Pas sans toi... T

20 - Margaux

Le Styles d'aujourd'hui est un rôle qu'il n'aurait jamais dû avoir, or, il n'a pas eu la force de rester solide sur ses jambes. C'est ainsi que fonctionnent deux sentiments absolument contraires : l'amour et la haine pour évoquer à l'esprit que la vie est tout simplement la clé évidente de la réalité.

Je tends ma veste trempée à Max en tirant une couverture du canapé pour la déposer sur son corps couvert de chair de poule. Mes genoux glissent sur le sol en marbre, et mes mains tremblantes se mettent à frotter ce cortège de muscles tendus par besoin de tranquillité d'esprit. Styles niche en douceur sa tête dans le creux de mon épaule en attrapant ma main glacée entre les siennes qu'il ne cesse de caresser pour la réchauffer.

— Je l'aime tant à en crever que ça me fait mal... Mais je ne veux plus souffrir, Margaux. Je ne veux plus me sentir égaré et connaître cette peur de perdre quelqu'un...

Comment faire confiance en la vie lorsqu'elle nous a privés d'un être cher ? De sa chaleur, de son amour, qui nous assaille tous les jours pour nous rappeler le manque que l'on ne peut combler ? La vision du futur devient un échec, et l'on manque de soin et de bon sens dans nos idées. On progresse vers l'erreur en perdant la foi et l'illusion qui découle de notre propre vie. On confond la réalité et le rêve, puis on s'en accommode. La chaleur humaine de son corps contre le mien fait ressurgir cette flamme de regrets qui ne s'est jamais éteinte. Une douleur intense, que je pensais, ne reviendrait jamais.

— Je vais te confier quelque chose...

Les grands yeux arrondis de Max me regardent, et je garde à l'esprit de ne pas trahir son secret.

— Il y a 5 ans, jour pour jour, j'ai reçu un coup de fil à l'autre bout de la planète d'une femme qui venait à peine de quitter l'adolescence pour vivre ce qu'elle rêvait d'être. Cette femme, c'était ma meilleure amie qui était en pleurs et complètement paumée.

Cette expression habituelle, ces yeux larmoyants de cet homme résolu que je reconnais me paralyse quelques instants, mais je poursuis malgré ce besoin d'entendre qu'il rendra sa vie originale et sans mensonges.

— Elle avait l'air tellement déstabilisée et esseulée, qu'elle m'a fait verser des larmes rien qu'au son de sa voix. Elle venait de perdre ses parents, son foyer... Et son amie..., lui raconté-je la voix engourdie par la tristesse. Je n'étais pas là pour la soutenir, pour l'aider à traverser cet horrible moment et je m'en veux. All n'est pas ce genre de fille qui baisse les bras avec facilité, Styles, mais il y a des événements dans ta vie qui font que tu ne peux pas poursuivre tes rêves. Ta Destinée te traîne en sens opposé sans que tu ne puisses faire quoi que ce soit, et c'est le cas de All.

— Alors pourquoi est-elle partie avec ce gars ? Je ne comprends pas...

— Je ne pense pas qu'elle puisse poursuivre sa nuit avec lui, autant sentimentalement que mentalement. Elle n'est pas comme ça. Tout à l'heure, quand elle est revenue du bar, tu as trouvé comme moi qu'elle avait cette expression bizarre sur le visage, mais c'est parce que... Parce qu'elle est dans une passe difficile au point de vue financier. Elle m'en a parlé quand tu es allé rejoindre ce type dans les toilettes.

— All est à la maison.

Max intervient en se levant de son siège, son téléphone à la main, et se joint à nous. Styles et moi, relevons la tête vers lui en parfaite coordination.

— Elle a essayé de t'appeler mais tu as dû laisser ton portable sur le siège de la voiture en te précipitant ici, ajoute-t-il en me regardant. Elle a un problème de... chauffage, alors, je lui ai proposé de passer la nuit chez nous.