L'odeur céleste pour contrer l'humidité ? Deux corps fondus en un seul dans une profonde étreinte. Une osmose naturelle, une complicité inexplicable, sans faux-semblant.
Blotti dans ses bras, jambes entremêlées, cette position m'a fait me sentir aimée, protégée que j'en suis déjà dépendante. Le comportement d'un couple très amoureux, inégal, mal assorti.
La mauvaise odeur persistante sur les draps de lit d'Adèle, m'a aussi permis de vider l'échantillon de parfum de Styles sur tous mes vêtements. Un arôme entêtant de cuir et d'animal de chez Labo.
Maintenant rafraîchis, plutôt imprégnés, mes pas se dirigent vers les intonations au bout du couloir.
Plusieurs jours après les faits, comment disculper ma conduite auprès de ma responsable ? Se faire prendre à embrasser le mécène sur son lieu de travail sans faire preuve de discrétion mérite-t-il un licenciement pour faute professionnelle ? Je ne vais pas tarder à le savoir.
— Agnès ?
Embarrassée, mes mains liées dans le dos à danser d'un pied à l'autre, la honte se fait un grand plaisir à tourmenter ma conscience. On peut dire qu'Agnès est cool, mais comme tout individu, il y a une mesure à ne pas dépasser. Nos éclats de rire, nos points communs ne font pas de nous des amies. Elle reste malgré tout, la capitaine de son navire, et je ne suis qu'un des membres de son équipage.
— As-tu deux minutes à m'accorder ?
Sans m'adresser un bref coup d'œil, les pupilles rivées sur son ordinateur, après avoir raccroché son téléphone, elle secoue la tête par l'affirmative sans pour autant la relever de son écran.
— Je voudrais m'excuser. Tu sais pour... Pour la dernière fois.
De toute évidence, ma patronne est bien plus intéressée par mon amnistie quand ses doigts arrêtent soudain de s'agiter sur le clavier. Elle quitte ses lunettes de vue à deux mains, les plies, verres en l'air sur son bureau.
— Tu es aussi une grande fan, apparemment. Et privilégiée, qui plus est.
Aussi ? C'est quoi ce délire ?
— Je ne comprends pas.
— Cela n'a aucune importance. J'accepte ta plaidoirie pour cette incartade, toutefois, que ce genre de comportement inadmissible ne se reproduise plus dans l'enceinte.
Ses doigts massent ses paupières avant d'enfiler derechef ses lunettes sur son nez. Mes deux mains à plat sur son bureau, mon regard plonge dans le sien.
— Que veux-tu laisser entendre, Agnès ?
— Que je tiens à chacun d'entre vous autant qu'à mes propres enfants, Allyson.
— Ce qui signifie ? Libère le fond de ta pensée. Tu n'as jamais mâché tes mots et as toujours été loyale envers nous, alors sois-le, à cet instant.
— Parcours le web, Allyson, tu y trouveras la réponse à ta question. Je te demande juste d'être très prudente au sujet de ce garçon pas très fréquentable. On ne voit pas très bien quand on a le nez collé au tableau. Recule un peu, et tu percevras.
Pas très fréquentable ? J'en avais déjà connaissance avant les prémices de notre relation dissymétrique. Mais là, tout de suite, j'essaie de comprendre l'origine de sa mise en garde contre l'homme dont je suis tombée amoureuse.
— Il a retiré son parrainage ?
— Non, cependant, il a osé se permettre d'écourter notre entretien en prétextant un rendez-vous d'affaires important après votre batifolage. Il a vite ratifié un chèque bancaire d'une somme colossale avant de prendre la fuite, puis m'a promis de revenir, tout en hurlant dans les couloirs que deux camions seraient livrés à domicile, mardi à 10 heures pétantes.

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Pas sans toi... T
RomanceAll, depuis la mort de ses parents, a abandonné ses rêves pour consacrer son temps aux indigents. Une vie quasi-inexistante, des moyens plus que précaires, elle préfère donner de son temps aux autres plutôt que de prendre soin d'elle. Jusqu'au jour...