18 - Styles

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— Je te souhaite de passer une bonne soirée.

Elle fait demi-tour en me laissant seul, le corps fusant d'incompréhension. C'est quoi ce bordel ? Cette chose bizarre qui vient de se passer ? Elle a réussi à percer mon mur de fortification, à lever le voile sur des confidences jamais confessées, et elle se tire ? Je regarde son corps s'éloigner au milieu de la foule, m'arrachant aux troubles de sa peau brûlante, des souvenirs déjà plein la tête.

— Les femmes sont toutes aussi compliquées que la science.

— Qu'est-ce que tu fous là ? posé-je la question en reconnaissant la voix de Max qui se pointe dans mon dos.

— Il y avait un esprit surnaturel qui testait sur toi une nouvelle forme de reconnaissance lorsque je m'apprêtais à sortir. Ça m'avait l'air de tellement bien fonctionner que je n'ai pas voulu vous déranger.

C'est inévitable de revoir en mémoire les images en double des dernières minutes, partagé entre le plaisir et la méconnaissance.

— T'es resté enfermé dans les chiottes depuis tout ce temps ?

— C'est un nouveau concept de se faire jeter par les femmes ? demande-t-il en rejetant ma question.

— Je ne te laisserai pas avoir le dernier mot, Max !

Je m'éloigne, mes capacités humaines ayant une certaine limite. J'ai un art de penser qui m'est bien particulier, mais la révolte, c'est ce qui me caractérise depuis une époque récente.

— Parce que tu t'es fait rembarrer par une fille ?!

Je lui balance un fuck par-dessus mon épaule sans me retourner, et pars retrouver les autres à table. M'emparant de mon whisky, je le descends d'une traite en jetant un regard fumasse au rigolo toujours scotché à All. Qu'est-ce qu'il a de plus que moi ? Il ne paie pas de mine pourtant avec ses cheveux désordonnés et son air juvénile.

Je fixe un point invisible sur la table et me perds dans mes souvenirs intimes, les bons comme les mauvais. Cela fait des jours que je n'ai pas évoqué Paloma par la mémoire. Dois-je me considérer comme guéri ? Suis-je prêt à penser au futur ? L'imaginer, je suppose, m'amènera à aborder mes pensées de façon moins difficile, ou à ne plus du tout désirer son retour. À isoler de mon esprit qu'elle n'est d'autant plus là.

Je dégaine mon téléphone et envoie un message à All.

« Tu abandonnes ? Styles. »

Elle relève le nez de son portable et tourne la tête vers moi, surprise d'avoir son numéro dans mes contacts. Futé, je me le suis procuré sur celui de Margaux ce matin, le temps qu'elle avait le dos tourné alors qu'elle venait de terminer son appel et qu'il n'était pas encore verrouillé.

« Je frappe fort. J'anticipe pour ne pas tomber du nid. Tu te souviens... ? »

Les mains cachées sous la table à tapoter en toute discrétion l'écran tactile de son téléphone, elle n'ose croiser mon regard. Je cautionne sans crainte en lui balançant de temps en temps des coups d'œil à la dérobée, mon smartphone tenu d'une main à taper mon message.

« De redoutables paroles prononcées par un imbécile »

J'étais mal dans ma peau ce jour-. J'ai parlé sans réfléchir à la façon de me comporter, car ça me faisait chier d'être invisible à ses yeux. J'ai été lâche en la rendant responsable de ma douleur car on m'avait distribué un rôle d'enfant par des parents amants. Je ne peux pas jouer la comédie ni devenir le lecteur de ma propre vie presque 30 ans après. Je n'ai pas encore assez de courage pour affronter la réalité dans ma vie de paumé.

Pas sans toi... T Où les histoires vivent. Découvrez maintenant