— Oh mon Dieu ! Combien de fois j'ai rêvé d'avoir mon cul posé dans un fauteuil comme celui-là ?
— Je t'ai toujours dit de ne jamais lâcher prise. Tu vois que les efforts sont toujours récompensés ?
Margaux, la bouche entrouverte, se concentre pour appliquer minutieusement la dernière couche de mascara afin d'allonger mes cils.
— Les efforts ? Ce n'est pourtant pas ça qui m'a tué, ces derniers temps.
— Si. Tu as fait un effort utile pour t'en sortir, et ça, c'est d'une grande intelligence.
— Il ne faut pas être doté d'un grand esprit pour vouloir survivre. Même moi, en ayant hérité de peu de matière grise, je ne me laisserai jamais crever.
— Le principal, c'est que tu aies réussi et j'en suis très fière.
— Mais, ce n'est pas gagner. J'ai encore beaucoup d'effort à fournir.
— Et je serai là pour te soutenir, coûte que coûte. Tu peux compter sur moi.
Ses mains farfouillent dans les tiroirs coulissants de sa valise à roulettes, d'où déborde toutes sortent de tubes multicolores qu'elle pose en désordre sur une tablette.
— Merde, je n'ai pas pensé à récupérer ma crème dans l'autre mallette qui est restée dans ma voiture. Je reviens, je n'en ai pas pour longtemps.
En me levant pour aller activer la bouilloire afin de me préparer un thé, je resserre la ceinture de mon peignoir en soie autour de ma taille. Quelqu'un entre, je me retourne.
— Salut, tu dois être Allyson ?
Doté d'un jean brut, ses bretelles rouges tranchent avec le blanc éclatant de sa chemise. Sous son bon mètre quatre-vingt, ses cheveux blond foncé et sa petite barbe de trois jours, je vois bien qu'il est stressé, que les rouages carburent à toute vitesse.
— Effectivement. En quoi puis-je t'être utile ?
Il se met à arpenter la pièce de long en large, à enfoncer ses poings dans ses poches, à les retirer pour se frotter les mains l'une contre l'autre, qu'il commence déjà à me filer sérieusement le tournis.
— Je suis Gabriel. C'est avec moi que tu poses, aujourd'hui... Et... Et comme tu peux le voir, je suis un brin nerveux.
— Tu sais que ce n'est qu'un shooting ? On ne va pas... Passer à l'acte, détends-toi.
J'essaie de le rassurer, toutefois, j'ai clairement envie de me foutre de sa gueule, or, je garde le silence. Je ne vais pas abuser de son innocence pour le blesser.
— Je n'ai jamais, jamais, shooté avec une fille... Et en fait, tu m'impressionnes trop, lâche-t-il. Je suis un garçon timide à un très haut degré.
Il frotte nerveusement son visage dans ses mains, puis ses mains l'une contre l'autre à nouveau sans cesse, en continuant de faire les cent pas à travers la loge.
— Si ça peut te rassurer, je ne compte pas me transformer en grand méchant loup, je n'ai pas encore gouté de chair humaine... Allez, détends-toi, tu me fous les pétoches. On dirait un schizo à tourner en rond comme ça.
— Non, mais ce n'est pas une plaisanterie, Allyson.
Que veux-tu que je te dise ? Tu débarques dans ma loge en transe alors que je ne te connais même pas, et tu me supplies presque de te rassurer. Va falloir prendre sur toi tout comme je le fais, mon gars. Moi aussi, je flippe, même si je ne le montre pas.
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Pas sans toi... T
Storie d'amoreAll, depuis la mort de ses parents, a abandonné ses rêves pour consacrer son temps aux indigents. Une vie quasi-inexistante, des moyens plus que précaires, elle préfère donner de son temps aux autres plutôt que de prendre soin d'elle. Jusqu'au jour...