Cloé

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Hier, la visite à l'hôpital s'est bien passée. Marie a discuté pendant près d'une heure avec Lara. Elles avaient encore tellement de choses à se raconter... J'ai du les décrocher puisque les visites se terminaient et que nous avions cours le lendemain. En sortant, nous avons croisé une étrange jeune femme au regard fuyant, la capuche rabattue sur sa tête. Nous n'y avons pas vraiment prêté attention.

Arrivées à la maison, ma soeur m'a parlé d'une fille de sa classe qui lui avait envoyé un message. Une certaine Tiffanie apparement, avec qui elle s'entend plutôt bien. Je lui confirmais que je lui avais donné son numéro. Puis Marie monta dans sa chambre et s'y enferma pour dormir.

Je restais un instant devant sa porte, ne sachant que faire. Je finis par aller me coucher moi aussi. Maintenant que je ne me souciais plus des problèmes de ma jumelle, les miens revenaient au galop. J'étais tentée de pleurer à nouveau, blottie sous ma couette. Mais Lucas ne méritait pas que je pleure pour lui. Et dire que j'avais cru à sa déclaration d'amour. Qu'est ce que je peux être conne bon sang !

Je m'endormis songeuse et prête à me venger.

Lorsque je me réveillais, Marie était assise sur le bord du lit et ricanait en m'observant. D'une voix encore endormie, je lui demandais avec impatience :

"Qu'est ce que tu veux ?"

Elle regarda le mur puis pouffa, évitant de croiser mon regard.

"Oh non rien du tout... T'étais adorable, à ronfler et à baver. Très glamour."

Je soupirais et lui lançais mon oreiller sur la tête. Elle me le renvoya en riant toujours et en me disant de me dépêcher. En m'habillant, je me fis la réflexion que ma jumelle n'avait pas du beaucoup dormir aujourd'hui. Étrange.

Je me rendis dans sa chambre pour lui refaire ses blessures, comme la veille. Lorsque j'eus fini, j'attrapais le pendentif d'un mouvement presque instinctif. Marie eut un mouvement de recul mais se détendit immédiatement après qu'elle ai vu le pendentif doré dans ma paume.

"Je pense qu'on devrait en faire un le matin et un le soir, pour en avoir toujours un au cas où il se passe quelque chose pendant la journée."

Je hochais la tête à ce que Marie disait puis fermais les yeux, concentrée. Quel voeu pourrais-je faire ? Je les rouvrais, une lueur maline dans le regard.

"Je voudrais que papa et maman gagne à la loterie aujourd'hui."

Marie sourit un instant puis, lorsque le sable se fut teinté en noir, elle rangea le pendentif sous son col. Lorsqu'elle croisa mon regard, je ne lus que de la détermination dans ses prunelles bleues. Et bien, Lucas n'avait qu'à bien se tenir ! Ma soeur avait l'air décidé à se venger aujourd'hui.

Dans le bus, je me mis à côté de Maily. Nous discutâmes de tout et de rien, et je la remerciais silencieusement de ne pas me parler de mon ex. Je ne lui ai d'ailleurs toujours pas dit que lui et moi, c'était terminé. Je pense qu'il a deviné, je n'ai pas répondu à tous ses messages, que ce soit SMS ou sur messenger.

Je redoute le moment où je serai faible devant lui. L'amour c'est quelque chose de stupide. C'est juste un prétexte pour devenir encore plus vulnérable. C'est tendre un couteau à la personne, en sachant qu'elle peut vous poignarder. C'est aimer tellement que vous avez l'impression que votre coeur va se décrocher et que vous allez mourir, la, maintenant, tout de suite.

L'amour c'est bête. C'est un conte pour enfants, on fait croire aux petites filles qu'un beau prince va venir à leur rescousse, mais c'est faux. On fait croire aux petits garçons qu'ils sont des chevaliers et qu'ils peuvent déplacer des montagnes, mais c'est faux. Maintenant, la princesse tue le dragon qui la retenait captive et va parcourir le monde. Maintenant, le chevalier joue de la guitare et ne déplace plus que l'air qu'il respire.

Je me rends compte que nous sommes arrivés, le bus vient de se garer devant le portail du lycée. Nous descendons tous, braves petits soldats, ordonnés et disciplinés. Maily râle parce que je ne me presse pas pour sortir, comme toujours. Elle va finir par s'habituer !

Dès que je suis sortie, le froid me happe. Je n'aurais pas du mettre un croc top rien que pour faire rager Lucas ! Avec mon nouveau ventre musclé en plus... Maintenant, je suis gelée. Et comme d'habitude, je fais la bise à des gens dont je ne sais rien, mais qui sont censés être mes amis. Je me déçois, à être si hypocrite. Puis je vois Lune, qui sort de sa voiture, enfin !

Je cours vers elle et lui saute dessus. Elle rigole et me serre dans ses bras. J'ai tellement besoin d'un câlin en ce moment... Je lui chuchote au coin de l'oreille :

- T'as manqué pleins de trucs hier. Faut que je te raconte ! Lucas est vraiment...

Elle hoche la tête. Le mot "connard" se forme sur ses lèvres et je hoche moi aussi la tête. On discute un peu des cours, puis elle me dit qu'elle a rendez-vous avec le prof de français et elle rajoute avant de partir, avec un clin d'oeil.

- Botte lui les fesses pour moi ma Cloé.

Youhou ! Une bonne journée qui commence. Aucun compliments, et embrouilles en vue. À part les gentilles remarques de ma soeur et Lune, cela fait bien longtemps que plus personne ne me complimente. Je me dépêche de trouver ma soeur au milieu des lycéens et lui dit de ne pas trop brusquer Lucas. Au contraire j'ai un plan...

Un voeu, un sourire.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant