Un voeu, un sourire.

Stafan

"Comment ça vous n'êtes pas fichu de me dire l'identité de toutes les personnes présentes ?!"

Je contemple avec rage les deux démons agenouillés devant moi. J'ai envie de les faire souffrir... Il faut que j'aille me défouler. Je ne peux pas torturer ces imbéciles devant Victoire, qui est adossé à un pilier non loin. Elle me scrute d'un air curieux, comme si elle tentait de lire dans mes pensées. Son regard me perturbe. Elle me rappelle bien trop sa mère, toujours à vouloir savoir ce que je pensais. Je fis apparaitre une flamme rouge, avec laquelle je joue un moment, avant de reporter mon attention sur mes sbires.

"Qu'est-ce que vous faites encore là ? Déguerpissez avant que je ne vous coupe la langue !"

Ils partent en courant, la queue entre les jambes. Victoire s'approche de moi, l'air... Inquiète ? Mais je ne veux pas lui parler. Je veux trouver le collier. Et malheureusement la jeune fille n'arrivera pas à me calmer.

Je me dirige donc d'un pas furibond vers mon bureau. Je sens Victoire qui hésite derrière moi, puis qui me suit comme mon ombre.

Lorsque j'arrive à mon bureau, je m'assois directement devant mon ordinateur. Regardez les morts de la semaine prochaine, ça me détend.

Soudain je repense à cette fille, qui semblait être dotée d'une gentillesse à toute épreuve et qui devait mourir d'ici peu... Comment s'appelait-elle déjà ?

Quelque chose comme Laure Mioch... Ah oui ça me revient, son nom c'est Lara Gamin.

Je la cherche donc mais mon ordinateur indique une erreur, personne non promise au décès.

C'est quoi ce souk ?

Pourquoi elle n'est plus dans ma liste ?

Je suis sûre qu'elle n'est pas ici, alors comment cela se fait-il ?

Les miracles n'existent pas. Ah moins que... Je fronce les sourcils puis jette un regard à Victoire, assise devant la télé. Elle regarde un de mes fils dans son quotidien, le regard nostalgique.

Soudain, cela fait "tilt" dans mon cerveau. Je m'approche de la jeune fille et lui prend la télécommande des mains, alors qu'elle se met à me traiter de tas de noms d'oiseaux. J'appuie sur quelques boutons puis l'image d'une jeune femme dans un lit d'hôpital apparait.

Victoire s'est tue et elle regarde la télévision en fronçant les sourcils. Puis elle pointe l'écran et ouvre la bouche, avant de la refermer aussitôt. Un grand sourire vient orner mes lèvres tandis que je lui demande :

- Tu la connais n'est ce pas ? Elle s'appelle bien Lara ?

Elle hoche la tête. Je viens de trouver la première pièce du puzzle Déonys, prend garde à toi et ton protégé...

Victoire me sort de mes pensées en murmurant :

"Elle... Elle était avec moi dans la voiture. Et puis il... Il y avait..."

Elle fronce les sourcils dans une intense concentration puis ses yeux s'illuminent.

"Il y avait une autre fille."

Je viens de trouver la seconde pièce du puzzle. Je dois me retenir de hurler de joie, alors je serre fort Victoire dans mes bras.

Elle rougit légèrement et lorsque je me rend compte de ce que je suis en train de faire, je m'écarte promptement. Depuis quand n'ai je pas caliné quelqu'un ?

Longtemps. Très longtemps.

Une éternité même.

Je sors de ma torpeur. J'ai un problème : je ne peux pas me rendre sur Terre, j'y suis déjà allé hier. Et puis, ça s'est très mal passé. Comme j'étais affaibli un médium m'a vu et je ne sais comment, Déonys s'est elle aussi aperçu de ma présence.

J'étais si vulnérable que même des humains normaux m'ont aperçu.

Cela me ferait presque peur, que mes pouvoirs diminuent ainsi. Mais Satan n'a jamais peur. Jamais.

Et puis j'ai du repartir avant que Déonys ne m'attrape et qu'elle m'interroge sur ma présence sur Terre. Elle a des méthodes pour savoir... Hum. Très convaincantes on va dire. Elle a juste à me regarder dans les yeux pour me donner envie de tout lui avouer. Mon coeur lui est toujours soumis, même après toute ces années. On ne lutte pas contre la fatalité.

Alors me voilà, tournant en rond dans mon bureau, cherchant une idée pour connaitre l'identité de la fille. La fille qui a le collier... Un frisson d'excitation me parcourt l'échine. J'ai hâte... Si hâte de la trouver et de pouvoir la déposséder de tous ses biens, juste par plaisir. Et la faire agoniser, devant Déonys... Rien que par instinct de vengeance...

Je vais convoquer Fauche. Elle pourra m'aider, elle qui sait tout sur tout sur la mort et la vie. Parfois je n'arrive pas à la cerner. Mais je n'ai pas peur d'elle, ça non ! Satan n'a peur de personne.

Déonys prend garde à toi, car lorsque j'aurais trouvé cette fille, je détruirai tout ce à quoi tu tiens, tout ce pour quoi tu as lutté. Je te ferais encore plus mal que ce que tu m'as fait.

Car la vengeance est un plat qui se mange froid...

Et elle est restée un peu trop longtemps enfermée dans mon coeur de glace.