre.
— Où sont passés mes Stilettos ?
Margaux, les deux poings sur les hanches, a vite repéré que je n'avais pas aux pieds ses chaussures qui coûtent un tiers de mon salaire mensuel, et qu'elle m'a gentiment prêtées pour la soirée. Enfin, j'ai plutôt été me servir dans son placard.
VOUS LISEZ
Pas sans toi... T
RomanceAll, depuis la mort de ses parents, a abandonné ses rêves pour consacrer son temps aux indigents. Une vie quasi-inexistante, des moyens plus que précaires, elle préfère donner de son temps aux autres plutôt que de prendre soin d'elle. Jusqu'au jour...