All, depuis la mort de ses parents, a abandonné ses rêves pour consacrer son temps aux indigents. Une vie quasi-inexistante, des moyens plus que précaires, elle préfère donner de son temps aux autres plutôt que de prendre soin d'elle. Jusqu'au jour...
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Il s'extirpe de ma main cramponnée à son bras et s'enfonce dans la foule.
— Ça t'amuse ?
Margaux s'extrait de l'étreinte de Max qui la serre tout contre lui d'un bras autour de la taille pour venir se placer à mes côtés.
— Ce mec n'est pas honnête, je ne le sens pas, dis-je en le regardant s'éloigner.
Son doigt manucuré tape et s'enfonce si fort dans mon épaule, que je suis certain que son ongle y a laissé une marque sur ma peau. Je me retourne en constatant ses sourcils plissés.
— On ne peut pas dire que tu as manqué ta vocation.
— Ouais, je sais, je n'y suis pas non plus.
— All n'a pas la tête à ça, ce soir. Elle traverse une période très difficile, ces derniers temps, alors fche-lui la paix, me notifie-t-elle.
— Tu penses que ce mec peut lui apporter du réconfort, peut-être ? Tout ce qu'il veut, c'est la baiser, grogné-je entre mes dents. Et personne ne touche à All, tu saisis ?
— Non, je ne comprends pas, justement. Une fois, tu agis pour ton propre intérêt. La fois suivante, tu la trouves charmante. Et celle d'après, elle n'est pas fréquentable. Pour quelle raison es-tu venu me demander des conseils ces derniers jours ? Qu'est-ce que c'était toutes ces questions personnelles à son sujet ?
— Par conviction.
— Conviction ?
— Ouais... Tu ne l'as peut-être pas remarqué, mais entre All et moi, il se passe quelque chose. C'est vague, mais c'est là...
— Tout ce que je comprends, c'est que vous êtes tous les deux, des...
— Mm, mm !
Margaux et moi dévisageons Max qui se racle la gorge en toute discrétion. D'un regard en biais lancé à travers la foule, il nous avertit de l'arrivée imminente d'All qui revient, la mine défaite.
— Voilà pourquoi je n'aime pas ce type. Regarde la tête qu'elle tire.
L'autre branleur, avec toute la politesse dont il sait faire preuve, passe devant All pour prendre place en premier. Il avance la bière de Max et la sienne en les faisant glisser sur la table, puis lance la discussion entre eux. All dépose mon double rye devant moi d'une main tremblante, sans même oser me regarder.
Que s'est-il passé durant ce quart d'heure ?
— Ils n'avaient plus de quoi faire un cosmo. Je n'ai pas osé te prendre autre chose.
Pour des meilleures amies qui connaissent tout l'une de l'autre, je trouve étrange leur échange en silence. Elles communiquent par un regard codé en ne prononçant aucunes paroles. Comme si elles essayaient de se décrypter.
